Le chant des pistes

un clip réalisé par Léa Troulard (2020 - 5’)

par Léa Troulard

Le chant des pistes parle de trois hommes, trois chasseurs d’ours qui se mesurent à l’immensité des montagnes, trois hommes qui n’ont peur de rien. Ils sont plus lumineux que les étoiles du ciel, ils ont la liberté des oiseaux et la puissance du feu. Leur chasse est un voyage à travers une nature majestueuse, comme une mère qu’ils respectent et défient, dans laquelle ils se fondent.

Pour les Amérindiens, l’ours est un double de l’homme, il représente le pouvoir et la connaissance, mais aussi la violence intérieure.
C’est cette dimension symbolique de l’ours que je souhaite retranscrire à l’image, car pour moi, Le chant des pistes est une quête. La quête d’un homme à la recherche de son double, à la fois allié mystérieux et puissant qu’il cherche à démasquer, et ennemi redoutable qu’il se doit de dompter.
La transformation de la forêt s’apparente aux visions provoquées par des plantes psychotropes, telles que l’ayahuasca ou le peyotl, plantes utilisées par les peuples amérindiens (entre autres) lors de rituels chamaniques de guérison.
Le voyage chamanique par les plantes est un voyage initiatique utilisé la plupart du temps dans le but de se connaître véritablement, de combattre ses peurs et ses démons intérieurs. Tout au long de ce voyage se retrouvent différents éléments : l’eau de la mer, le souffle du vent dans les arbres de la forêt, la lumière des étoiles, celle du feu. À travers ces différents pôles de la nature, l’homme avance et observe, cherche sa vérité. C’est en fusionnant avec un animal majestueux, parfois sauvage et libre, parfois compagnon de l’homme, que celui-ci se rencontrera finalement.
Cette transformation de l’arbre vers le cheval, puis de l’homme vers le cheval est pour moi une façon de souligner l’unité du vivant que l’on retrouve dans la culture amérindienne : le végétal, l’animal, l’homme ne sont qu’une seule et même chose.

Fondateur du groupe Kat Onoma (1986- 2002), guitariste et chanteur, Rodolphe Burger développe depuis 30 ans une carrière des plus originales.
À travers son label Dernière Bande, il fait paraître, outre ses cinq disques solos, plus d’une vingtaine d’albums qui témoignent d’une générosité créatrice qui l’a vu collaborer avec de nombreux auteurs et artistes, parmi lesquels ses amis et écrivains Pierre Alferi et Olivier Cadiot, mais aussi Alain Bashung, Jeanne Balibar, Françoise Hardy, James Blood Ulmer, Erik Truffaz, Rachid Taha, Ben Sidran et bien d’autres.

La Compagnie Rodolphe Burger développe depuis 2010 des créations de spectacles, dont elle assure également la diffusion : le Cantique des cantiques & hommage à Mahmoud Darwich, Hommage au Velvet Underground, In the land of the head hunters, musique live sur un film de Edward S. Curtis, Psychopharmaka (avec Olivier Cadiot), etc.
Un nouvel album intitulé Environs est paru en juin 2020.

Diplômée de l’École des arts décoratifs de Paris, le travail de réalisation de Léa Troulard oscille entre cinéma expérimental et documentaire.
Tout particulièrement intéressée par le rapport à la marge et à l’invisible dans nos sociétés, elle est inspirée par des cinéastes tels que Johan Van der Keuken, Ben Rivers ou encore Agnès Varda. Touche à tout, elle est également cheffe opératrice et monteuse sur divers projets.
En parallèle de la réalisation, Léa Troulard enseigne le cinéma expérimental à l'Université Paris 8 de Saint-Denis.