Méthodologie du sabotage

Nazis dans le train la bataille du rail

Les soldats de la Wehrmacht qui surveillent les voyageurs à bord de trains bondés. D’emblée, le film de René Clément nous ramène à ce que le système ferroviaire a permis de 40 à 45 : le tri et la déportation massive des indésirables.

De la maîtrise du chemin de fer dépend l’issue de la guerre et La bataille du rail raconte comment la Résistance française a enraillé la mécanique nazie. Véritable méthodologie de la clandestinité des cheminots saboteurs qui sont autant de grains de sables dans les rouages, le film idéalise une réalité qui fut moins glorieuse.
Tourné sur la ligne de Guingamp-Lannion et en gare de Saint-Brieuc, La bataille du rail est une fiction destinée à réconcilier le peuple français avec son image, de célébrer les vertus de la solidarité et du courage, du grand œuvre cinématographique qui se verra décerner la Palme d’or du premier Festival de Cannes en 46 avec à la mise en scène celui qui deviendra l’un des plus grands cinéastes de sa génération et à l’image Henri Alekan, le maître de la lumière qui, de La Belle et la Bête de Cocteau (1946) aux Ailes du désir de Wenders (1987), aura éclairé les plus beaux films en noir et blanc du 20e siècle.

FILM

LA BATAILLE DU RAIL

de René Clément (1946 - 82’)

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, dans une gare de province, Athos chef de gare et Camargue, son adjoint, organisent la résistance en aidant les juifs à fuir les zones occupées par les nazis. Ils sont à l’origine de sabotages afin de déjouer les opérations prévues par les Allemands tout en transmettant des informations précieuses au QG londonien. Ils se font appeler la Résistance-Fer. La bataille du rail est le premier film dédié à la gloire de la résistance ferroviaire. Il a reçu le premier prix du premier Festival de Cannes en 1946.

>>> un film produit par la Coopérative générale du cinéma français et distribué par LCJ Editions.

CONTEXTE

Le cinéma d'après-guerre

aiguilleur bataille du rail

En 1944, le cinéma français est en reconstruction. Il faut remplacer le matériel qui a été détruit pendant la guerre et procéder à l’épuration des professionnels qui ont collaboré au régime de Vichy. En octobre, des résistants créent le Comité de libération du cinéma français afin de relancer l’activité et forger une nouvelle identité nationale. Le cinéma d’après-guerre devient le vecteur d'un mythe : la France résistante. De 1944 à 1946, plus d’une vingtaine de films y seront consacrés, La bataille du rail en est emblématique.


Filmé en 1945, il a d’abord vu le jour sous la forme d’un court métrage avec pour titre Résistance de fer. Sous l’impulsion des producteurs, René Clément et Henri Alekan, le directeur photo, il est transformé un long métrage. Le film, tourné avec de vrais cheminots, montre leur sens du courage, de la solidarité et du sacrifice. Il reflète parfaitement l’état d’esprit dominant l’après-guerre. Le point de vue exposé par les cinéastes va changer lors de la Quatrième République. Les films abordent en sujet principal la vie des Français sous l’Occupation. Il n’est plus alors question d’une représentation idéaliste de la France résistante.

BIOGRAPHIE

René Clément

tournage cinema noir et blanc Rene Clement
©photo de la Cinémathèque de Bretagne.

Sur les traces de son père décorateur, René Clément entame des études d’architecture et réalise son premier film, un dessin animé intitulé César chez les Gaulois (1931). Puis, il se retrouve affecté au service cinématographique de l’armée et se fait une place dans le milieu du cinéma à travers le documentaire. Ceux du rail, son court métrage sorti en 1943 séduit le Comité de libération du cinéma qui lui confie la réalisation de sa version longue : La bataille du rail. Le film met en scène la résistance des Français pendant l’occupation allemande et reçoit, en 1946, le prix du jury au Festival de Cannes. En 1948, il réalise Au-delà des grilles, un film franco-italien qui sera lui aussi primé à Cannes et recevra l’Oscar du meilleur film étranger.


René Clément met son sens du réalisme au service de l’adaptation cinématographiques de livres. C’est le cas de Gervaise (1955) adapté du roman L’assommoir d’Émile Zola qui épouse les visées naturalistes de son auteur. Jeux interdits, mêlant poésie et réalisme est l’œuvre la plus populaire, mais aussi la plus dérangeante de René Clément. Le film décrit le monde de l’enfance plongé dans l’obscure réalité de la guerre. Il révèle Alain Delon dans Plein soleil (1960), Quelle joie de vivre (1961), Les félins (1964) ou encore Paris brûle-t-il ? (1966). René Clément joue sur tous les fronts en alternant surproductions et films plus intimistes.
Élu à l’Académie des beaux-arts en 1986, il décède dix ans plus tard, la veille de son 83e anniversaire.

REVUE DU WEB

Cheminots: résistants ou collabos ?

FRANCE CULTURE >>> La bataille du rail donne le sentiment que l’ensemble des cheminots se sont impliqués dans la Résistance. Ce qui semble bien loin de la réalité.

LE MONDE >>> Le documentaire de Catherine Berstein offre une lecture nuancée de l’implication des cheminots dans la Résistance. Il rappelle que certains d’entre eux ont collaboré activement à la déportation.

L'INTERVALLE >>> Retour sur le parcours du maître des lumières, Henri Alekan, le chef opérateur de films qui ont marqué l'histoire du cinéma.

COMMENTAIRES

  • 2 Juin 2021 11:01 - claude combes

    tres bien votre site

  • 24 Mai 2021 14:16 - Gerald Bouf

    Magnifique ...

  • 14 Mai 2021 23:29 - Campos

    Merci à KUB pour ce film et beaucoup d'autres petites merveilles, de Gast, à Sables...

  • 14 Mai 2021 16:56 - Roblin Claude

    Tres beau film

CRÉDITS

réalisation René Clément
photographie Henri Alekan
musique Yves Baudrier
montage Jacques Desagneaux

production Coopérative générale du cinéma français
distribution LCJ Editions

Artistes cités sur cette page

Rene clement photo bio credits

René Clément

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