Krismenn, l'album

krismenn live cover trans

La révolution Krismenn

En 2017, changement d'époque dans l'usage de la langue bretonne, comme si l'on était passé d'un coup du 19e au 21e siècle.
Krismenn est un acteur-clé de cette révolution, avec son album 'N om gustumiñ deus an deñvalijenn et la BA de Fin ar Bed, une série policière en langue bretonne qui s'inscrit également dans ce changement.
Krismenn avait déjà rappé en breton avec Alem, notamment aux Vieilles charrues de New York. Mais avec son album, il passe d’une tentative intéressante à une expérience concluante.
Un choc même, car le breton n’avait jusque-là pas fait irruption avec cet aplomb-là, à cet endroit-là, et cette transgression le déleste d’un coup de son statut de monument en péril. Enveloppant ses poèmes de climats musicaux qui n’ont rien à envier à ceux d’un Bashung, Krismenn prouve ici que le breton s'insère dans le contemporain. Son concert donné aux Trans Musicales l’amène à passer un nouveau cap, comme il en témoigne au micro de KuB.

BIOGRAPHIE

’N OM GUSTUMIÑ DEUS AN DEÑVALIJENN

Krismenn a tracé son propre sillon. Enfant de la gwerz et du kan ha diskan, il s’est converti à la composition de musique et de textes en breton et fait sonner cette langue comme nul ne l’avait fait auparavant.
À 35 ans, après avoir joué sur scène accompagné d’instruments acoustiques ou de human-beatbox et ayant une carrière internationale déjà bien lancée, Krismenn sort un premier album N om gustumiñ deus an deñvalijenn (S’habituer à l’obscurité) mêlant rap et chansons, musiques électroniques, field-recording et instruments acoustiques.
Portraits d’une terre délaissée, rencontres surréalistes et poésies étranges, ce nouvel opus dépeint un Kreiz-Breizh sombre et onirique où les hommes déchus cherchent la poésie dans ce qui reste.

PAROLES

Krismenn dans le texte

Pour ceux qui ne sont pas britophones, voici quelques bribes des paroles de S’habituer à l’obscurité, traduites en français. Les mêmes peuvent regarder le clip Lapoused Torret avec un sous-titrage en français.

Des rêves rouillés
Des bistrots fermés
La soif des sept péchés
Des cœurs desséchés
Des ivrognes damnés
De la peau affamée
Cherchant la chair comme des animaux endiablés


Ça aurait été plus facile de marcher droit sans regarder derrière
mais nous voilà sur des chemins couverts d’orties
Loin du bruit des tambours
Le soleil ne traverse pas les pins

De notre gouaille il ne reste que des restes
Comme des loups enragés nous irons jusqu’au bout
Nous adorons tout ce qui est acide et tout ce qui est fort

Le vin est notre morphine
Nous avons encore faim quand nous sommes pleins
Nos esprits réclament encore du grain

Je suis ivrogne depuis longtemps et je ne vais pas en m’améliorant
J’ai dépensé tout mon argent dans le cidre et l’eau-de-vie
J’ai dispersé mes sous, mes pièces d’or et d’argent
Je ne sais pas si le vin me tuera mais le whisky ça ne fait aucun doute

Laisse faire le silence
Laisse-le s’installer en toi
N’aie pas peur
Là où nous allons
Il n’y a ni guerre ni pluie
Dors maintenant
Tu deviens fou quand tu es épuisé
Va sur le dos de la chouette
Elle t’emmènera par-dessus les ronces
Par-dessus le loup
Demain le merle viendra tôt
Te chanter une chanson
Et te cacher dans les bois profonds

S’habituer à l’obscurité
Je voudrais être aveugle
Je tuerai ce qu’il reste du ciel
Pour embrasser la blancheur de son dos salé

REVUE DU WEB

La recherche du breton perdu

LES INROCKS, Jérôme Provençal >>> L’auteur-compositeur-interprète Christophe Le Menn a relevé le défi de rapper tout un album en breton.
Du hip-hop mâtiné de post-folk, le tout chanté en breton… Tout au long de ce premier album, dont le titre signifie en français s’habituer à l’obscurité, Krismenn montre de belles capacités vocales, du flow le plus âpre au chant le plus doux. Les paroles en breton semblent couler de source et, loin de heurter l’oreille, la séduisent et la stimulent, d’autant plus que les parties instrumentales, alliant souplesse rythmique et finesse acoustique, en accentuent encore la musicalité.

LE TÉLÉGRAMME, Julien Boitel >>> L'électro-rap « made in » Kreiz Breizh – ENTRETIEN
Depuis quand travaillez-vous sur ce projet ?
C'est l'aboutissement de sept ans de construction. Ça a pris du temps. En 2010, je commençais mon solo avec contrebasse, guitare, rap et beat box. Puis, il y a eu le duo avec Alem au beat box. Cet album est une assimilation de toutes mes expériences. J'avais envie de revenir à quelque chose de plus personnel, de montrer la musique qui me faisait, mes inspirations…

RFI, Bastien Brun >>> Krismenn, la recherche du breton perdu.
Krismenn a été l’une des très belles surprises des dernières TransMusicales de Rennes. Désormais en solo, il mêle des textes en langue bretonne à un blues très électronique. C’est aussi un collecteur de chants traditionnels qui se passionne pour la culture de sa région.


On l’avait déjà repéré au sein du duo Krismenn & Alem, mais c’est désormais en trio qu’il rappe. Avec un guitariste faisant hennir son instrument au bottleneck et un batteur qui lance des samples, Christophe Le Menn, a donc avancé doucement. Il a rendu l’atmosphère crépusculaire et puis joué sur la tension qu’il y a entre le hip hop et un blues empreint de sonorités électroniques.
J’habite dans un endroit vraiment sombre, en pleine forêt, explique le natif de Landerneau, dans le Finistère. Quand on va dehors et qu’il fait noir, on peut avoir peur, mais si on attend, on commence à discerner les formes. 'S’habituer à l’obscurité', c’est prendre le temps que les repères se fassent.
Ses arrière-grands-parents et ses grands-parents parlaient le breton, tandis que ses parents ne le parlaient plus. Marqué par cette "rupture linguistique", le futur Krismenn s’est initié à la musique au bagad de Plougastel, intégré à l’âge de dix ans. C’est en voyant des chanteurs en fest-noz, les fêtes bretonnes, qu’il a eu envie de faire la même chose.
Il a aussi glané des chants traditionnels auprès des vieux et beaucoup écouté les archives de l’association Dastum, qui collecte le patrimoine oral breton. Fasciné par ces enregistrements, il s’est concentré sur le terroir de Poullaouen, où il vivait alors. L’écoute des Lomax recordings, ces compilations de vieux blues américains collectés par le célèbre ethnomusicologue Alan Lomax à partir des années 30, a prolongé cette quête.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    CAPTATION

    Culturebox - Sombrero
    Pias / World Village / Harmonia Mundi

    INTERVIEW KuB

    entretien et prise de vue Hervé Portanguen
    montage et son Pauline Lacotte

    Sujet Le Grand BaZH.art

    par Clara Luce Pueyo

    Artistes cités sur cette page

    Krismenn

    Krismenn

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