Chi Ci Talia ?

Chanteur devant fanfare Chi Ci Talia Crimi

Après son clip pour Super Parquet (Adieu), il est intéressant de voir Tangui Le Cras, fils d’agriculteurs bretons, attiré par les musiques tradi-actuelles et auteur-réalisateur de Je ne veux pas être paysan, récidiver.
Il est encore question dans Chi ci talia ? de séparation, de rejet et Tangui y voit encore une métaphore de nos déracinements et de la nécessité de renouer, de faire la paix, d’être fiers de nos cultures régionales, celles de nos ancêtres. Aucun repli identitaire dans sa démarche, puisque les artistes qu’il gratifie de sa bienveillance sont de partout, pourvu qu’ils soient nourris de ce qui les a mis au monde.
La musique de Crimi relie, comme Krismenn en Bretagne et Super Parquet en Auvergne, le traditionnel au contemporain. Elle n’a rien oublié de ce qui l’a précédée, elle a les oreilles grandes ouvertes sur les inflexions et les métissages de la world, pourvu qu’elle soit de quelque part.

CLIP

CHI CI TALIA ? de Crimi

un clip réalisé par Tangui Le Cras (2021 - 7’)

un clip produit par Jean-François Le Corre et Julien Princiaux pour Vivement Lundi ! et Airfono

INTENTION

Réappropriation de culture

par Tangui Le Cras

Chanteur devant fanfare Chi Ci Talia Crimi

J’ai écrit et tourné Chi ci talia ? comme s’il s’agissait de ma propre culture, avec un regard tantôt rieur, tantôt supérieur. Chi ci talia ? signifie littéralement pourquoi tu me regardes comme ça ?. Au départ c’est une chanson qui parle du rejet amoureux. Je l’ai transposée à l’endroit de nos origines et de nos différences culturelles, c’est pourquoi j’ai choisi d’introduire et de conclure ce clip par cet air de procession funèbre sicilien. Mon regard en caméra subjective incarne le voyeur, le touriste. Les personnages décident de le défier, de le repousser, relevant ainsi la tête. C’est un appel à la décence et à plus de tolérance. En y travaillant, j’ai pensé à la grand mère sicilienne de Julien, exilée en France, où elle a enfoui sa langue, sa culture, pour une nouvelle vie. À ma grand mère bretonne aussi, plouquifiée par sa langue et son mode de vie rural, à qui on a imposé de ne pas transmettre.


En bout de chaine il y a nous, les petits enfants qui cherchent à se ré-approprier ces cultures reléguées par le centralisme.
Le tournage a eu lieu à la Perrière, dans l’Orne. Je cherchai du relief et un bled qui ne permette pas de savoir où cela se passait, sans repères architecturaux ni d’époque. Les neuf musiciens (dont Julien), sont ceux de Circa Tsuica du Cheptel Aleïkoum. J’avais choisi d’introduire et de conclure ce clip par cette nenia funèbre, qui incarne les rites culturels, aussi il me fallait des acteurs qui soient aussi musiciens pour pouvoir travailler en musique diégétique. Ils ont été fabuleux, trois jours de répé musique et mise en scène auront suffi.

BIOGRAPHIE

Crimi

Crimi
© Marion Bornaz

Crimi, c’est une affaire de soul qui ruisselle, une certaine idée du groove qui suinte, à la manière des productions du raï poreux de toutes les influences ou du funk poisseux de la Nouvelle Orléans, sans gommer les passages moins pied au plancher, du style plus mélancolique. C’est avant tout une histoire personnelle, celle d’un gamin grandi à Lyon dont la grand-mère sicilienne fredonnait des airs immémoriaux. Ce sillon, le saxophoniste et chanteur Julien Lesuisse fertilise dans cette formule qu’il aime baptiser soul de Sicile. Crimi, c’est aussi une volonté de refaire vibrer la tradition à travers des chansons originales, des mélodies bien troussées, portées par un son de groupe, du genre sans étiquette. Tous au diapason de cette bande-son tradi-moderne, tout à la fois très codée et très libre.
Après s’être rodé en concert, Crimi publie en mars 2021 un premier disque chez Airfono intitulé Luci E Guai.

BIOGRAPHIE

Tangui Le Cras

profil Tangui Le Cras

Après un baccalauréat agricole, Tangui Le Cras s’oriente vers les métiers de la culture et lie territoires et musiques populaires à sa démarche. Il se forme alors à plusieurs métiers du spectacle vivant, production, régie, communication et multiplie les expériences dès 2002 dans différents festivals bretons (Fisel, Vieilles Charrues, Trans Musicales). Depuis 2011, il partage son activité entre l’accompagnement professionnel d’artistes musiciens et la régie et productions d’événements.
En 2018 il réalise son premier film documentaire, Je ne veux pas être paysan, écrit avec Anne Paschetta. Produit par Vivement Lundi! et France Télévisions, ce 52 min est récompensé à plusieurs reprises, recevant notamment une étoile de la SCAM en 2019.
En 2020, il réalise son premier film musical pour Super Parquet, Adieu. En parallèle il débute l’écriture d’un nouveau film documentaire.

REVUE DU WEB

Richesse de la Méditerranée

FIP >>> La chanson sicilienne part toujours du point de vue de celui qui chante, mais c’est aussi une poésie atemporelle qui parle à tous, rappelle Julien Lesuisse qui, accompagné de son trio de jazzmen nomades revisite, réécrit parfois, l'essence de cette tradition chantée qui vous touche l'âme.
RADIO NOVA >>> Dans Mano d’Oro Crimi chante la solitude des immigrés siciliens venus travailler dans le nord de l’Europe, le tout dans le dialecte bien sûr, mettant en lumière le lien évident entre les sensibilités trans-méditerranéennes, de Palerme à Oran.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    musique Crimi
    réalisation Tangui Le Cras
    images et montage Tangui Le Cras, Antoine Cognet

    label Airfono
    production
    Jean-François Le Corre, Julien Princiaux
    avec le soutien du Centre National du Cinéma et de l’Image animée

    lieu de tournage La Perrière (61)

    Artistes cités sur cette page

    Tangui le Cras ©Laurent Franzi

    Tangui Le Cras

    Crimi

    Crimi

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