Ce qui se joue la nuit

Brossard BCUC Ce qui se joue la nuit

Yo !

Le film haletant de Damien Stein embrasse deux sujets qui nous tiennent à cœur ici à KuB : la diversité infinie des expressions artistiques et la place essentielle des publics dans les processus de création.
Ce qui se joue la nuit
nous fait passer une heure dans le sillage de l’inépuisable Jean-Louis Brossard, LE directeur artistique des Trans Musicales depuis bientôt 40 ans, et de quelques membres de son équipe, principalement Béatrice Macé, celle qui tient la maison.
De sa recherche continuelle de nouveaux sons, de nouveaux groupes, dans les salles les plus reculées d’Europe, jusqu’au cinq jours fatidiques de la grand’ messe annuelle à Rennes - au Parc expo et à l’Ubu - ce qui frappe, c’est l’inusable curiosité du bonhomme qui s’émerveille comme au premier jour de ses découvertes ; c’est aussi sa générosité qui le pousse au contact de ceux qu’il estime prometteurs, pour leur inoculer la confiance qui les amènera à s’accomplir, aux Trans !
Stein ne se lasse pas de montrer les accolades dont Brossard gratifie son monde, distillant son humanité, son amour de la vie, son goût pour toutes les formes d’altérité.

CE QUI SE JOUE LA NUIT

Un documentaire Damien Stein (2017-52')

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Pendant un an nous mettons nos pas dans ceux d'un programmateur de festival de musique parmi les plus connus. Jean-Louis Brossard a été le premier à faire venir en France Nirvana, Björk ou encore Stromaë. Il nous fait entrer dans les coulisses des Trans Musicales de Rennes.

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PERFORMANCE

J'ai pas envie d'arrêter

Les rues de Rennes défilent derrière la vitre de la voiture, une cigarette se consume dans sa main, sa vie défile dans sa mémoire… magnifique travelling en plan séquence de 13 minutes, où Béatrice Macé, co-fondatrice et co-directrice des Trans Musicales, raconte à Damien Stein comment son parcours s’est tramé avec celui du festival, dans ses dimensions humaines, sociales et culturelles.

PORTRAIT

Jean-Louis Brossard en Trans

1. Les bises > Jean-Louis Brossard est un performer du bisou, cela n’a pas échappé à Damien Stein qui rend hommage à cette généreuse pratique.
2. Le meilleur et le pire > Jean-Louis Brossard se souvient de son meilleur souvenir des Trans, et de son pire aussi.


JLB, vu par Damien Stein

Il se reconnaît au premier coup d’œil, revêtu de son éternelle parka, souriant, les cheveux blancs depuis qu’il a la trentaine, il marche vite et fume cigarette sur cigarette et se fait arrêter dans sa course tous les dix mètres.
Tous les professionnels savent qui il est, mais Jean-Louis Brossard n’est pas un personnage public. Loin de là. Il participe au jeu des médias comme il se doit, répondant sans sourciller aux éternelles questions sur les nombreuses rencontres d’artistes devenus stars. Il redouble d’intérêt quand on le questionne sur sa programmation de l’année. Avec son équipe, à chaque fois, il fait des paris, jette son dévolu, prend des risques. Quand un groupe qu’il a programmé ne rencontre pas le succès escompté, ça le touche.
Une programmation est un calcul savant prenant en compte les horaires de passage, le style musical d’un groupe, l’affluence estimée, sans oublier un facteur aléatoire : le goût du public. Jean-Louis n’a pas la prétention d’en imposer, mais chaque année une sorte de contrat se met en place avec les spectateurs. Souvent sans savoir ce qu’ils vont voir, les festivaliers se déplacent. Les Trans affichent complet presque tous les ans, ce qui atteste d’une grande confiance dans les choix de l’équipe de Jean-Louis. Et ça ne s’arrête pas là.


Les Trans Musicales sont un festival de découvertes. Des programmateurs viennent de toute la France, et même au-delà, pour prendre la température. Il suffit de se pencher sur les programmations des autres festivals de l’année, mais aussi des salles de concert de moindre envergure, pour se rendre compte qu’un pourcentage conséquent des artistes sélectionnés aux Trans fait un tour de France des concerts dans l’année qui suit.
Jean-Louis est à la ville comme au travail : paroles franches, sans fioriture. Les relations qu’il établit avec les artistes sont simples, d’emblée. Il les traite comme des collaborateurs, mais aussi comme les membres d’une grande famille. Sa ligne de conduite pourrait être : pour que les choses soient simples, sois simple face aux choses.
JLB est conscient de son magnétisme. L’image du type qui se joue de la reconnaissance est une excellente touche pour qu’on parle de lui. Et justement, il apporte cette image au festival. Un évènement qui devient in puisque hors codes du m’as-tu vu.
Beaucoup d’artistes bancables sont manifestement habitués à des traitements de faveur. Pas aux Trans où tout le monde est logé à la même enseigne. Un certain standing certes, mais communautaire. Il faut se retrouver au milieu des loges principales pour prendre la mesure de l’ambiance qui règne dans les backstage : un grand espace parsemé de canapés, de tables et chaises, d’un grand buffet et même d’un baby-foot.
Tout autour, des bungalows en bois comme autant de loges s’ouvrant sur ce même lieu. Les artistes se croisent avant et après leurs concerts. L’équipe du festival a une partie de ses bureaux à cet endroit. Jean-Louis est également installé dans une de ces loges. Il n’est pas rare de le voir jouer au baby-foot avec un des groupes.

TÉMOIGNAGE

Du fantasme à la réalité

groupe anglais Ce qui se joue la nuit

par Damien Stein

L’an dernier, un peu avant les Trans Musicales, je vois passer un article de presse qui annonce L’homme au meilleur job de France à propos de Jean-Louis Brossard. Malgré l’évidente volonté accrocheuse du titre, une question m’interpelle : derrière la figure mythique du programmateur il y a une équipe bien sûr, mais aussi un homme. Qui est-il ? Pourquoi est-il l’homme au meilleur job de France ?
Ma toute première approche de ce projet s’est faite sans véritable calcul de ma part : l’an dernier, pour le festival, je réalise les teasers annonçant les concerts ; je dois aussi couvrir le festival pour faire ce qu’on appelle des live report, un compte-rendu quotidien des concerts et ambiances dans les halls du parc expo. Pour des raisons obscures de partenariat, je suis libéré de cette tâche. Je vais pouvoir me balader dans le festival à mon gré.
Mon intention première tend vers un objet expérimental, assez brut, sans paroles, comme une fuite en avant musicale en forme de documentaire. Je pense de façon évidente à suivre Jean- Louis dans les coulisses. Sa chargée de la communication me répond que je peux toujours essayer de soumettre l’idée à Jean-Louis, mais sans grand espoir. Comme la majorité des programmateurs, il refuse systématiquement les propositions de film durant le festival, ne voulant pas que ses relations avec les artistes soient faussées par la présence d’une équipe de tournage dont il devra sans cesse justifier la présence.


Prenant cet avis pour un conseil, je tente quand même ma chance et confie à JLB mon envie de le filmer, seul, sans preneur de son ni micro-cravate, tâchant de me faire le plus invisible possible. On décide de faire un essai durant un concert avant les Trans. À la fin de la soirée, il m’avoue n’avoir pas senti ma présence de la soirée. Notre contrat vient dès lors de prendre effet.

Je vais avoir la chance immense de suivre l’homme, qui en France, a fait venir, avant tous les autres, certains des plus grands groupes de rocks au monde.

Durant un weekend des plus absorbants j’ai suivi une fusée discrète, un raz de marée silencieux. Toujours quelques mètres en arrière, essayant parfois de le devancer pour anticiper ses arrêts en bords de scène, je capte quelques moments d’échanges avec les artistes, percevant un profond respect mutuel entre des musiciens qui savent la chance qu’ils ont d’être là, et Jean-Louis, qui vit par et pour ces personnes.

Le week-end se termine, je n’ai pas trouvé l’angle expérimental que je cherchais. En lieu et place, j’ai commencé à saisir la personnalité de Jean-Louis. Naturellement, je lui propose de continuer à le filmer, selon les évènements qui se profilent, sans pour autant décider d’aller jusqu’aux prochaines Trans. Mais plus j’avance, plus je découvre de facettes. Il faut continuer.

Dans une autre vie, j’étais musicien. Un musicien qui n’a jamais vraiment connu la scène. Jouer pour les autres est toujours resté un fantasme. Les festivals, avant d’habiter à Rennes, je les ai vécus grâce à la télévision. Les quelques reportages qui vous dévoilent ce qui se passe en bord de scène avaient un goût de mystère pour le jeune collégien que j’étais, vivant d’abord dans un village corse puis dans une toute petite ville près de Montpellier. Je n’avais alors aucune conscience de la machinerie qu’il pouvait y avoir derrière chaque concert et surtout que le choix des artistes était le fruit d’un processus bien plus complexe qu’il n’y paraît.

BIOGRAPHIE

DAMIEN STEIN

Damien Stein bio copie

Damien Stein a d'abord passé quatre ans en Arts du Spectacles à la fac de Montpellier puis de Rennes, il en retire une forte connaissance cinéphilique, et une envie redoublée d’allier théorie et mise en pratique. Au sortir de cette expérience, il passe les années suivantes à découvrir les différents postes du cinéma : électro et décorateur sur des moyennes et grosses productions, cadreur pour de nombreux projets indépendants, ingénieur du son sur un documentaire tourné en Chine, assistant réalisateur, directeur de production sur des fictions télé...

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COMMENTAIRES

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