Stop phytosanitaire

Dans le cimetière stop phyto

À l’époque des Trente Glorieuses, on a instauré le géranium glorieux. Pas un balcon, pas une façade à colombages, pas un mur de cimetière n’auraient su s’en passer. C’était le temps du phyto conquérant, où la sensation de modernité allait de pair avec l’usage d’engrais. La prise de conscience écologique a enrayé ce processus et l’on voit maintenant en Bretagne beaucoup de communes s’engager dans une démarche plus respectueuse de l’environnement.

Dans cette émission d’Archi à l’Ouest, Frédéric Lorenzon présente trois exemples formidables dans les Côtes d’Armor. Partons avec lui à Binic, à Saint-Juvat et à Plounévez-Quintin.


L’exemple le plus remarquable est Saint-Juvat, Ville fleurie labellisée Quatre fleurs depuis trente ans. Doit-on vous dire ce que ça représente comme autocars qui y convergeaient ? C’était encore la folie du tout-bagnole ! La commune a vite pris conscience du caractère dépassé du géranium enrichi et s’est lancé dans le vivace en même temps qu’au réaménagement du bourg confié à l’architecte Roch de Crevoisier. Le tandem élus-concepteur a travaillé de concert pour recréer une promenade autour de l’église, supprimer les trottoirs et planter les bas de mur après avoir cassé du bitume. La terre, à 10 cm sous l’enrobé absorbe mieux les eaux pluviales, souligne le maire Dominique Ramard. Cette gestion de l’eau a pris une tournure épatante avec le parking créé à l’entrée du bourg : les eaux pluviales de l’école y sont récupérées dans une fosse recouverte d’une plaque de granit, fontaine occasionnelle d’où l’eau émerge quand il pleut ! Le monument aux morts a été déplacé, un calvaire repositionné, des rampes aménagées à la place d’escaliers pour favoriser l’accessibilité aux personnes handicapées, des bordures de plantes créées pour éviter les garde-corps, bref, l’espace urbain a été transformé en douceur, en simplicité et en élégance.

À Plounévez-Quintin (entre Saint-Nicolas du Pelem et Rostrenen), la maire Gwenaëlle Trubuilt s’est inspirée de Saint-Juvat. Elle faisait partie de ces cinquante courageux maires décidés à interdire l’utilisation des pesticides à moins de 150 mètres des habitations (NDLR : souhaitons que son successeur Rémy Le Vot œuvre dans la même direction). Toujours dans un souci de santé et d’environnement, elle avait opté pour le zéro phyto du cimetière dont nous verrons l'exemple à Binic. Frédéric Lorenzon nous y emmène en compagnie de Didier Pidoux, paysagiste du CAUE 22, heureux de voir les fleurs pousser sur le maerl, faisant de ce lieu un paysage calme, accueillant. Une raison de plus d’aller se recueillir sur la tombe de Yoko Tani, actrice japonaise enterrée là, avec la curieuse inscription funéraire Avec vous toujours, en breton. Volontiers, mais sans phyto.

STOP PHYTOSANITAIRE

Archi à l'Ouest est le magazine d'architecture co-produit par TébéO et les CAUE des Côtes d’Armor, du Finistère et du Morbihan, présenté par Frédéric Lorenzon.

À PROPOS

Loi Labbé: objectif zéro phyto

vue du cimetiere

Le 22 juillet 2015, l’Assemblée Nationale adopte la loi de transition énergétique pour la croissance verte instaurée par le sénateur du Morbihan Joël Labbé. Celle-ci stipule que l’utilisation des produits phytosanitaires dans les espaces publics devient interdite à compter du 1er janvier 2017. Cette loi concerne l’État, les collectivités territoriales et les établissements publics pour l’entretien des espaces verts, des forêts, des promenades et des voieries. En bref, l’ensemble des espaces accessibles ou ouverts au public. Un arrêté datant du 15 janvier 2021 étend l’application du zéro phyto aux cimetières et aux terrains de sport à partir de juillet 2022. À cela s’ajoute l’interdiction de vente des produits phytosanitaires pour les particuliers mise en place depuis janvier 2019. Une avancée importante pour la protection de la biodiversité et de la santé de la population dans un pays comme la France, le premier consommateur européen de pesticides et le troisième mondial. L’interdiction reste partielle puisqu’elle ne s’applique pas aux produits autorisés en agriculture biologique, aux produits de bio-contrôle et aux produits à faible risque. Cependant, avant même l’application de cette loi, de nombreuses collectivités ont pris les devants en mettant en place des alternatives non chimiques et en valorisant l’agriculture biologique sur leur territoire. Depuis 2009 en Bretagne, les trophées Zéro Phyto récompensent les collectivités bretonnes qui n’utilisent plus de produits phytosanitaires pour l’entretien de leurs espaces verts. En 2021, 66 nouvelles communes bretonnes ont été reconnues zéro phyto. Au total, 38% du territoire breton est désormais engagé dans cette démarche. Un impact très positif dans une région où prédominent les eaux superficielles.

REVUE DU WEB

La guerre aux pesticides

RÉGION BRETAGNE >>> L’un des objectifs affichés de la Breizh COP est de tendre vers le zéro phyto en 2040. Pour l’atteindre, un groupe de travail dédié vient d’être mis en place. Parmi les initiatives en cours : une expérimentation de sortie de produits phytosanitaires de synthèse sur un ou plusieurs territoires pilotes.

LA GAZETTE >>> 523 communes ont décroché le label Terre saine et 577 le label Ecojardin accordés à celles qui n’utilisent plus de pesticides du tout. C’est le cas de Rennes, passée au zéro phyto depuis 2012. Cependant, trop peu de communes encore semblent avoir anticipé l’extension de l’interdiction aux cimetières en 2020.

ACTU ENVIRONNEMENT >>> Difficile de se plier à l’interdiction des phytosanitaires dans un lieu comme le cimetière où traditionnellement tout doit être très propre et entretenu avec rigueur. Il est conseillé de se réconcilier avec la nature en lui permettant de rentrer dans cette zone interdite et accepter que tout ne soit pas parfait.

BASTAMAG >>> En France, la loi Labbé interdit les pesticides de synthèse dans les espaces publics depuis 2017. Pour l’agriculture, l’interdiction est sans cesse repoussée. La sortie du glyphosate, suspecté d’être cancérigène, annoncée en 2017 a finalement été abandonnée. Le nouvel objectif est de diminuer de 50% son utilisation d’ici l’année prochaine.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    présentation et rédaction Frédéric Lorenzon
    réalisation Fabrice Loc’h
    mixage Vincent Tanneau

    diffusion Maxime Lever
    responsable d’antenne Koulm Lucas
    avec la participation des CAUE, Côtes d’Armor, du Finistère, du Morbihan

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