Rêve démesuré

gros plan marionnette géant - royal de luxe

Vous trouverez ici une belle occasion d’entrer dans les coulisses d’un des spectacles de rue les plus marquants de ces trente dernières années, celui de Royal de Luxe, la compagnie basée dans le quartier du Bas-Chantenay à Nantes, et dont le trait le plus saillant est de mettre en branle des marionnettes géantes dans des centres urbains du monde entier.
Le réalisateur Jean-Michel Carré saisit parfaitement la dimension technique et la poésie de l’entreprise, en marchant dans les pas de Jean‐Luc Courcoult, l’initiateur et metteur en scène de cette machinerie de haut-vol, issue de son esprit visionnaire et de son exigence sans faille.

Au fil des séquences, le film nous immerge dans cette compagnie d’inventeurs, cascadeurs, ferrailleurs et poètes tout à la fois, qui jouent leur vie à chaque instant jusqu’au bout de leurs forces.

Royal de Luxe c’est la fête des habitants, une communion populaire dans la démesure, un moment de douceur et de générosité, le luxe auquel il est fait allusion ici étant celui de rêver ensemble, les yeux grand ouverts.

FILM

ROYAL DE LUXE

de Jean-Michel Carré (2018 - 52’)

La compagnie Royal de Luxe, l'un des joyaux qui font la renommée culturelle française à l’international, investit des rues, des places de village, des villes entières. À chaque fois, elle y réalise une hybridation de magie, de parade, de happening, dans des spectacles d'une inimitable humanité. Pour la première fois, un film raconte le processus de création de cette troupe hors du commun.

>>> un film produit par Les Films Grain de sable, Tortuga Films et Les Films du Balibari

INTENTION

Entre mécanique et poésie

Scaphandrier - Royal Deluxe

par Jean-Michel Carré

Peut‐être n'est­-ce qu'une question d'âge ou une réflexion sur mon travail mais je me mets à m'intéresser plus que d'habitude à la création artistique, au point de vouloir en faire des films. Ici, le processus s'est enclenché grâce à la rencontre avec un être délirant, parfois exaspérant, timide et exubérant : Jean‐Luc Courcoult, créateur et metteur en scène de Royal de Luxe dont j'avais encore dans ma mémoire les premières créations à Toulouse puis à Nantes, avec son incroyable saga des Géants. De nos discussions est née l’envie d’un film. Dans toutes les villes visitées par Royal de Luxe, des citoyens convergent pour partager un moment de vivre‐ensemble, à travers une forme théâtrale à la fois déconcertante et accessible. Au-delà de leur manière d’être des Géants, magiquement proches des êtres humains, ce sont de multiples créations visuelles, sonores, pyrotechniques ou poétiques que questionne ce film. Avec le travail de cette troupe, on approche d’un imaginaire et d’un élan libertaire qui arrivent à toucher des publics issus de milieux et d’horizons culturels divers. C’est un retour à la tradition orale, vecteur de transmission intergénérationnelle, par le biais d’un conte qui offre une vision et s’enracine dans une sensibilité humaine partagée, tout en ayant une approche moderne du spectacle de rue. Il s’y mêle humour, transgression, émotion, fascination… De l’esthétique, du poétique, de la convivialité, du temps, de l’utopie, du rêve... Pressés les uns contre les autres, déambulant d’un quartier bourgeois à un quartier populaire, des centaines de milliers de personnes se retrouvent, par-delà les barrières sociales, à l’unisson dans l’essentiel : une enfance oubliée, un idéal de chaleur et de fraternité.


La troupe du Royal ne se présente pas comme une organisation pyramidale mais selon une série de cercles concentriques connectés les uns aux autres. De l’extérieur, cela peut se présenter comme une addition de clans séparés et parfois critiques les uns envers les autres. J’avais la volonté et le besoin d’être accepté par tous. J’avais aussi le désir de comprendre la substantifique moelle qui se trouvait dans la diversité et la profondeur de leurs créations, bien au-delà du bonheur et de la fascination que je pouvais ressentir en vivant le spectacle de l’intérieur. Je savais qu’il me faudrait de l’expérience, du terrain et de la complicité, tant pour eux que pour moi. C’est pourquoi, dès le début, je commençai à tourner pour, d’une part, apprendre les différentes chorégraphies et nécessités techniques du spectacle mais surtout pour qu’ils comprennent eux­ aussi mes impératifs cinématographiques, notamment celui d’entrer dans chaque groupe pour rendre compte de leur implication, de leur technicité et de leur créativité dans la globalité de la création. Que ce soit à Liverpool, Limerick en Irlande, Perth en Australie ou Anvers, à chaque étape, je pénétrais plus en avant dans la connaissance des gens du Royal, de leur travail, leur passion et leur place dans le spectacle. Peu à peu, comme je participais aux répétitions, les représentations ne durant que trois jours, chaque ville me permit d’être en phase avec un groupe différent et de me faire accepter. Dès mes premières approches, j’ai perçu que l’alliance entre mécanique et poésie, élément constitutif des spectacles de la troupe, serait un bon fil narratif pour le film, prenant en compte le rôle majeur des ingénieurs, bricoleurs de génie, des intermittents du spectacle et autres artistes. Tels ces lilliputiens ou manipulateurs de visage, jusqu’à une centaine, jouant des palans et filins, ou de joysticks pour faire vivre et exister ces marionnettes géantes qui deviennent aussi humaines que des comédiens en chair et en os. Au cinéma, il serait improbable d’envisager des films de fiction où les techniciens apparaîtraient sur le même plan que les comédiens tout au long d’un récit. C’est ce qui se passe pourtant avec les représentations de Royal de Luxe. Paradoxalement, c’est le cinéma, qui est d’ailleurs la seule discipline artistique que n’utilise pas Royal, qui offre la possibilité d’articuler et de faire dialoguer tous les éléments techniques et humains en jeu dans chaque création de ces représentations.

BIOGRAPHIE

Jean-Michel Carré

Jean Michel Carré

Jean-Michel Carré est un réalisateur français né à Paris en 1948. Enfant, il veut devenir chirurgien, mais l’adolescence lui apporte la passion du cinéma. Il quitte ses études de médecine pour rentrer à l’IDHEC (Femis), dont il sort diplômé en réalisation et prises de vue. Depuis près de quarante ans, à travers des films documentaires et de fiction, Jean-Michel Carré observe, dissèque, ausculte, enquête, témoigne et questionne la place de l’homme dans la société et ses dysfonctionnements, en France et à l’étranger. À son actif, une cinquantaine de films, projetés au cinéma ou à la télévision, et régulièrement primés dans des festivals français et internationaux.
En 1974, Jean-Michel Carré fonde la société de production et de distribution Les Films Grain de sable.

REVUE DU WEB

Une compagnie mythique

LE POINT >>> Après 10 ans d’absence, les créatures de Royal de Luxe étaient de retour à Nantes en septembre 2023.

FRANCE 3 >>> Retour sur l’histoire de la mythique troupe Royal de Luxe et leur saga des Géants.

OUEST FRANCE >>> Rencontre avec Jean-Luc Courcoult, fondateur de la compagnie Royal de Luxe à la veille de leur dernière représentation.

COMMENTAIRES

  • 21 Janvier 2024 11:37 - foubert

    Le plus beau spectacle de rue, quel beau souvenir au Havre, merci à Royal de luxe

  • 18 Janvier 2024 03:50 - Mauricette.hosmann@orange.fr

    Merci de me faire rêver.

  • 15 Janvier 2024 22:37 - Frédéric Kiener

    A quand un spectacle à Kiev, à Moscou et à Gaza financé par l'ONU ?

CRÉDITS

réalisation Jean-Michel Carré
image Basile Carré-Agostini, Mathieu Landry
son Jorge Maroto de la Fuente, Raphaël Bigaud, Marco Fania, Harry Zafrany

montage son Claude Langlois
étalonnage Sébastien Trempe
mixage Jean-Pierre Bisonette
musique Michel Augier, Benoit Jarlan

coproduction Films Grain de sable, Tortuga Films et Les Films du Balibari
avec la participation du CNC, de France Télévisions, de Ici Télé / Ici RDI et de France 3 Pays de la Loire

Artistes cités sur cette page

Jean Michel Carré

Jean-Michel Carré

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