Le social et l'intime

Dominique reflet miroir caméra - Grandir Dominique Cabrera

Rétrospective à la Cinémathèque française, parution de son livre L’intime et le politique, 2021 aura été l’année Cabrera. C’est donc un honneur pour KuB d’accueillir cette cinéaste avec sa master class donnée aux Rencontres de Mellionnec.

Cinéaste engagée dans le champ social, Dominique Cabrera filme le réel depuis plus de 40 ans, alternant documentaires et fictions, tout en pratiquant ce que l’on pourrait qualifier de journal intime. C’est de cela dont il s’agit ici, d’entrer dans la famille Cabrera, originaire d’Algérie et redéployée par la suite en France et aux États-Unis.

MASTERCLASS

Une journée avec Dominique Cabrera

par Ty Films

Voir des films c’est bien, mais les regarder avec un œil aiguisé, une vision éclairée et une connaissance du contexte de réalisation c’est encore mieux ! C’est pourquoi Ty films propose lors de ses Rencontres une série d’ateliers permettant d’approcher le cinéma documentaire par le prisme du regard de celles et ceux qui le pratiquent.

Certains cinéastes ont la grâce, on leur pardonne un certain laisser-aller. D’autres ont la méthode, on leur pardonne une certaine lourdeur. Ici rien à pardonner, tout à admirer. Ce sont les mots élogieux de Chris Marker qui, après avoir vu Une poste à La Courneuve en 1994, saluait l’émergence d’une jeune cinéaste engagée dans le champ social. Sans faire de leçon, s’illustrant au contraire par une admirable simplicité, le cinéma de Dominique Cabrera a bien cette justesse qui nous met au contact de la vie même. Qu’il s’agisse de ses documentaires tournés en Algérie puis en banlieues parisiennes, de ses films autobiographiques ou des récentes petites formes captées le smartphone au poing (Gilets jaunes, #NousToutes). Ty Films propose donc une Master Class avec Dominique Cabrera : l’occasion de mettre en lumière un art certain de s’engager dans le commun.

BIOGRAPHIE

Dominique Cabrera

master class cabrera

Dominique Cabrera est née en Algérie. Après des études de lettres et de cinéma (IDHEC), elle y retourne pour réaliser en 1991 son premier documentaire sur des Pieds-noirs devenus citoyens algériens : Rester là-bas en 1992. En 1993,Chronique d'une banlieue ordinaire, fait le portrait des habitants d'une tour du Val Fourré avant sa démolition et Une poste à la Courneuve, en 1994, évoque les rapports des agents du service public et des habitants de la cité des 4000. Tourné pendant toute l’année 1995, Demain et encore demain marque son passage vers des fictions d'inspiration documentaire et souvent peuplées d'interprètes issus du réel. En 1996, L'autre côté de la mer avec Claude Brasseur et Roschdy Zem explore les relations ambivalentes entre les Algériens et des Pieds-noirs d’aujourd’hui. Les grèves des cheminots de 1995 inspirent Nadia et les hippopotames avec Ariane Ascaride et Thierry Frémont.


Le lait de la tendresse humaine est un film choral autour du babyblues avec Maryline Canto et Patrick Bruel. Folle embellie en 2004, avec Miou-Miou et Jean-Pierre Léaud, est l’odyssée d'un groupe de patients échappés d'un hôpital psychiatrique en 1940. Quand la ville mord, adapté de la série noire de Marc Villard, est le portrait d’une artiste malienne interprétée par Aïssa Maïga, prise dans un réseau de prostitution, qui se libère de ses proxénètes. En 2012, Cabrera tourne Ça ne peut pas continuer comme ça ! co-production entre France 2 et la Comédie française, fiction politique inspirée par la crise de la dette avec Aurélien Recoing, Muriel Mayette, Denis Podalydès, Sylvia Bergé, Serge Bagdassarian. Elle réalise à l’été 2014 Corniche Kennedy, l’adaptation du roman de Maylis de Kérangal. Son essai autobiographique Grandir sort en 2013 et se voit multiprimé. En 2019, Dominique Cabrera réalise deux documentaires filmés à l’aide de son téléphone portable, en prise directe avec la réalité sociale et politique qui traverse la société : le mouvement des Gilets jaunes et la Marche contre les violences faites aux femmes.
Parallèlement à sa carrière de cinéaste, elle a enseigné à Harvard, à la Fémis et à la Sorbonne et joué au cinéma pour Marie-Claude Treilhou, Antony Cordier et Élise Girard.

REVUE DU WEB

Raconter l'intime et l'empathie

FRANCE INTER >>> Portraits, journaux familiaux, quêtes, explorations, comédies ou drames, Dominique Cabrera produit un cinéma dont la caméra s'engage à prendre en charge la part de l'humain dans les faits sociaux et politiques. Ce sont des rapprochements ou des distances qui se créent dans un bureau de poste de banlieue, à la Courneuve par exemple, quand il s'agit de dévoiler un peu de sa pauvreté. Ou bien cette mère célibataire, à la recherche du père de son enfant au milieu des cheminots en grève de 1995, ou encore le portrait d'une jeune mère paniquée au moment d'une dépression post-partum dramatique

CULTUROPOING >>> Corniche Kennedy est une chronique adolescente âpre et lumineuse, fixant des vertiges entre ciel et mer. Sur la corniche, une bande de jeunes des quartiers populaires brave lois et dangers pour le frisson du plongeon. Depuis sa maison cossue, Suzanne observe les exploits de Marco, Mehdi, Franck, Mélissa, Hamza, Mamaa et Julie. Envieuse et rêveuse, elle cherche à franchir les barrières sociales et à intégrer le groupe.

FACTUEL >>> Quand on lui demande depuis quand elle filme, Dominique Cabrera répond d’abord par une boutade : Depuis toujours il me semble, d’abord sans caméra puis avec… Oui mais, quand a eu lieu le déclic, l’idée de prendre une première fois une caméra ? Pour moi, il n’y a pas eu de déclic. Le désir et l’admiration pour un être, un paysage, une situation, des mots, la volonté de maintenir un instant en vie peut-être. Je me souviens d’un jour où très petite j’ai été comme submergée par un paysage. Je me souviens d’une promesse faite à moi-même : ne pas oublier ce moment. Je m’en souviens toujours. Toujours, maître mot du cinéma peut-être, avec vivant.

FRANCE CULTURE >>> Au micro d'Arnaud Laporte, la réalisatrice et documentariste Dominique Cabrera revient sur les étapes marquantes de son parcours et les influences qui composent son imaginaire de cinéaste, à l'occasion de la parution de l'ouvrage Dominique Cabrera. L'intime et le politique et d'une rétrospective consacrée à son œuvre documentaire à la Bibliothèque publique d'information en 2021.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    réalisation Dominique Cabrera

    image Dominique Cabrera, Diane Baratier, Victor Sicard, Cyril Machenaud

    montage Marc Daquin, Isodore Bethel, John Hulsey

    coproduction Inthemood, Ad Libitum

    avec le soutien du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis, le Film Study Center à Harbard, Langedoc Rousillon Cinéma, l’ACID

    Artistes cités sur cette page

    Portrait Dominique Cabrera ©Lea Rener

    Dominique Cabrera

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