En quête du narval

de Vincent et Laurent Marie (2021 - 77’)

Imprégnés par les contes arctiques qui ont bercé leur enfance, deux frères, Laurent, apnéiste, et Vincent, cinéaste, partent sur les traces de la légende du narval. En chemin, ils rencontrent le peuple inuit avec qui ils vont partager une quête poétique de respiration avec le monde.

>>> un film produit par Les Films de la pluie et Adala Films

par Vincent et Laurent Marie

Pour l’écriture et la réalisation des Harmonies invisibles, on s’est attachés à respecter une démarche poétique. Il s’agissait pour Vincent, le cinéaste, de pénétrer et d’interpréter la façon dont son frère Laurent, à travers la plongée en apnée dans les eaux polaires, parvient à entrer dans la cosmogonie des Inuits du nord du Nunavut.

La complicité entre le filmeur et le filmé rend perméable la frontière entre l’imaginaire de l’enfance, la légende du narval et le travail documentaire. L’histoire de Taqqik, racontée par notre père, se confond avec celle de Laurent dans la réalité. Les dessins, qui se mêlent parfois aux prises de vues documentaires, sont comme des réminiscences du conte. La quête du narval est une façon de partir à la recherche de l'énergie et de la part de mystère qui résident en chacun de nous.

La découverte du narval fait aussi figure de métaphore de la connaissance du Grand Nord. Moses et Jeremy sont nos guides et nos initiateurs. Au final, voir le narval importe peu, nos découvertes sont davantage tournées vers la relation avec les Inuits et la connexion qu’ils entretiennent avec leur environnement. Ainsi, à mesure de l’avancée de notre quête, c’est l’univers mental des Inuits qui se déploie. Les séquences de mise en animation de la légende inuit amènent les spectateurs à comprendre la manière dont les peuples polaires appréhendent le monde qui les entoure.

Pour ce film, Laurent s’abandonne à une expérience sensorielle dont l’apnée est l’un des vecteurs principaux. La manière de se mouvoir dans l’océan devient, pour lui, une façon d’être en harmonie avec le monde. Le souffle, le fondement de l’apnée, a aussi une part importante puisqu’il est également un élément essentiel de la culture inuit, notamment pour les chants de gorge.
Les artistes associés, que ce soit Edmond Baudoin et Andrew Qappik avec leurs dessins et leurs couleurs, Pierre Payan grâce à sa création originale, ou Boris Jollivet et son apport minutieux d’audio-naturaliste, ont contribué à fabriquer un univers sensible en résonance avec l’immersion de Laurent. La notion d’harmonies invisibles est quant à elle une interprétation de Jean Malaurie. L’explorateur polaire, anthropologue et philosophe de l’Arctique explique que la nature est une puissance, que toute chose possède une énergie, une force, que l’hypersensorialité des Inuits peut encore percevoir.

Connaître les harmonies invisibles, c’est donc vivre, comme l’apnéiste, un grand moment de liberté, et en même temps se sentir vulnérable. C’est lâcher prise avec une forme de réalité et en percevoir une autre, plus vaste. Ce sont aussi les liens qui unissent deux frères par la confrontation de leur imaginaire du Grand Nord avec la réalité d’une exploration et d’une aventure cinématographique.

Passionné et déterminé, Laurent Marie mène un parcours d’engagement physique. D’abord pompier bénévole, il devient professionnel et engrange les qualifications en rapport avec sa passion de la plongée. Parallèlement, ce Breton de naissance et de résidence garde un lien fort à l’océan. Apnéiste en compétition, il complète sa formation par le scaphandrier. Il est aussi instructeur et sauveteur en mer. À trente ans, il plonge au cap Horn, puis se rend par deux fois en Antarctique et trois fois en Arctique. Sa rencontre avec les Inuits a donné lieu à l’écriture d’un livre pour les enfants, Un monde de glace, et il se rend régulièrement dans les classes pour partager son expérience et raconter ses expéditions.
En 2014, il coréalise également un documentaire pour Thalassa, Un monde de glace. Actuellement, il peaufine la préparation d’une exploration de deux ans autour du monde à la recherche des peuples qui vivent entre terre et immersion dans l’océan. Il s’attèle également à l’édition d’un second livre jeunesse avec des dessins d’Andrew Qappik.

Habile à nourrir ses passions d’enfant, Vincent Marie a fait de la bande dessinée son terrain d’études et de création. Il obtient un doctorat liant histoire et BD, puis devient commissaire d’exposition au musée de l’Immigration et à la BNF. Agrégé d’histoire, il est également directeur de publication et enseigne le cinéma. Avec Bulles d’exil, son premier documentaire, le monde dessiné rejoint la question de l’immigration. En 2016, il explore l’imaginaire historique de la Grande Guerre avec Là où poussent les coquelicots, en collaboration avec le dessinateur Tardi et de grands auteurs de BD.

En 2019, Vincent poursuit sa réflexion sur le passé visuel de l’histoire en réalisant un documentaire sur la Retirada, Bartoli, le dessin pour mémoire. Il enchaîne avec le tournage de Nos ombres d’Algérie, un documentaire associant, une fois encore, dessin et histoire. Dans la continuité des Harmonies invisibles, il travaille également à l’illustration d’un conte inuit pour un court film d’animation intitulé Inukshuk, porté par la voix de Yolande Moreau.

FRANCE CULTURE >>> Présents en Arctique depuis plus de 30 000 ans, les Inuits ont développé une culture imprégnée du respect qu'ils portent à la nature qui les entoure.

RADIO FRANCE >>> Jean Malaurie raconte ses nombreuses rencontres avec les peuples polaires, notamment les Inuits de Thulé.

RADIO CANADA >>> Le territoire du Nunavut est créé en 1999 pour permettre aux Inuits de retrouver une certaine souveraineté, et améliorer leurs conditions de vie. Mais, 20 ans plus tard, le territoire navigue entre espoir et désespoir, au point de provoquer une profonde réflexion.

FRANCE INTER >>> Le dérèglement climatique impacte également l’économie de l’Arctique, car la fonte des glaces donne accès à des ressources minières jusque-là inaccessibles… et aiguisent les appétits de certains.