Lapins et chasseurs
Avec Ouvrier ouvre-la, Cécile Delhommeau et Anthony Pouliquen nous rafraîchissent la mémoire sur ce qu’était (et demeure) le prolétariat. Les prolétaires sont ceux qui, pour subvenir à leurs besoins, doivent louer leur force de travail. Face à eux, des capitalistes qui contrôlent les moyens de production et de distribution dans le but d’en tirer profit. Le Capital de Karl Marx théorise cette lutte des classes, Ouvrier ouvre-la nous entraîne dans ses coulisses, les établissements Kuhlmann, une usine de produits chimiques inaugurée près de Saint-Nazaire en 1920.
Cécile Delhommeau nous offre un récit haletant de la prise de contrôle de l’usine par les nazis. Leur brutalité n’empêche pas Pierre Chevry, l’ingénieur en chef de l’usine, de recourir au sabotage interne pour freiner la production que les Allemands convoitent. Il mourra au camp de Mauthausen. Avec le retour de la paix, la lutte ouvrière reprend un tour plus classique, face à un patronat paternaliste et autoritaire. Alors que Saint-Nazaire fait son Mai 68 avec un an d’avance, la justice réhabilite des syndicalistes de l’usine Kuhlmann abusivement licenciés.
À travers ce récit enrichi de témoignages, les auteurs rappellent les valeurs de solidarité, de camaraderie indéfectible et d’amitié qui dominaient dans les milieux ouvriers des années 60, des valeurs qui ont fortement décliné dans l’ivresse consumériste et son corolaire : l’individualisme.
OUVRIER, OUVRE-LA !
OUVRIER, OUVRE-LA !
Du collectif De Ta Main Camarade (2020-59')
Kuhlmann, une usine de produits chimiques près de Saint-Nazaire, qui a tourné de 1920 aux années 80. Entreprise miracle, la poule aux œufs d’or ont dit certains ! Pourtant, pendant ces décennies, des ouvriers ont dénoncé les conditions de travail et se sont organisés. D'anciens ouvriers, leurs femmes et leurs enfants témoignent de leurs luttes. Des personnages apparaissent dans Ouvrier ouvre-la ! nourris de ces témoignages, entre réalité et fiction… parce que la vie est aussi faite de rêves.
Remonter à la surface
Remonter à la surface
par Cécile Delhommeau et Anthony Pouliquen
Cette histoire est venue jusqu’à nous alors que nous animions une bibliothèque humaine à Paimboeuf. Marinette et Brigitte, deux participantes, nous ont raconté l’injustice qu’avait vécu leur frère pour l’une, père pour l’autre, en tant que délégué syndical de l’usine Kuhlmann. Nous avons voulu en savoir davantage et faire remonter à la surface de cette bourgade aujourd’hui sinistrée, notamment en raison de la fermeture de l’usine qui en faisait sa richesse, la force de la solidarité ouvrière. Nous avions en tête cette phrase de l’historien américain Howard Zinn : Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs.
Nous avons eu envie de mettre en valeur cette mémoire ouvrière pour qu’elle ne reste pas invisible. Quand nous racontons ces parcours, nous apportons à nos imaginaires des horizons qui élargissent notre rapport au monde. Nous nous identifions, nous projetons, nous questionnons sur nos propres trajectoires. Notre envie, c’est que ces histoires de vie nous renforcent dans nos combats d’aujourd’hui.
Ta main camarade
Ta main camarade
Cécile Delhommeau vient du conte avant de devenir comédienne et autrice. Elle est également membre du collectif La Grosse Situation. En recherche autour des frontières poreuses entre réalité et fiction, son travail repose sur la place de l’imaginaire dans nos vies, comment nos désirs nous font avancer et comment ce que l’on vit modifie nos fantasmes. Comment notre imagination nourrit notre capacité d’agir. Comment tout récit est avant tout une histoire racontée.
Anthony Pouliquen est éducateur, membre du collectif d’éducation populaire politique L’ardeur. Formé à la sociologie critique, il mobilise la grille de lecture des rapports de domination dans son travail sur les récits de vie. Il a fait sienne cette phrase de Paulo Freire : Personne ne s’éduque seul, personne n’éduque personne, les femmes et les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde.
Histoire heureuse et douloureuse
Histoire heureuse et douloureuse
OUEST FRANCE >>> C'est un des volets parfois oublié du Pays de Retz. Une histoire à la fois heureuse et douloureuse. Pendant 80 ans, la commune de Paimboeuf a accueilli le plus gros pôle industriel du sud de l'estuaire, celui de l'usine Kulhmann qui comptait encore en 1970 plus de 700 salariés. Aujourd'hui, il n'en reste rien ou presque.
RÉGION PAYS DE LA LOIRE >>> En 1895, le ministre de la guerre Alexandre Millerand charge René Moritz pour le Service des poudres de créer de nouvelles usines de produits chimiques destinées à la fabrication d'explosifs. Le site de Paimboeuf accueille en 1915 une unité de production de dinitrophénol dans les locaux d'une raffinerie de sucre désaffectée implantée en 1881 entre la voie de chemin de fer et le cœur de l'actuel lotissement du Bois Gautier...
Témoignage d’un spectateur >>> Merci infiniment pour ce récit-documentaire tellement vivant, bel hommage à l’une de ces si nombreuses luttes ouvrières que le dédain des classes dominantes écrase jusqu’à l’oubli. Sans histoire nous sommes nus, nous ne sommes rien, nous n’existons pas. Grâce à vous le bleu de travail renaît, nous sommes des lutteurs, nous existons. Espérons que les rêves de petits bourgeois que nous avons trop souvent s’estompent rapidement au profit de songes de luttes pour un monde d’utopies réalistes.
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