Le grand BaZH.art #14

neusky

SAUVETEURS DE MÉMOIRE

par Pierre-François Lebrun

Le littoral breton recèle des sites archéologiques souvent ignorés, que l'érosion climatique et les tempêtes des dernières années condamnent à la destruction. Parmi les plus menacés, Roc'h Santeg, un îlot désert de quelques mètres carrés situé dans le nord Finistère. Une équipe de chercheurs de l’université de Rennes 1, accompagnée de bénévoles, vont y mener une fouille de sauvetage. Il y a urgence car l'île regorge de trésors archéologiques préservés durant des siècles par son isolement et les difficultés d'accès. Entre deux grands rochers qui protègent le site, des vestiges encore intacts témoignent, mais pour combien de temps, de la présence de l'homme de 50 000 à 2 500 ans - pour être plus précis : de l'époque de l'Homme de Néandertal aux Gaulois.

C'est Daniel Roué, un habitant de Santec, qui a découvert ce site en 1985. Alors qu'il pêchait des ormeaux, il a ramassé des silex taillés mais aussi des morceaux de poteries gauloises.


Il en a informé les services archéologiques qui depuis ont bien gardé le secret de Roc'h Santeg...
Mais la mer a continué son travail de sape, et a détruit une bonne partie du lieu notamment durant les tempêtes de 2014. Alertés, les archéologues rennais ont effectué un premier repérage en février 2015. Ils ont identifié un abri sous roche, des galets taillés, des fragments de poterie et un habitat côtier de l'âge de fer. Une telle richesse historique sur une si petite surface les a convaincus du grand intérêt de l'îlot. Il reviennent cet été pour sauvegarder le maximum de vestiges et d'informations sur un site majeur encore inédit, qui témoigne de l'histoire de la Bretagne et de sa culture.

Pierre-François Lebrun : L'archéologie cherche à comprendre la culture humaine à travers ses vestiges matériels. Quand des archéologues m'ont proposé de les accompagner sur leur îlot, j'y ai vu une opportunité unique de réaliser un film où culture et aventure humaine seraient imbriquées. Un film où, à travers le travail d'une équipe de chercheurs bloqués sur un rocher battu par les vents, on partirait à la découverte de nos lointaines racines. J’ai suivi le travail de l'équipe de chercheurs en montrant leur quotidien : les difficultés d'accès à l'île en Zodiac, chaque matin, selon les aléas de la marée et de la météo, l'accostage dans les cailloux, la marche vers l'étroite plateforme de terre enserrée dans les parois rocheuses et le travail qui débute, minutieux et rigoureux ; les visages qui scrutent, les mains qui creusent, les femmes et les hommes courbés vers le sol, concentrés, attentifs au moindre détail - les chercheurs parlent de l'émotion d'être les premiers à creuser dans un terrain abandonné par les hommes depuis des milliers d'années, de retrouver les vestiges d'une présence passée ; régulièrement, des exclamations viennent rompre le silence studieux, une trouvaille - un silex, un morceau de terre cuite... - est le point de départ de discussions animées - à partir d'un simple fragment, nous accédons à la reconstitution de modes de vie, de penser, des mondes et des cultures à mille lieux de notre époque et pourtant sur le même territoire ; jusqu'au soir, au retour sur le continent dans le soleil couchant, au repas partagé, aux doutes et questionnements qui nourrissent les échanges. La recherche est un art et un plaisir qui se partagent.

ÊTRE SOI(E)

par Hervé Portanguen et Françoise Le Peutrec

Une femme seule dans son monde. Parmi le flot de ses pensées, elle cherche qui elle est, et ce qu'elle désire. Pour mieux se trouver, elle se raconte des légendes connues depuis la nuit des temps... Seule en scène, Séverine Coulon revisite les contes - Blanche-Neige, La Petite Sirène et Peau d’âne - pour questionner notre vision de la féminité. Dans un castelet à transformation, elle évoque l’obsession des apparences inculquée aux fillettes dès le plus jeune âge, avec humour et légèreté.
Séduire, sourire, souffrir… ainsi font, font, font, trois petites marionnettes, jusqu’au jour où elles découvrent une voie d’émancipation possible. Séverine Coulon : J’aimerais parler de féminité et du corps de la femme, de la vieillesse de ce corps et de ses défauts, de ce qu’on lui fait subir pour le parfaire. Du long chemin qu’une femme doit parcourir pour s’émanciper au sens large. Intime donc et universel. Je veux parler de tout ça aux toutes petites filles, et que les garçons à côté le reçoivent aussi.

UN ART QUI COLLE À LA PEAU

par Anne Burlot

Neusky, tatoueur depuis trente ans, est presque une légende dans le milieu. Il s'est installé à Saint-Brieuc en 1994, à une époque où cette profession est encore marginale. On trouve alors une trentaine de salons sur l’ensemble des grandes villes françaises, alors qu’aujourd'hui ils sont plus de 3000 à pratiquer ! Le tatouage est devenu un phénomène de mode. Marins, rockeurs, punks, cabossés de la vie… si la clientèle de Neusky était très ciblée au départ, elle s'est ouverte au fil des années. Tous les âges et tous les milieux sociaux-culturels s'intéressent à son travail pour un premier ou un énième tatouage. Une mixité sociale qui l'enrichit personnellement dans la mesure où chaque tatouage implique une rencontre. Avant de tatouer une personne, je m'entretiens toujours avec elle. Je vais jusqu’à réaliser trois entretiens. J'ai besoin de connaître mon client pour faire un tatouage qui lui corresponde vraiment. Les séances prennent souvent la forme de confidences. Au-delà de la qualité esthétique de ses motifs, Neusky fidélise sa clientèle grâce à cette relation privilégiée.


Christophe (de son état civil) est spécialisé dans l'art celtique et les sujets traditionnels marins. Mais au cours de sa carrière, il a été amené à dessiner toutes sortes de motifs, des plus surréalistes au plus ordinaires. Comme beaucoup de métiers-passion, son job ne s'arrête pas aux frontières de sa boutique. Chez lui, Neusky écrit des chroniques dans le magazine Tatouage français. Dans un coin de la maison, il stocke une collection de machines à tatouer anciennes, près de 300 pièces qui dorment dans des cartons, parmi lesquelles : des instruments du XIXe siècle récemment exposées au musée du Quai Branly. Sa femme est aussi une acharnée du tatouage. Ensemble, ils viennent de finaliser un ouvrage intitulé… Le tatouage en Bretagne !

FEUILLES LIBRES (épisode 3)

par Pierre-François Lebrun

Troisiéme épisode de la série documentaire Feuilles libres.

Pierre-François Lebrun nous amène à suivre les différentes étapes de la fabrication de Citad’elles, premier magazine féminin réalisé par et pour des femmes détenues. Cette fois-ci, il s'agit de préparer l'interview et la séance photo d’un graffeur, lequel fait aussi du karaté "pour tuer son égo". Le sujet sur la masturbation, et la gêne qu’il suscite, revient aussi sur la table du comité éditorial. On avance...

ÉCRIRE EN DEUXIÈME DIVISION

Jeff Sourdin

de Jeff Sourdin

Retrouvez un extrait de la lecture d'Écrire en deuxième division, un roman de Jeff Sourdin, édité par les éditions La Part Commune
sur la page Lecture publique de KuB

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    SAUVETEURS DE MÉMOIRE
    par Pierre-François Lebrun

    ÊTRE SOI
    par Hervé Portanguen et Françoise Le Peutrec
    avec Séverine Coulon

    UN ART QUI COLLE À LA PEAU
    par Anne Burlot
    avec Neusky

    ÉCRIRE EN DEUXIÈME DIVISION DE JEFF SOURDIN
    par Pierre-François Lebrun
    lu par Philippe Languille

    LA PROD DU GRAND BAZH.ART

    Le grand BaZH.art est coproduit par Simone & Raymond Productions France 3 Bretagne
    en partenariat avec KuB
    avec la participation de TVR, Tébéo et Tébésud
    et le soutien de la Région Bretagne et du CNC

    présentation Alexandre Pesle
    co-réalisation Stéphanie Elbaz et Chloé L’Affeter
    production Stéphanie Elbaz
    rédactrice en chef Chloé L’Affeter

    directeur de production Cédric Bertret
    graphiste Arnaud Pham Gia
    concepteur décor et lumière Gérard Thomas
    musique originale Jean-François Prigent

    Artistes cités sur cette page

    Anne Burlot Réalisatrice

    Anne Burlot

    Pierre-François Lebrun

    Pierre-François Lebrun

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