Danse avec la machine

Thierry Micouin cover backline

Le danseur et chorégraphe Thierry Micouin se fait performeur avec la complicité de Pauline Boyer. Il se meut dans une arène circulaire bardée d’équipements électroniques qui captent et sonorisent ses mouvements. La pièce est dansée et jouée : un jeu de sonorités électro-acoustiques et d’images produites en direct. Une manière de se raconter, et de poser là un rapport au monde contemporain.

BACKLINE

par Hervé Portanguen (2018 - 4’ )

Avec cette installation chorégraphique, Thierry Micouin et Pauline Boyer évoquent la fragilisation de la frontière entre la sphère privée et la sphère publique par les nouvelles technologies, tout en approfondissant un sujet abordé dans Double Jack : celui de l’énergie punk-rock, de sa musique comme de ses images, vues comme possibilité de soulèvement.

>>> un reportage réalisé dans le cadre du festival Dañs Fabrik

INTENTION

Autofiction

La scénographie de Backline symbolise les moyens de communication actuels : téléphones, connexions Internet, réseaux sociaux, capteurs de données et d’informations qui traquent et pistent l’individu. Mais si, comme sur le web, les données générées par le danseur seront volées à son insu pour le manipuler, d’autres seront volontairement offertes par le danseur lui-même.
En effet, l’exposition de soi en ligne ne se fait pas de manière si naïve que ça, ni sans contrôle. On s’expose, on expose sa vie, on se cherche une identité, une augmentation de soi, une amélioration de soi. De la même manière que la plasticité du web permet de jouer plus fortement avec les modulations ou les transformations de l’image de soi que l’on projette, l’espace scénique n’est pas uniquement le symbole d’un abandon de l’intime mais aussi une démarche de construction de soi dynamique.
Autofictionnel, entre exposition impudique et exhibitionnisme, ce solo questionne les limites de l’identité et de l’intime en dévoilant une part de ce qui ne doit pas être montré.

BIOGRAPHIE

THIERRY MICOUIN

Thierry Micouin © Olivier Bertrand
©Olivier Bertrand

Après avoir fait une thèse de doctorat en médecine, Thierry Micouin se forme au théâtre puis à la danse. Il est notamment interprète pour Philippe Minyana, Mié Coquempot, Valérie Onnis. Depuis 2002, il collabore avec Catherine Diverrès en tant qu’interprète et vidéaste.
Parallèlement à son activité de danseur, Thierry Micouin développe un travail de création et de recherche sur l’image et la vidéo, présenté notamment au Centre Georges Pompidou à Paris. En 2006, il créé et interprète un premier solo, W.H.O. mêlant danse, vidéo et restitution de récits de vie pour aborder la question de l’identité sexuelle et la réalité du monde contemporain traversé par la violence des stéréotypes de genre.
En 2009, Lauréat du programme CulturesFrance - Hors les murs (Villa Médicis) il choisit New York comme résidence pour créer un projet autour de la prostitution masculine Men at work, go slow ! Cette création, à la fois installation vidéo et performance, s’inscrit dans le prolongement de ses recherches initiées avec W.H.O.


Sa rencontre avec Boris Charmatz en 2009 marque un nouveau pas dans son parcours artistique. Il conçoit Le Petit musée de la danse, présenté dans le cadre de l’exposition Brouillon. Il est interprète dans ses deux pièces, Levée des conflits et Enfant et assistant sur sa pièce, Manger.
En 2012, il est interprète dans Tragédie, pièce pour 18 danseurs d'Olivier Dubois et participe à l'exposition de Xavier Leroy, Rétrospective, présentée au Musée de la Danse dans le cadre du Festival Mettre en scène à Rennes. En 2016, il rejoint à nouveau Olivier Dubois comme interprète dans Auguri, pièce pour 22 danseurs.
À partir de 2014, il collabore avec la plasticienne Pauline Boyer. Ils créent Double Jack, projet qui aborde le thème de la masculinité, conçu pour deux interprètes et une installation interactive de cinq guitares électriques.
En 2015, ils créent la pièce Synapse dans le cadre du Festival Mettre en Scène à Rennes.
Artiste en compagnonnage au Manège de Reims pour les saisons 2016/2017, il y a présenté le solo Backline, toujours en collaboration avec Pauline Boyer.

BIOGRAPHIE

PAULINE BOYER

Pauline Boyer, chorégraphe

Plasticienne sonore, chercheur associé UMR 5319 Passages, Pauline Boyer est artiste et enseignante. Elle met en place des dispositifs sonores localisés, installations et performances qui explorent les possibilités d'émergence du musical. Sa position artistique prend corps autant dans l'élaboration d'un processus que dans celle de ses interfaces, fabrication de systèmes de relations entre matière, écriture, geste, au contact d'un matériau qui se compose en temps réel.

Maître de conférence à l'école d'architecture et de paysage de Bordeaux, elle y développe des pédagogies croisant les langages de l'art, de l'architecture, du paysage, pour nourrir les processus de création d'espaces d'altérité. Associée depuis 2013 à T.M. PROJECT, elle articule avec Thierry Micouin des environnements scéniques où se rencontrent le geste musical et l'embrasement des figures de contrôle. Ces instruments mettent en scène des étendues où se télescopent les vérités conditionnelles et les variations d'intensités, la récursion et l'impulsion, le geste et ses inhibitions. Un milieu sous tension qui abrite la mémoire vive des mouvements qui le traversent et le devenir des dérives suggérées. Ses installations et performances ont notamment été présentées au Festival des 38e Rugissants à Grenoble, au 104 à Paris, à la Biennale d’Art Contemporain à Rennes ou à la Nuit Blanche à Metz.

REVUE DU WEB

Exhibition rock

Le QUARTZ à Brest >>>

UNIDIVERS, Emmanuelle Paris Perrière >>> L’œil est un des thèmes centraux de Backline. Le plateau est rond avec un lino blanc et en son centre, comme un iris, on distingue des formes géométriques faites de traits noirs au sol et quinze micros tournés vers l’intérieur du plateau. Au-dessus de ce plateau-œil, et le recouvrant entièrement, un velum est comme une paupière. Tournés vers l’extérieur en direction du public, en bordure de ce plateau, des écrans de contrôle l’encerclent. Pauline Boyer se trouve également en bordure du plateau, à sa table de travail où elle mixe les sons que produit en direct le danseur Thierry Micouin.

COMMENTAIRES

    Artistes cités sur cette page

    Thierry Micouin portrait chorégraphe

    Thierry Micouin

    Pauline Boyer, chorégraphe

    Pauline Boyer

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