Exode rural en Arménie

Trois femmes mangeant

Dans la campagne arménienne, un village se vide de ses hommes, partis gagner leur vie en Russie. C’est ainsi que dans une société patriarcale, les femmes, les enfants et les vieillards se retrouvent seuls pour gérer le quotidien. Une réalisatrice vient passer du temps dans ce village, pour raconter leur histoire et renouer avec ses racines.
Village de femmes est un film tout en empathie, où les habitantes disent sans détour en quoi l’absence des hommes leur pèse. Un film ethnographique également, qui nous plonge dans une réalité que l’on observe en général dans un autre contexte, celle de l’émigration qui déstructure les individus, les familles, les sociétés.
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BANDE-ANNONCE

VILLAGE DE FEMMES

de Tamara Stepanyan (2019)

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Arménie, un village appelé Lichk où seules des femmes, des enfants et des personnes âgées résident. Neuf mois par an, les hommes s’en vont travailler en Russie. Comment ces femmes endurent-elles l'attente, la solitude, l'absence de leur mari ? La réalisatrice filme et partage leur intimité et leur vie, devenant la confidente de leurs frustrations, de leurs joies et de leurs désirs.
>>> un film produit par La Huit, Hayk Documentary Film Studio

INTENTION

Solitudes

par Tamara Stepanyan

Dansant Village de femmes

Étant en exil, d'abord au Liban et maintenant en France, j'éprouve souvent le désir, le besoin de retourner en Arménie. J'ai besoin de me sentir liée à ma patrie et à ceux qui y vivent. J'aime écouter leurs histoires. Ces dernières années, j'ai été frappée par le fait que mon pays se vide, surtout de ses hommes. Pourquoi sont-ils partis ? Pourquoi y a-t-il tant de villages où ne résident que des femmes, des enfants et des personnes âgées ?


Les rues sont vides, les jeunes sont partis, les personnes âgées semblent attendre la mort. Les hommes ont quitté l'Arménie pour aller travailler en Russie. En raison de la crise économique dans le pays, il n'y a plus d'emplois pour les hommes dans les villages. Ils partent pour pourvoir aux besoins de leur femme et de leurs enfants restés au pays. Les femmes gèrent le quotidien, cultivent la terre et prennent les décisions. Je ne peux pas m'empêcher de me demander qui elles sont ? Ce que la vie leur apporte, ce qui les réconforte quand elles ont besoin de pleurer, avec qui elles partagent leur joie et leurs rires… Seules dans leur grand lit en attendant qu’il appelle sur Skype. Toutes ces questions m'ont fait prendre l'avion pour rentrer chez moi à la recherche de ces femmes qui se battent pour que leur famille existe malgré la distance qui les sépare de leur mari. De l'extérieur, tout semble aller, mais leur âme est troublée et leur paix perturbée. Est-il seul là-bas ? A-t-il oublié l’amour ? A-t-il une autre famille ? Va-t-elle se retrouver seule et oubliée dans ce petit village avec ses enfants sans jamais le revoir ? Les rires et les larmes des enfants leur donnent de la force. Les garçons grandissent en sachant qu'un jour ils iront rejoindre leurs pères. Ils deviendront des hommes. En attendant, ils jouissent de la tendresse et de l'amour de leurs mères.
Les personnages de mes films sont souvent en proie à l'attente, au deuil ou à l'exil. J'essaie d'exprimer des sentiments en m'attachant aux rythmes, aux couleurs et aux sons. La peinture et la littérature sont mes principales sources d'inspiration. Je pense à la façon dont Vermeer ou Hammershoi illuminent leurs figures solitaires, à la façon dont Carson McCullers - dans The Heart is a lonely hunter - croise différents personnages solitaires pour finalement les fondre en une seule destinée, une complainte unique.

BIOGRAPHIE

Tamara Stepanyan

Tamara Stepanyan

Tamara Stepanyan est née en Arménie. Lors de l'effondrement de l'Union soviétique au début des années 90, elle s'est installée au Liban. Après y avoir étudié et travaillé, elle a poursuivi ses études à la National Film School of Denmark. Depuis 2012, elle vit et travaille en France où elle a déjà terminé deux longs métrages documentaires et prépare un long métrage de fiction. Ses films ont été montrés et primés dans des festivals tels que Locarno, Busan IFF, Amiens IFF, le Festival du film Talinn Black Nights, La Rochelle, etc. Son dernier film Ceux du Rivage a remporté le Grand Prix d'Amiens IFF (France), le Prix du meilleur documentaire au Golden Apricot IFF et le Prix du meilleur réalisateur au Global Cinema FF de Boston (États-Unis).
Elle intervient régulièrement en tant que professeur d’éducation à l’image dans différentes écoles et lycées.

REVUE DU WEB

L’Arménie de Tamara Stepanyan

TËNK >>> Dans cet entretien, la réalisatrice Tamara Stepanyan parle de son lien avec l'Arménie, sa rencontre avec ce village vidé de ses hommes, la conception du tournage...
MÉDIAPART >>> Les migrants se retrouvent souvent accusés à tort de voler le pain de la bouche aux travailleur·euse·s francais·e·s. Mais la question est plus complexe que cela et impacte profondément les sociétés touchées par ses exils souvent subis.
SLATE >>> Lassés par l’économie contrôlée, les atteintes aux droits de l’homme et le risque de guerre contre l’Azerbaïdjan, plusieurs dizaines de milliers d’Arméniens quittent le pays chaque année.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    réalisation Tamara Stepanyan
    image Tamara Stepanyan, Robin Fresson
    son Harutyun Mangasaryan, Tamara Stepanyan
    montage Olivier Ferrari, William Wojda
    montage son et mixage Jean-Marc Schick
    étalonnage Romain Pierrat

    coproduction La Huit, Hayk Documentary Film Studio, TV78
    avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée, PROCIREP-ANGOA
    avec la participation du Ministère de la Culture de la République d’Arménie

    Artistes cités sur cette page

    Tamara Stepanyan

    Tamara Stepanyan

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