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Di#se

2002

En musique, le dièse élève une note d’un demi-ton. Une petite hauteur supplémentaire qui fait toute la différence. C’est ce que DI#SE s’efforce de faire dans sa musique : apporter sa touche, sa singularité pour changer la donne, et élever son premier album, Parfum, à la hauteur des espérances placées en lui. C’est chose faite. Désiré Eba Tolo, de son vrai nom, n’a que 17 ans. Mais la maturité dont il fait preuve a bluffé tout le monde dès son second concert, celui qui lui a ouvert les portes de la finale nationale du Tremplin Buzz Booster qu’il a remportée haut la main en 2017.

Depuis, DI#SE a travaillé, s’est entouré d’une équipe veillant à ce que sa précocité musicale et intellectuelle ne l’égare pas, et soit condensée dans sa musique. Rappeur, chanteur, auteur, ambianceur… ses facettes sont nombreuses, et se retrouvent toutes dans Parfum. Un album qui porte le rap dans son ADN, mais qui va bien au-delà. Né à Yaoundé, DI#SE est vite venu s’installer en Bretagne, où il a grandi avec MC Solaar, Stromae, puis Nekfeu ou Damso. La trame commune de ces références ? L’application dans l’écriture. Le jeune artiste y veille en permanence, et si l’on tend bien l’oreille, on retrouve un peu d’eux dans Parfum.

Sa précocité se révèle notamment sur scène, où il est accompagné de Romain Jovion, batteur surdoué qui allie batterie acoustique et pads électroniques. Un duo bluffant et une configuration qui fait office d’équilibre entre la trame rap de sa musique et les morceaux plus chantés, plus mélodiques et massifs. Ceux qui l’ont vu lors de ses concert s’en souviennent. Il a remporté le Prix des Inouis du printemps de Bourges 2019 avant d’être sur les scènes des plus grands festivals d’été en France et à l’étranger. Prouvant sans cesse son talent, Désiré a également intégré les dispositifs d’accompagnements Label Charrues et Chantier des Francos, s’imposant ainsi comme le nouveau génie du rap français.

DI#SE l’explique : Il y a ce que je dégage au premier abord, et derrière, un mélange de résilience, des sentiments que je décris tout au long de l’album. Mais je suis très lucide. Je pourrais tomber dans le cliché du rappeur sûr de lui qui a des fêlures, mais ça n’est pas ce que je veux dire. C’est bien plus complexe.

Dès le premier titre de l’album, Génie, il met en exergue la différence entre sa vie d’artiste et celle qu’il mène au quotidien, lui qui a choisi d’arrêter les cours en même temps que l’un de ses beatmakers attitrés, Tristan Delhostal, pour mieux se plonger dans sa musique. Le beat est rap, définitivement, mais la palette vocale est bien plus large. Idem sur Faible, où il scande : J’me suis façonné l’ossature d’un génie simplement parce que je manque de considération / J’ai tout inventé ce qui pourrait forcer ton admiration. Le paradoxe, encore. La dualité de Parfum réside dans l’homogénéité entre ces titres rap et d’autres, moins qualifiables, plus chantés. Quand je rappe, je peux être plus futile car les mots sont très incisifs. Mais dans des morceaux comme N’dolo, JMA ou Visage, où la plume se fait plus légère et le chant plus dominant, chaque mot compte, et est plus lourd, paradoxalement. Visage, le plus personnel de l’album ; N’dolo, aux rythmiques et sonorités salsa urbaine ; JMA, plus effréné, plus volumineux. Des titres composés par son batteur, Romain Jovion, qui complète un duo de beatmakers ultra complémentaire. Caroline, ###, Noir, Burnout ou encore Lésion, en duo avec la jeune Angie André, contribuent à élever l’intériorité, l’harmonie et la profondeur de Parfum. N’est-ce pas ce qu’un dièse est censé faire ?