Le clitoris, super héros

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La voie du plaisir

Il est à peine croyable que le clitoris n’ait pas été techniquement dessiné avant 1998, et qu'il ne soit entré dans un manuel scolaire qu'en 2017 ! Le clitoris n'est pourtant pas un astre lointain, nécessitant des expéditions interstellaires ! 25% des adolescentes ignorent qu’elles en ont un (selon le HCE, Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes). Dépourvu d’intérêt dans une pédagogie basée sur le système reproductif, il est l’organe du plaisir féminin par excellence. Ajouté à la liste des zones érogènes de la femme, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, il n’est cependant pas la plus facile à découvrir. Sa géographie est souvent d’autant plus hasardeuse que l’éducation concernant l’appareil génital féminin a été morcelée entre cours de science, utilisation du miroir et éducation sexuelle sauvage via la pornographie sur internet.


Les femmes ont le pouvoir de prendre du plaisir, elles ont même un organe dédié uniquement à cela. Pour parler du clitoris comme du phallus, il est urgent de le sortir de son aspect théorique pour se l'approprier. Donner une image de son potentiel, lui qui compte huit mille terminaisons nerveuses ! Alors quoi de plus évident que de l’associer à Wonder Woman, l’icône extraterrestre hyper sexualisée et féministe, devenue ambassadrice des Nations Unies pour l'émancipation des femmes ? Le clitoris devient Wonderclito, une superhéroïne téléchargeable, à imprimer soi-même ; un film d'animation acidulé nous en apprend un peu plus sur lui. En en parlant, en le matérialisant, Clitoris sort progressivement de l'ombre, pour entrer dans notre quotidien.

Comprendre et jouer avec Wonderclito

par Isabelle Nivet

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À QUOI RESSEMBLE UN PÉNIS ?

Question stupide : tout le monde sait le dessiner et connaît son fonctionnement. À quoi ressemble un clitoris ? Visiblement moins évident, pourtant il fait la même taille qu’un pénis, 12 cm. Pour faire connaître la forme et l’anatomie d’un organe dédié à 100 % à la seule jouissance, , un collectif vannetais lance le projet wonderclito. En papier découpé, joli comme un cœur, wonderclito a pour objectif de se faire connaître sur les réseaux sociaux.

POURQUOI ON EN PARLE ICI ?

Parce que ce sont d’abord les artistes qui se sont emparés de la représentation du clitoris, que wonderclito a été dessiné par une artiste (et déposé) : et qu’il est beau. Ensuite parce que l’idée du collectif, faire apparaître ce petit pliage en papier dans toute la France, est maline. Enfin parce que nous sommes une équipe de filles et que nous avons nous aussi envie de contribuer à la connaissance de cet organe dont il est parfois difficile de parler entre femmes, mais aussi entre amants. Et qui dit ne pas parler, dit ne pas trouver. Non, la seule intuition ne suffit pas, et personne ne parle techniquement du clitoris. Aujourd’hui, les scientifiques nous donnent la clef de cet outil intelligent, et actif...

POURQUOI C’EST IMPORTANT D’EN PARLER ?

Parce que le clitoris est mal connu, et qu’on trouve désormais des ressources faciles d’accès, et bien faites, pour comprendre son anatomie, qui donnent les clefs du corps féminin et de son plaisir. Prononcer son nom sans gène et le dessiner est aussi un moyen de faire tomber les tabous et d’en parler plus facilement, comme on parlerait du cœur, des yeux ou de l’estomac...

WONDERCLITO, C’EST QUI ?


Un collectif d’hommes et de femmes de Vannes, créé l’an dernier pour la Journée de la Femme autour du projet J’admire qui consistait à recenser les rues portant un nom de personnage féminin dans 23 communes du Pays de Vannes (résultat entre 0 % et 18 %, moyenne 4 %). Lorsqu’ils se rendent compte de la méconnaissance qu’il y a autour du clitoris, et parallèlement de la vague de communication qui monte autour du sujet ils décident d’apporter leur pierre à l’édifice, sous un angle décalé et participatif.

WONDERCLITO, COMMENT ON JOUE ?

Depuis la Saint Valentin, un pdf est disponible au téléchargement sur wonderclito.com, on l’imprime, on le découpe, puis on lui colle au dos sa petite cape de super héros. Enfin, on le photographie là où on est : son bureau, sa plage préférée, un restaurant, un cinéma, chez des copains à l’apéro... Et on l’abandonne en ville pour que quelqu’un s’en saisisse et comprenne ce que c’est, avant de le poster sur son réseau préféré avec le hashtag #wonderclito.

LE CLITORIS

par Lori Malépart (3’ – 2016)

En réalisant un film d’animation entièrement dessiné à la gouache sur papier Lori Malépart-Traversy s'est donné comme mission de contrer les idées reçues quant au clitoris. Le film a été sélectionné dans moulte festivals et a reçu une moisson de prix.

LE CLITORIS CET INCONNU

par Odile Buisson (10’ – 2012)

Le clitoris est un organe qui a été ignoré par la médecine en raison de tabous sociétaux. La première description exacte du clitoris date de 1998, date de l’arrivée du Viagra traitant les troubles de l’érection masculine. De la même façon, on connaît peu la fonction clitoridienne conduisant à l’orgasme, alors que les mécanismes de l’érection masculine sont connus depuis 1990. La principale raison de cette disparité est que le clitoris, organe de jouissance, ne sert pas à la procréation.

COMMENTAIRES

  • 26 Mars 2018 17:00 - Didier M

    Bonsoir Monsieur,
    Merci d'avoir pris le temps de répondre à mes propos.
    J'ai bien saisi la vocation de KuB: "divers points de vue sur des représentations du monde." J'adhère.
    Mais je suis sûr que vous vous êtes fixé des limites quant aux sujets acceptables et au type de représentation à retenir pour les illustrer. C'est le sens de ma réaction, de mon interrogation.
    Cordialement
    Didier M

  • 26 Mars 2018 10:00 - Serge Steyer

    Bonjour Didier M et merci pour votre fidélité.
    Votre avis, bien sûr, nous importe !
    La vocation de KuB est de donner des représentations du monde à travers des œuvres qui reflètent une diversité de points de vue. Les Monologues du vagin, puis Au bonheur des femmes, tout comme les courts métrages Clitoris et Pussy réalisés par des jeunes femmes à travers le monde, correspondent à notre projet. Le phénomène de sortie au grand jour du sexe féminin, autrement que par la pornographie, m’apparaît comme un phénomène culturel, d’émancipation du regard masculin par exemple. Il correspond à une phase d’évolution des rapports homme-femme, et de celui que nous entretenons au sexe, au désir... qui, exacerbés par la société de consommation, ont pour le moins provoqué quelques embardées.
    Au plaisir de vous lire
    Serge Steyer

    NDLR : Wonderclito et Au bonheur des femmes sont le fait d'artistes vannetais•es (Morbihan). Nous avons cependant décidé de retirer la vidéo du bloggeur Julien Menielle, trop éloignée du propos sur le phénomène de culture que nous tentons d'illustrer.

  • 23 Mars 2018 18:26 - Didier M

    Quand j’ai écrit mon commentaire, je n’avais fait que lire les textes écrits sur le sujet, sans visionner les films proposés. Incité par d’autres commentaires, je suis donc allé plus loin. Le « film d’animation entièrement dessiné à la gouache » par Lori Malépart, est manifestement une production anglo-saxonne, sans doute canadienne à en juger par l’accent de la narratrice. Rien de bien breton ici ! En revanche on se retrouve sur youtube avec un écran, en final, qui vous invite à… mais voyez vous-même…
    Quant à Pussy, il ne vous apprendra rien sur le clitoris… Mais peut-être évoquera-t-il des fantasmes ? Au passage, notons que se masturber dans sa baignoire, un joint à la main, ne choque plus personne. Cette production est polonaise. Quel rapport entre la sensibilité polonaise et la sensibilité française ou bretonne ? Est-ce là-bas que vous nous conseillez de puiser la Culture qui nous manquerait ? Et ici encore, on n’est pas sur Youtube, mais l’écran final est explicite. Je vous recommande « Peep Show ». C’est artistique, éducatif sur les grandes œuvres picturales, ludique, une rien coquin… Bref un bon moment. Merci.
    « Le clitoris cet inconnu » est de 2011 (pas de 2012) ? Je ne suis pas capable de juger de la pertinence de l’exposé, sans doute un cours d’anatomie documenté. Mais je me demande pourquoi ma culture a besoin de s’enrichir de ces connaissances complètement inutiles à la satisfaction de mon couple. Et je sui sûr de n’être pas le seul.
    Je n’ai même pas eu le courage de regarder « Dans ton corps ». Je crains le pire.

  • 23 Mars 2018 14:17 - Polo

    En tant que femme, je n’ai pas le sentiment que mon vagin et mon clitoris ont été accessoirisés à travers toutes les publications KuB de ces dernières semaines. Le corps d’une femme est tellement sujet à la sous-considération, parfois, souvent, réduit à une paire de seins, de fesses, un corps d’exposition... C’est libérateur de pouvoir en parler en fait, de voir toutes ces différentes incarnations prendre vie. Elles mettent en valeur avec douceur (comme les deux courts métrages d’animation présents sur la page) et justesse le corps féminin, afin d’aller à l’encontre de nombreuses visions réductrices qui sont injustement établies. Si on ne peut plus appeler un vagin, un vagin maintenant.
    Et ces femmes qui « cherchent à s’affranchir en se lâchant avec des textes qui concernent le vagin » s’expriment pour dénoncer les violences du quotidien. Ça concerne tout le monde et c’est important pour la Culture..

  • 22 Mars 2018 22:11 - Didier M

    Vous vous lancez dans une étrange campagne. Certes, le corps de la femme est une réalité, une belle réalité, mais elle a surtout besoin qu’on la respecte. Aborder, en vrac, différents aspects de ce sujet sensible riche de son intimité, le clitoris : anatomie, tabous sociétaux, sexualité, plaisir… ne peut que le reléguer à ce qu’il ne doit surtout pas être, un accessoire.
    J’avais déjà tiqué quand vous aviez fait place, dans votre publication, à plaisir, à ces groupes de femmes qui cherchent à s’affranchir en se lâchant avec des textes qui concernent « le vagin ».
    Ces choix sont-ils bien venus pour un média qui se positionne pour la Culture ? Je ne pense pas.
    Je suis un peu perdu ! Peut-être, cela ne vous importe pas. Moi, si.
    Didier M

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