Les 30 ans de l'Ubu

UBURAMA
UBURAMA
Épisodes 1 et 2
Épisodes 3 et 4
Épisodes 5 et 6
Épisode 7
Souvenirs de spectateurs
Souvenirs de spectateurs
Un soir à l'Ubu, j'ai vu, entendu... l'atmosphère était... cette fille, là, on n'en est pas revenus...
En marge de la série, KuB propose un bouquet de souvenirs de spectateurs.
Avec Jean-Claude Herry, Mr Bing, Thibaut Boulais, Stéphane Davet, Laurent Thessier, Cédric Bouchu et Stéphane Rageot.
Ubu, salle mythique
Ubu, salle mythique




par Fabrice Dugast
L’Ubu devient une salle de concert en 1987 après avoir été la garderie du théâtre auquel elle est adossée. Elle s’affirme rapidement comme une scène incontournable de découverte des musiques actuelles. Dès les premières saisons, l’Ubu fait parler d’elle en accueillant régulièrement les premiers concerts en France de nombreux artistes, participant ainsi à leur envol national ou international. La playlist est impressionnante : Lenny Kravitz, Portishead, Manu le Malin, My Bloody Valentine, Mr Scruff, Daft Punk, Franz Ferdinand, Jungle, No Zu, Noir Désir, FFF, Blur, Katerine, IAM,
Mogwai, Justice, Gesaffelstein etc. ont été détectés par les programmateurs de l’Ubu dès les débuts de leurs carrières. La programmation éclectique de cette salle reflète ainsi, depuis 30 ans, l’évolution du paysage des musiques amplifiées en présentant aussi bien les talents émergeants que des artistes mythiques du patrimoine, en explorant le futur, mais aussi ses racines.
La réputation de la salle a bien sûr bénéficié de la forte image et des réseaux de l’équipe de programmation que l’on retrouve aux manettes d’un festival dont la notoriété dépasse les frontières hexagonales : les Trans Musicales de Rennes.
L’originalité du lieu a aussi joué en sa faveur, avec une configuration en colimaçon et sa petite taille qui induit une véritable proximité entre les musiciens et le public et favorise les échanges, dans l’esprit des clubs anglais des années 60.
Aujourd’hui si l’Ubu conserve son utilité première et permet toujours à des artistes de faire leurs premiers pas sur une scène qui fera date dans leur carrière ou d’y être accueillis pour tenter de convaincre l’inoxydable Jean-Louis Brossard de les programmer aux Trans Musicales, la salle est désormais ouverte au public lors des journées du patrimoine ! L’Ubu récupérée ? Aurait-on poussé l’intégration de cette salle dans la cité au point d’avoir tué l’esprit rock qui la caractérisait dans les années 90 ?
L’histoire que nous racontons revient sur une période significative de la vie culturelle française, celle de l’institutionnalisation progressive de la culture rock et l’émergence des SMAc, Scènes de Musiques Actuelles, qui ont fleuri un peu partout.
Au début des années 80, les lieux de concerts réservés au rock sont rares en dehors de Paris. On manque d’infrastructures, de lieux d’enregistrement, de locaux de répétition et de moyens de communication. La politique culturelle n’a pas encore pris en compte cette sous-culture à laquelle adhère pourtant un large public jeune, peut-être considéré comme immature, inculte, voire rebelle.
L’arrivée en 1981 de Jack Lang au Ministère de la Culture va faire évoluer les choses. Le ministre « branché » capte les attentes qui s’expriment par ailleurs dans des journaux comme Actuel et Libération. Il initie un vaste programme de décentralisation et d’institutionnalisation des lieux consacrés « rock et chanson » et à son accompagnement artistique. Le contexte à Rennes est alors particulier : plusieurs artistes locaux et le festival des Trans Musicales ont attiré l’attention du public et des médias, lui conférant le titre de « capitale française du rock ».
L’Ubu entre au Patrimoine
L’Ubu entre au Patrimoine

Depuis 2014, l’Ubu ouvre ses portes lors des Journées du Patrimoine. L’Ubu perd-il son âme en s’institutionnalisant ? En vendant des soirées privées ?
Béatrice Macé et Jean-Louis Brossard défendent leur stratégie : l’objectif fondamental de la salle reste le même, celui de faire découvrir au public des musiques encore peu connues et donc peu commerciales. Il ne s’agit plus de défendre une « sous-culture » démunie mais d’assurer une diversité de propositions dans un système qui tend à privilégier une consommation culturelle de masse.
Les Journées du Patrimoine sont l’occasion de se faire connaître, car l’Ubu doit continuer à se battre pour assurer son audience.
Les bénéfices des soirées privées sont au service de la programmation exigeante, mais aussi des missions artistiques et culturelles.
Pour la première fois en 2017, l’Ubu rétablit le contact avec sa maison mère devenue entre-temps le Théâtre National de Bretagne. Les Trans peuvent en effet programmer des concerts dans les prestigieuses salles du TNB, l’opportunité d’organiser des concerts plus coûteux et d’élargir son public. Le TNB programmera d’ailleurs de son côté certains évènements musicaux à l’Ubu.
Autre apparition, celle d’une jeune association, I’m from Rennes qui parvient à organiser avec succès de nombreux concerts aux quatre coins de la ville. Le public rassemblé autour des réseaux sociaux semble moins fidèle à une salle qu’à la programmation d’un collectif qui lui fait découvrir des « expériences » dans différents lieux et tient compte des retours d’expérience. Deux générations se confrontent autour de ces droits culturels du citoyen, plus difficiles à appréhender pour Jean-Louis Brossard, qui se fie à son instinct, que pour I’m from Rennes au fonctionnement plus participatif. Le défi actuel est de toucher la génération des écrans, qui tend à consommer des concerts en ligne et faire ses emplettes sur les sites de streaming musical. Il faut donc plus que jamais valoriser le spectacle vivant et permettre aux jeunes l’accès à la salle. L’Ubu organise donc des concerts destinés aux enfants et des actions avec les écoles qui dévoilent les coulisses de la scène. Dans l’ancienne garderie, les enfants font aujourd’hui leurs premières expériences de concert. On prépare l’avenir...
FABRICE DUGAST
FABRICE DUGAST

Parallèlement à son activité de musicien noctambule, Fabrice fait ses études entre Rennes et Brest, toujours axées sur l’image, la réalisation et les nouvelles technologies. Il utilise ainsi la 3D dans ses réalisations dès 1987. Il part ensuite en coopération en Allemagne, à Sarrebruck, pour diriger la cellule audiovisuelle de l’Institut Français.
Il s’installe ensuite à Paris, où il intègre l’unité Thema d’Arte. Les années suivantes, il réalise plusieurs habillages et documentaires pour France Télévisions et Arte, jusqu’en 2000 où il crée la société Trois Fois Plus. Là, jusqu’en 2016, il produit et réalise Court-circuit, le magazine du court métrage pour Arte, réalise le documentaire La Paix à Tricycle et des applications interactives.
De 2012 à 2015, avec Kinofabrik il propose à un public amateur - enfants et adultes - un ensemble d’activités
qui permettent de découvrir et expérimenter l’univers de l’image par image.
En 2017, il change de vie pour se recentrer sur l’écriture et la réalisation, s’installe en Bretagne et crée une nouvelle structure, KinoLabo, destinée à développer et accompagner des projets innovants.
Depuis son retour, il se concentre sur la réalisation et l’écriture de projets audiovisuels.
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