Femme nue : l’icône obsessionnelle

Nue de Catherine Bernstein

Femme nue : l’icône obsessionnelle

La représentation de la femme nue est inextricablement liée à l’histoire de l’art. Du graffiti au tableau le plus sophistiqué, des grottes de Lascaux à Internet, les hommes – des mâles en grande majorité – projettent leurs rêves sur des formes les plus diverses. Rêves lubriques, mais pas que. Le dévoilement du corps de la femme participe intimement aux mécaniques de survie de l’espèce. Le Christianisme qui tente de mettre bon ordre dans le désir animal ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Adam et Ève avant d’avoir commis la faute originelle, ignoraient qu’ils étaient nus. Découvrant des pulsions qui pouvaient manquer de grâce aux yeux du Créateur, la nudité est devenue une honte, et par conséquent un tabou qu’il s’est agi ensuite de transgresser. L’histoire de la peinture est peuplée de « nudités » telles Vénus et autres Aphrodite ou Odalisque.

Avec l’apparition, au 19e siècle, des images photographiées, la femme nue reste un sujet majeur. Les tirages et les publications papier circulent sous le manteau et représentent une part non négligeable de la production. Il en sera de même avec le cinéma, mais c’est Internet qui marque l’entrée dans une ère de profusion d’images de femmes nues. Plus précisément d’images pornographiques, de tous (dés)ordres, majoritairement vulgaires, et dégradantes.

De quoi cette obsession est-elle le nom ? D’une misère sexuelle, d’une frustration attisée par une société de consommation qui fait des femmes nues un moteur de désir inépuisable et accommodé à toutes les sauces (l’allusion au sexe est sous-jacente dans la publicité en général).

Que peut alors un média comme KuB face à cette situation ? Ne pas s’abstenir, proposer du sexe, des femmes toutes nues avec leur complicité, de tous ceux et celles qui envisagent la question hors de toute pulsion prédatrice. Globalement, de telles œuvres restent peu nombreuses. Nous nous efforçons ici de les rendre visibles.

Nue

Rares sont les films qui dévoilent avec autant de beauté et de pudeur le corps d’une femme nue. Dans ce court métrage de Catherine Bernstein, la réalisatrice met en scène son propre corps entièrement nu et non celui d’une comédienne. Tournée en 35 mm avec une équipe technique exclusivement féminine, le film est tout autant l’histoire d’un corps que l’histoire d’une femme. Avec une grande retenue, Catherine Bernstein raconte sa vie à travers les différentes parties de son corps (ses yeux, ses sourcils, ses seins, ses jambes, son ventre) marquées par le temps.

Brillant par son travail sur l’image et par la qualité du texte, le film prend une portée universelle en s’attardant sur les détails intimes du corps. Avec une grande délicatesse, il aborde la question de l’acceptation de soi et offre une vision sensible et pudique du corps féminin. Raconté par fragments, le corps occupe ici le centre du récit, évoquant tout à la fois l’adolescence, la maternité et l’amour filial. Lisez notre édito et découvrez les intentions de l'auteur sur notre page dédiée à Nue.

Matin

La nudité sert ici le propos afin de montrer, avec fraîcheur et naturel, l’intimité d’un couple épris de liberté. Dans ce clip, le jeune réalisateur Jérôme Clément-Wilz décrit l’histoire d’une passion amoureuse. Tourné à Douarnenez, à l’intérieur d’une cabane exigüe, le clip se présente sous la forme d’un docu-fiction intimiste mettant en scène la vie intime d’un jeune marin pêcheur, Mathurin, et de sa bien-aimée Hannah.

Avec une grande sensibilité, la caméra se tient au plus près des corps de l'homme et de la femme nue afin de capter l’essence même de la passion. Mêlant les plans serrés sur les corps et ceux faisant la part belle au bleu de la mer, le réalisateur parvient à sublimer les relations charnelles au cœur de cette idylle. Découvrez-en plus sur le clip et ses auteurs sur notre page dédiée à Matin.

Je les aime tous

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Je les aime tous est un film beau et perturbant, doux et subversif. Nous sommes plongés dans l’intimité nocturne d’une prostituée, un personnage inspiré par Grisélidis Réal, activiste emblématique qui s'est battue pour les droits des travailleuses du sexe.

Je les aime tous nous montre une femme nue, au sens propre et figuré. Le film explore l’identité secrète de cette femme offerte et interdite, révolutionnaire inspirée par ses lectures et accouchant jour après jour de sa propre œuvre littéraire. Elle trouve sa dignité, sa noblesse, son souffle poétique et politique, en écrivant sur les hommes qu’elle rencontre, dans une mise à nu sobre mais poétique.

Travel

Créé à quatre mains par un duo formé par les jeunes artistes Arthur D'Haeyer et Deva Flandéz, ce clip fait d'amour et d'eau fraîche met en scène une sorte de méditation onirique sur une bande sonore à la Pink Floyd. La nudité ici est le pont entre la rêverie planante et le côté terre à terre d'un retour à la nature et à ses éléments - l'eau, l'herbe - et au joies simples de l'amour et de la musique dans le plus simple appareil. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page dédiée !

Lonely greyin’ blues

Le clip Lonely greyin’ blues de Dalva, peut être vu comme une évocation de la Genèse, quand Dieu crée Adam à partir de la glaise, puis Ève, la femme nue originelle. Sauf qu’ici Dieu est une femme qui crée son double à son image, c’est à dire une humaine dans son plus simple appareil. Les gros plans sur les mains malaxant la terre glaise sont très charnels et sont mis en regard avec des détails d’un corps de femme nue, le tout sur un blues mélancolique hypnotique.

Iyawo

Quand deux jeunes artistes livrent leur vision sans concession de la féminité, cela donne ce très beau clip de Lilas Barbier, réalisé à partir de la chanson Iyawo de Betty. Toutes deux nées en 1997, elles proposent ici une succession de portraits féminins mythifiés, dressant un panorama de la femme dans notre imaginaire collectif. Avec une réalisation pleine de style et de sensualité, la réalisatrice offre un exercice de style au caractère affirmé.

Les regards soulignés au khôl côtoient des paysages oniriques et des scènes de danse dépouillées, pleines de charme et de naturel. Le corps de la femme nue ou habillé, libre, en mouvement, est au cœur de ce projet atypique. Artisanal et inspiré, le clip de Betty filmé par Lilas Barbier se veut comme un hymne au combat des femmes, à travers la vision de figures féminines fortes et libres.

Aliaa, la révolutionnaire nue

D’une grande force, ce documentaire poignant revient sur la figure d’Aliaa Magda Elmahdy. Réfugiée en Suède, celle qui est devenue une militante féministe par la force des choses revient sur son parcours et ses aspirations. Son unique crime a été de se dévêtir, de se prendre en photo nue pour dénoncer l’hypocrisie dans les pays arabes sur la question du corps féminin.

Interrogeant ses détracteurs les plus virulents, le documentaire montre, dans un décalage saisissant, l’importance prise par cette révolutionnaire féministe dans la lutte pour l’évolution des mœurs dans le monde arabe. Le réalisateur donne également la parole à des femmes nues du monde entier qui ont fait de leur nudité une arme politique. Un documentaire important sur la condition féminine dans les pays arabes, qui n’hésite pas à aborder des questions qui y sont considérées

Corpus, le corps d'une femme nue

Fruit du travail de cinéaste de Jean-Paul Noguès, ce film documentaire offre à voir les témoignages d’une cinquantaine de femmes à propos de la vision donnée du corps féminin dans les médias. S’ouvrant sur une citation de Paul Eluard (« Je suis devant ce paysage féminin comme un enfant devant le feu »), ce documentaire livre un regard plein d’acuité sur les stéréotypes véhiculés par la télévision et l’érotisation du corps féminin dans la presse, la publicité et sur Internet.

A côté de ces témoignages éclairants, Jean-Paul Noguès invite ces femmes à se dénuder avec naturel, loin des tabous sociétaux et des lieux communs répandus généralement dans le monde de l’image. Filmées sans érotisme et selon une mise en scène minimaliste, elles lisent alors à voix haute une déclaration de cession de droits à l’image. Dans la lignée des précédents travaux du réalisateur sur le corps dans le quotidien, ce documentaire nous interroge sur la vision de la femme nue dans le monde actuel ainsi que sur la diversité du corps féminin.

Caresses

Véritable enquête consacrée à la sexualité des personnes en situation de handicap en Europe, ce documentaire allemand entend lever le voile sur un sujet qui demeure encore trop souvent tabou dans nos cultures occidentales. Le sexe n’est pas l’apanage des personnes belles, jeunes et valides, selon l’image diffusée par la publicité et les médias. Question de société à ne pas éluder, le désir charnel des personnes handicapées est solutionné depuis plusieurs années par le métier d’assistant sexuel. Ce film permet de mieux envisager les enjeux de cette pratique et son importance dans le quotidien des personnes handicapées.

Aymé(e) Désiré(e)

La pièce aborde avec fièvre et passion une question essentielle : comment parler d’amour lorsque l’on est encore adolescent ? Sur cette thématique, 14 jeunes acteurs et actrices se livrent sur scène pour un spectacle aussi étonnant que touchant. La pièce se présente comme une adaptation moderne du mythe d’Éros et de Psyché, une mortelle dont la beauté est si grande qu’aucun homme n’ose la demander en mariage. C’est finalement Eros, le dieu de l’amour, qui sera le premier à franchir le pas, provoquant alors la colère d’Aphrodite…

La pièce passe avec beaucoup de charme du mythe à la réalité, à travers les témoignages des adolescent(e)s qui tentent de poser des mots sur les sentiments qu’ils éprouvent peu à peu. Pas de femme à poil ici mais des corps qui se touchent, se regardent, se mêlent avec une étonnante facilité.

Le chapeau

Magnifique court métrage d'animation de l'ONF, dessiné à l'encre noire. Le chapeau nous happe tant par sa virtuosité que par le fond. Pédophilie et d’agression sexuelle sur une jeune femme, tels sont les sujets abordés ici. Un mélange de sensualité et d'angoisse accompagnent les images en perpétuel métamorphose. À travers cet exploration de l'intime, cette réalisation nous fait compatir à la douleur d'une femme dont les souvenirs restent.

Moonkup, les noces d’Hémophile

Avec une énergie débordante et une passion jubilatoire, Pierre Mazingarbe propose ici un court métrage hors du commun autour de la pourtant classique thématique du vampire. Il y est question d’un monde où cohabitent humains et vampires, dans une paix fragile qui pourrait voler en éclats à cause de la question du sang menstruel… Mêlant érotisme, action, comédie fantastique et visée féministe, ce court métrage étonne autant qu’il interroge le spectateur.

L’histoire raconte le destin de deux personnages féminins forts, Hémophile, dont le mariage a été arrangé avec le vampire Hans de Crassac, et sa sœur Eva qui va tout faire pour lui éviter ce sort funeste. Le temps d’un voyage en train mouvementé, c’est tout un système misogyne que les deux sœurs vont tenter de mettre à bas. Le réalisateur livre avec ce court métrage un conte sanglant sur l’émancipation féminine. Pourquoi avoir réalisé ce film ? L'auteur nous répond sur notre page consacrée à ce court métrage.

J’ai dit oui aux Monologues du vagin

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Nous agrégeons à cet article sur les femmes nues l’approche verbale de la nudité et du sexe, notamment au travers des expériences telles que Les monologues du vagin qui ont ouvert une voie à l’expression des femmes et concrètement proposé d’autres regards sur ces questions.

Ce film souhaite poursuivre le travail réalisé dans la pièce en mettant en lumière le regard que portent sur leur propre sexualité vingt comédiennes non professionnelles ayant joué sur scène Les Monologues du vagin. Les témoignages croisés nous permettent de mieux comprendre le rôle libérateur joué par la pièce dans la vie de ces femmes. Ce documentaire plein de franchise prend des allures de réflexion sur le plaisir féminin à la portée universelle.

COMMENTAIRES

  • 26 Septembre 2022 09:19 - Rene Marcoux-Filion

    MERCI

    C'EST INTERESANT.

  • 10 Janvier 2022 01:58 - NOMMAY PIERRE

    Belles pages que je reverrai plus en détail ultérieurement. Merci de nous le dnner au sens premier de ce verbe.

  • 17 Décembre 2020 15:20 - Elafrougui

    je pense que je vais peindre quelques œuvres d’après ses modèles. merci à vous

  • 20 Avril 2020 02:55 - Abdelli

    Vraimment si bien

  • 9 Avril 2020 00:59 - Salières Louis

    pas le temps de tout voir...

    h, 70 ans, je me réjouis de voir le corps au service de la culture, de voir le corps au service du handicap. Bravo, très agréablement surpris, des films qui me soulagent, c'est bien que ça existe, ça me rend fier de l'humanité. Continuez, mettez toujours des valeurs à la nudité, ne serait-ce que la beauté de la laideur.

  • 2 Mars 2020 18:41 - derouge

    a voir

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