Bains publics

Enfants qui nage bains publics

Coup de coeur Mois du film documentaire en Bretagne

La réalisatrice Kita Bauchet nous invite à pousser la porte des bains publics d’un quartier populaire de Bruxelles. Nous y faisons la rencontre des corps, des histoires et des vies de celles et ceux qui viennent trouver ici un instant de répit et un exutoire de la piscine, ou le réconfort et l’intimité d’une douche. L’eau est le fil conducteur qui lie les portraits que nous offre la réalisatrice. Le grand bâtiment qui domine la place du marché aux puces apparaît comme un cocon bienveillant dans lequel chacun peut déposer au vestiaire les lourds habits d’un quotidien parfois difficile, laisser aller son corps au plaisir de la détente.

Les images, simples et pudiques, dressent le portrait humaniste de ce lieu aux mille visages et aux mille histoires qui évoluent dans un espace-temps hors du monde.

À travers quelques portraits de visiteurs, Bains publics nous rappelle l’utilité sociale de ces lieux pour des femmes, des hommes et des enfants qui n’ont pas accès au bien le plus élémentaire : l’eau.

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Édito : Léa Pradon
INTERVIEW

BAINS PUBLICS

de Kita Bauchet (2018)

65 ans après leur inauguration, les Bains de Bruxelles offrent toujours deux bassins de natation et des douches publiques aux habitants du quartier populaire des Marolles. Tourné dans l’enceinte de la piscine et de ses environs, le film montre des gens de toutes sortes qui s’entrainent, se lavent, se rencontrent, un mélange apparemment égalitaire mais bien plus complexe en réalité.

>>> un film produit par Guillaume Malandrin, Altitude100 Production

INTENTION

Au cœur des Marolles

par Kita Bauchet

marolle piscine

Avec Bains publics, je souhaitais faire un film, comme une chanson populaire. Je rêvais d’un film qui se joue à la croisée de la poétique et de l’engagement social, de l’humanisme et de la recherche formelle, de l’intimité du regard et de l’universalité des situations. Un film qui partirait d’un décor en apparence anodin, empreint de quotidienneté et qui ferait apparaître en pointillisme une vision plus large, plus ample sur l’absolu nécessité d’un tel lieu, à l‘instar des médiathèques, salles des fêtes, cinéma de quartier… Ce sont des lieux où l’on se croise, où l’on échange, des lieux de ressourcement et d’apprentissage, des lieux de brassage entre générations, populations et l’on voit bien aujourd’hui avec la crise actuelle de la Covid et les tensions communautaires à quel point ils nous sont essentiels, vitaux.


La piscine des Marolles, à Bruxelles, que j’ai choisi pour le film, est un lieu hors du temps, inchangé depuis 1953 car entièrement classé. Elle a la particularité d’offrir 2 bassins de natation, une salle de boxe, une autre de gymnastique mais également des douches publiques, on s’y sent comme dans une bulle, un cocon. En maillot, il n’y a plus les codes sociaux habituels, les barrières tombent. Le corps y tient une place centrale, qu’il soit exposé, « mis à nu » dans les bassins, fragilisé et caché dans les douches publiques, mis à l’épreuve et bousculé dans la salle de boxe.

Pour les nageurs, la piscine, c’est l’occasion de s’affranchir de la pesanteur d’un quotidien stressant, pesant, l’occasion de se retrouver, de s’offrir, longueurs après longueurs, une rêverie méditative ou au contraire un moment rafraichissant, tout en tonicité.

Pour les personnes privées du confort élémentaire, se laver, c'est vouloir d'une certaine façon préserver un contact social avec les autres, continuer de communiquer avec le monde. Le corps est le dernier bien qui reste à celui qui n'a plus rien, et c'est là le dernier endroit où il peut encore agir. Les douches publiques sont donc un lieu de (re)construction d'une identité, où l’espoir n’est pas éteint. C'est également un endroit où l'on vient trouver un soutien moral, quelqu'un avec qui discuter un moment. Viviane qui s’occupe de gérer l’endroit, travaille là depuis 10 ans, c’est un pilier de l’établissement. Elle tente de répondre à la solitude de certaines personnes en grande détresse affective et sociale, elle les écoute, leur distribue le journal et de petites attentions.

Je voulais me pencher sur ce lieu d’un Bruxelles en voie de disparition que je me figure comme un carrefour, une croisée des chemins, dans un quartier entre paupérisation et gentrification, où les plus marginaux sont accueillis au même titre que les autres en plein cœur de la capitale, alors que majoritairement les grandes villes occidentales les relèguent en périphérie, loin des regards. J’espérais avec ces portraits, ces parcours, ces vies, nous aider à dépasser certains de nos préjugés et nous rappeler que nous ne sommes jamais loin d'être à leur place. Enfin, je souhaitais que la charge sociale du film, loin d’être propagandiste, se dessine à travers l’intervention plastique sur l’espace, l’architecture du lieu, la symbolique de l’eau, les corps en mouvement et les histoires humaines, que chaque spectateur puisse trouver parmi tous ces contrastes et juxtapositions, son propre chemin de compréhension.

BIOGRAPHIE

Kita Bauchet

Kita Bauchet
© Yoan Robin

Après des études de photographie et un diplôme de réalisatrice à l’INSAS (Bruxelles), Kita Bauchet réalise des courts métrages de fiction, des œuvres vidéo et des documentaires. Elle se fait remarquer pour son film Violette et Framboise qui obtient le prix du Jeune espoir du cinéma puis pour Le temps d’un soufflé qui remporte le prix du Meilleur jeune talent francophone, suivront Violette au travail, Allez j’y vais ! et La fabrique de panique.


Après un détour par la télévision (RTBF, Arte), elle revient au cinéma en 2013. D’abord comme renfort accessoiriste sur les deux derniers épisodes de Panique au village de Stéphane Aubier et Vincent Patar. En 2016, elle réalise Une vie contre l’oubli, un documentaire sur l’œuvre du réalisateur André Dartevelle. Pendant trois ans, elle collabore avec Dérives, un atelier de production documentaire, accompagnant de nombreux films que ce soit comme productrice, tutrice en écriture ou chargée de promotion. En 2018, elle réalise Bains publics et s’attelle à l’écriture d’un essai documentaire tourné au Sénégal : Les gestes de Saint Louis.

REVUE DU WEB

Huis clos social

CULTUROPOING >>> Kita Bauchet dresse un portrait délicat, jamais misérabiliste, d’hommes et de femmes venant d’horizons bien différents ; en somme, un long métrage bienveillant et humaniste très personnel pour sa réalisatrice. Entretien avec une cinéaste qui se nourrit aussi bien du réel que de la fiction.
MOUSTIQUE >>> Kita Bauchet explore ce lieu de vie particulier dans un huis clos social où plusieurs personnages se livrent avec pudeur et émotion. Les plus démunis viennent y prendre des douches, les autres viennent se baigner, seuls, entre amis ou en famille.
CINERGIE.BE >>> Au cours d'un entretien très complet, Kita Bauchet parle de Bains publics, un documentaire qui montre la réalité tout en la sublimant, et qui rend hommage à la beauté des lieux.
OUEST FRANCE >>> Depuis le début du confinement, la piscine Saint-Georges est fermée. En revanche, pour permettre aux personnes sans abri de se laver, les bains douches restent ouverts les samedis et lundis matins.
PATRIMOINE BRUSSELS >>> Se laver et se baigner : deux activités qui se pratiquent dans des lieux séparés, mais qui n'en restent pas moins liées. Le Bain Royal les réunit pour la première fois à Bruxelles au sein d'un bâtiment unique. Retour sur l'historique des bains publics.

COMMENTAIRES

  • 19 Novembre 2020 05:19 - Anne Custine

    Très beau film plein de sensibilité et d’humanité.le bâtiment est magnifique également.Merci

  • 15 Novembre 2020 09:20 - GUERBER CAHUZAC

    Très beau !

  • 13 Novembre 2020 17:19 - guerbercahuzac

    j'ai vu ce doc en avant première lors des choix à faire pour notre médiathèque de Sené.
    cette femme m' émue tant par son humanité que par son humilité; son application à nettoyer les bains douches en même temps que reconforter les corps est d'une douceur infinie qui fait du bien à l'âme.

  • 9 Novembre 2020 16:58 - Jacquelinepoussier

    Superbe et emouvant

CRÉDITS

réalisation Kita Bauchet
drone R Smith, P Crutzen Diaz
vues sous-marines R Charlier, O Martin, B Hautenauve, B Nesin
son Bruno Schweisguth, Billy Miquel
assistants réal Bruno Nesin, Charlotte Delatte
montage V Leroy, K Bauchet, F Dupont, A Simonet, L Zabus
montage son Corinne Dubien

directeur de prod Ludovic Delbecq
administrateur de prod Hugo Deghilage
mixage Benoît Biral
musique originale Siegfried Canto
étalonnage Miléna Trivier
générique Sam Bodson
affiche Virginie Morgane

prod délégué Guillaume Malandrin, Altitude100 Production
prod associés Stéphane Malandrin, Franco Piscopo
en coproduction avec Versus Production, Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles, RTBF, VOO et BE TV
avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles et du Service public francophone bruxellois
avec la participation de la Région de Bruxelles-Capitales
avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge Inver Invest

Artistes cités sur cette page

Kita Bauchet

Kita Bauchet

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