12 photographies au crible

Image petite fille - La face cachée de l'image

La face cachée de l’image est une toute nouvelle collection conçue par KuB avec le musée de Bretagne, une série de vidéos qui montrent et décryptent des photographies issues de son imposant fonds photographique.

Chacune de ces douze photographies recèle un lot d’informations sur leur sujet, mais aussi sur les techniques de fixation des images sur du verre, du celluloïd... et sur le style de leurs auteurs. Née avec la Révolution industrielle, la photographie est le condensé d’une époque qui opère de profondes transformations sociales, techniques, paysagères… Elles ont une valeur documentaire que des historiennes de l’art, conservatrices ou collectionneurs nous permettent ici de saisir, au fil d’un décorticage qui nous fait voir leur face cachée.

Une page KuB en co-édition avec Les Champs Libres et le musée de Bretagne

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FOCUS

LE TRAVAIL MIS EN SCÈNE

Le musée de Bretagne conserve au sein de ses fonds photographiques de nombreuses scènes de travail, pour beaucoup encore inexploitées mais découvertes ou redécouvertes au gré des chantiers en cours. Des nombreux clichés anonymes du tout début du XXe siècle aux productions des Créations artistiques Heurtier dans la seconde moitié du siècle, ce sont des Bretonnes et des Bretons au travail que nous donnent à voir ces images, travail rural mais aussi travail industriel et urbain, pris sur le vif, lors d’événements importants ou résultant de commandes spécifiques, parfois des employeurs eux-mêmes.


Ces nombreuses scènes constituent des témoignages précieux des pratiques, des gestes, et surtout des conditions de travail des habitants du territoire à différentes périodes. Au musée, la thématique a pu être enrichie par des collectes de vêtements de travail montrés par exemple dans l’exposition Quand l’habit fait le moine en 2014.

FOCUS

LA RUE, REFLET D’UNE ÉPOQUE

La photographie urbaine est un témoignage, à un moment donné, de la vie quotidienne, de l’activité humaine et industrielle qui se développe dans les villes. Ces photographies nous apprennent beaucoup sur la topographie d'une ville, l'agencement des rues, les moyens de transports, les logements, les manières de se vêtir, les commerces et les activités… Les photographes, en immortalisant le quotidien des citadins, participent à documenter les transformations visibles depuis la Révolution industrielle.

FOCUS

LA VILLE À LA FIN DU XIXe SIÈCLE

Les premières photographies de paysages, notamment urbains, sont influencées par la peinture et la gravure. En effet, de nombreux photographes, comme Gustave Le Gray, étaient également peintres. L'ambition était de reproduire les tableaux des grands peintres paysagistes, s'inspirant des cadrages et de la lumière des maîtres, comme le fit Jules Duclos.
Les temps d'exposition, plutôt longs dans les débuts de la photographie, favorisent le choix de sujets statiques, alors même que l'on peut imaginer l'intense activité qui devait régner sur le port de Brest ou de Saint-Malo. Ces photographies témoignent également de la multiplication des chantiers de travaux publics – installation de lignes de chemins de fer, de viaducs, de phares – qui refaçonnent le paysage urbain.

FOCUS

LE CARNAVAL

Le carnaval est le moment festif par excellence. Dans le calendrier chrétien, il précède l’entrée dans la période de carême, qui comprend 40 jours de privation. Ces jours de fête sont donc synonymes d’excès : on profite avant de faire abstinence. Le carnaval est aussi un rite de passage entre le sommeil de la nature pendant l’hiver et le réveil attendu au printemps. C’est également un espace d’expression propice à la critique sociale et politique. Avec le temps, si les pouvoirs ont d’abord tenté d’interdire la transgression, ils en ont finalement compris le rôle d’exutoire bénéfique à la vie en société.


Permettre à chacun de critiquer ouvertement le pouvoir en place pendant quelques jours freine les contestations plus sérieuses. La jeunesse est un acteur principal de la fête. Dès le Moyen Âge, les nouvelles sociétés d’écoliers alimentent de leurs coutumes le carnaval. Une tradition s’instaure puis se régénère dans les villes universitaires, comme à Rennes dès la fin du XIXe siècle.

FOCUS

L’ENFANCE

Cette photographie, prise à la fin de la Seconde Guerre mondiale, fait partie du fonds photographique de l’association Save the childrens (STC), acquis par le musée de Bretagne en 2017. Ce fonds est essentiellement composé de photographies prises par Ghislaine de Ficquelmont, une photographe française qui travaillait pour la branche américaine de l’association STC. Dans ce cadre, elle a ainsi réalisé de nombreux clichés en Bretagne, mais aussi en région parisienne, dans le nord de la France, en Algérie ou encore au Vietnam.
En cadrant spécifiquement sur cette petite fille, seule parmi les autres, avec des habits élimés et l’air boudeur, Ghislaine de Ficquelmont a probablement voulu susciter l’émotion du public.

LES PHOTOGRAPHES

Gustave Le Gray

Gustave Le Gray est un photographe français né en 1820 et décédé en 1884 au Caire. Il est l’auteur de la première photographie officielle de Louis-Napoléon Bonaparte et introduit en France l’utilisation des plaques au collodion humide, qui permettent de réduire le temps d’exposition. Il étudie tout d’abord la peinture à l’École des beaux-arts de Paris, puis se tourne vers la photographie et devient le photographe officiel de la famille impériale durant les années 1850. L’année suivante, il crée la Société héliographique et est nommé avec cinq autres photographes par la commission des Monuments historiques pour réaliser une grande mission de recensement photographique sur tout le territoire.


Réputé pour ses portraits, il réalise également de très belles marines, sur les côtes normandes et bretonnes. En 1860, l’écrivain Alexandre Dumas l’invite à le rejoindre dans son voyage en Orient mais, après Palerme et la Sicile, le chemin des deux hommes se sépare. Gustave Le Gray devient alors reporter de guerre pour Le Monde illustré, puis s’installe au Caire en 1864, où il continue à photographier et à donner des cours de dessin mais son travail est peu à peu oublié en Europe. Cependant, il est aujourd’hui un des photographes du XIXe siècle les plus cotés.

Jules Duclos

Jules Duclos est un photographe français né au Havre en 1824. Il se marie au début des années 1850 à Paris et s’installe ensuite à Lorient, puis à Quimper une dizaine d’années plus tard avec son beau-père, lui aussi photographe. Outre son activité dans son atelier, il réalise de nombreuses commandes du service des Ponts et Chaussées afin de photographier des chantiers en cours ou achevés et se spécialise dans les photographies de phares. Il décède à Quimper en 1879, à l’âge de 54 ans. Le musée de Bretagne conserve aujourd’hui une partie de son fonds photographique.

Bernard Heurtier

Bernard Heurtier est un photographe amateur né en 1930 en Ille-et-Vilaine. Comptable de profession, il se passionne néanmoins pour la photographie et l’aviation et crée ainsi en 1961 la société Créations artistiques Heurtier, à Rennes. L’atelier se spécialise dans la photographie industrielle, aérienne, de décoration et publicitaire. Les six photographes de l'atelier Heurtier ont réalisé plus de 25 000 négatifs en 30 ans, à travers tout le grand ouest. Sans prétention artistique, ils ont ainsi été les témoins des bouleversements socio-économiques de la France des années 1970 et 1980, avec le développement des secteurs tertiaire et de l’industrie notamment. Le fonds est aujourd’hui conservé au musée de Bretagne.

Raphaël Binet

Raphaël Binet est un photographe français, né en 1880 dans la Sarthe, dans une famille de photographes. Il intègre les beaux-arts de Rouen en 1895, puis reprend le studio de son père et quitte finalement la ville en 1901 pour ouvrir son studio photo à Orbec, dans le Calvados. Parallèlement à son activité de photographe, il donne des cours de mandoline et monte des spectacles dans lesquels il réalise des modelages minute et des dessins express. En 1913, il part s’installer à Saint-Brieuc. Il y ouvre un atelier photographique plutôt spécialisé dans les portraits en pied et l’édition de cartes postales, puis crée deux succursales à Lamballe et Plouha. En 1921, il fonde la revue illustrée La Bretagne touristique avec le journaliste Octave-Louis Aubert.


Ils y font la promotion touristique de la Bretagne, et sont un relais des mouvements régionalistes et artistiques du temps, tel que les Ar Seiz Breur. Raphaël Binet est d’ailleurs principalement connu pour ses photographies de la culture bretonne, qu’il commence au début des années 1930 avec la publication de l’ouvrage Autour des pardons.
Il déménage à Rennes en 1936, pour y fonder un nouvel atelier. Il s’agit d’un atelier/galerie, où il organise des expositions de son travail ou d’artistes bretons, mais également des conférences et des concerts. Jusqu’à la fin de sa vie, en 1961, il continue de réaliser des portraits, des cartes postales et à photographier les sorties d’église et les mariages. À sa mort, le Studio Binet est repris par sa fille, Denyse, puis fermé définitivement en 1984.

Ernest Mésière

Ernest Mésière est un photographe français, né en 1862 à Caen. D’abord employé de bureau à Tancarville, il part étudier la photographie à Paris en 1891. Il y exerce pendant dix ans le métier de photographe itinérant, puis ouvre son propre studio en 1903 à Saint-Junien. Il déménage ensuite à Limoges, où il continue de réaliser des portraits, mais se déplace également dans les casernes, les usines ou les établissements scolaires pour réaliser des photos de groupe. Au début des années 1910, il retourne s’installer à Paris où il se spécialise dans la photo industrielle dans son atelier boulevard Picpus. Il décède en 1935.

Paul Gruyer

Paul Gruyer est un écrivain, traducteur, photographe, historien et critique d’art français né en 1868 à Paris. Ses premières photographies sont publiées en 1899 dans la revue Le Tour du monde afin d’illustrer son texte Ouessant, Enez Heussa – L’île de l’épouvante, écrit lors de son voyage sur l’île l’année précédente. En 1900, il débute un nouveau voyage photographique à travers la Bretagne, accompagné de l’écrivain Gustave Geffroy. Durant trois ans, il photographie les villages bretons, son patrimoine artistique et culturel, et rapporte de manière très détaillée leur voyage dans Le Tour du monde.


En 1911, il publie Bains de mer de Bretagne, du mont Saint-Michel à Saint-Nazaire, où il réutilise certaines images prises au début des années 1900. En 1914, il s’installe à Perros-Guirec pour soigner sa tuberculose pulmonaire, puis part deux ans plus tard à Marly-le-roi, dans les Yvelines. Il reste néanmoins très attaché à la Bretagne et à son patrimoine, comme en témoigne la publication de son livre Un mois en Bretagne, en 1925. Paul Gruyer s’éteint en 1930 mais reste un pionnier de la photographie d’ouvrage et un grand vulgarisateur de la culture bretonne.

Léon Rosse

Léon Rosse est un photographe français né à Saint-Malo en 1847. Il est formé par son père à la peinture et à la photographie. Il signe ses premières photographies au début des années 1870, avec des vues de Paris en ruine. Il se marie une première fois en 1872 à Saint-Malo, puis se remarie à Dinan en 1877. Vers 1880, il part s’installer à Tarbes comme photographe, puis en 1891 il ouvre un atelier photographique à Nice.


En parallèle de son activité de photographe, il acquiert en 1892 le l'hôtel Royal de Lourdes, à proximité de la basilique et de la grotte de Betharram qu’il achète au début des années 1900. Il aménage et éclaire les grottes avec son fils puis les ouvre au public en 1903. Dès lors, il se consacre à son hôtel et à l’activité touristique engendré par les grottes. Il décède en 1933, à l’âge de 86 ans.

Ghislaine de Ficquelmont

Ghislaine de Ficquelmont est une photographe française née en 1911. Elle a réalisé de nombreux dossiers photographiques pour l’association Save the children, en Bretagne mais également en région parisienne, dans le nord de la France, au Maghreb et au Vietnam. Elle a ainsi beaucoup photographié les enfants et les familles déplacées par la guerre, à la fin de la Seconde Guerre mondiale en France, ou lors de la guerre d’Algérie puis du Vietnam. Elle décède en 1991. Issue d’une vieille famille noble, elle est la dernière à porter ce patronyme.

Jean-Baptiste Fougère

Jean-Baptiste Fougère est un photographe français né en 1833 à Champrenault. Il commence sa carrière en tant qu’employé de chemin de fer puis comme agent voyer, d’abord à Landivisiau puis à Morlaix. En 1887, il devient photographe pour un studio morlaisien. Il réalise alors de nombreux clichés de la Bretagne et de ses monuments, et reçoit la médaille de bronze à l’exposition internationale de Toulouse en 1887, puis à celle de Barcelone l’année suivante. Il est fait chevalier de San José del Tajo par la reine d’Espagne, afin de récompenser son travail. Il obtient également la médaille d’or à l’exposition industrielle et commerciale de Moncontour en 1893. Il décède à Morlaix en 1898.

COMMENTAIRES

  • 31 Mai 2023 10:01 - CHOQUER Luc

    Bien envie d'aller voir cette exposition ...
    Luc

CRÉDITS

avec Nathalie Boulouch, Sophie Chumura, Gwenola Furic, Serge Kakou, Fabienne Martin-Adam, Laurence Prod'homme, Manon Six

réalisation et montage Serge Steyer

son et post-production Kilian Jarno

coproduction KuB et Les Champs-libres

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