Pierre-Emmanuel Barré, le show

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Gentleman trash

La drôle d’humeur, c’est le titre des chroniques politiques hebdomadaires de Pierre-Emmanuel Barré dans l’émission La bande originale de France Inter. Une humeur caustique, salace, ordurière même, assénée sans relâche durant quatre minutes, et ponctuée de soupirs, d’indignations complice de Nagui. Est-ce drôle ? À chacun d’en décider. L’expérience mérite d’être tentée et approfondie, pour se hisser à la hauteur de l’écœurement qu’inspirent à Pierre-Emmanuel Barré les turpitudes de la vie politique.

Voici, dans le cadre de notre partenariat avec Sorties de secours, un entretien d’Isabelle Nivet avec Pierre-Emmanuel Barré à l’occasion de la représentation des Insolents, à l’Ellipse de Moëlan le 1er avril 2017, avec Antoine Schoumsky, Blanche, Aymeric Lompret & Dédo.

LES INSOLENTS, SPECTACLE

Les Insolents, c’est revendiquer la pertinence de l’impertinence. Et réciproquement, bien entendu... On passe du trash à l’absurde, du stand-up aux personnages, du délicat décalage à l’humour noir qui grince. Histoire de bien mettre les poings sur les «i» de l’Incorrection, de l’Insolence, l’Impertinence et de l’Irrévérence.

ENTRETIEN

DRÔLE ET NO LIMIT

Pionnier de l’info culturelle en Bretagne Sud, Sorties de secours existe depuis quinze ans. Avec l’arrivée d’une nouvelle équipe, Sorties de secours change de formule et devient une revue. Guide culturel via un agenda exhaustif, « augmenté » par des chroniques, des portraits, des critiques et des conseils. Un journalisme sensible et engagé, exigeant sans être radical.
Voici l'entretien réalisé par Isabelle Nivet pour Sorties de secours

Pierre-Emmanuel Barré est drôle et no limit. Il taille, allume, dégomme, assassine, dézingue tout. Sans tabou, sans censure, sans frein, il a le trash classe. Il partage le plateau avec Antoine Schoumsky, Blanche Gardin, Aymeric Lompret et Dédo dans Les Insolents. Interview réalisée par mail.

Vous êtes né à Quimperlé. Pensez-vous que le fait que vous parliez aussi vite a un lien avec votre enfance ?

Oui, à Quimperlé, tout le monde parle très vite, parce qu'on sait que c'est peut-être la dernière fois qu'on parle, c'est l'école de la street. Il y a de nombreux gangs qui sévissent dans la région. Comme j'ai habité à Moëlan sur mer, je faisais partie du gang de Gare la Forêt. On a tous une sardine tatouée sur le coeur, on ne plaisante pas. Pour rejoindre le gang, l'épreuve est simple, à 8 ans, on te donne une galette de sarrasin, tu dois l'élever, la voir grandir, créer une vraie relation père-galette. Et à 18 ans, le chef de gang t'oblige à la manger pour prouver ton attachement au gang.

Vous avez fait une chronique le 24 janvier sur les abattoirs, où vous citez Charal. Auriez-vous vécu une expérience personnelle chez Bigard, à Quimperlé ? Cela a-t-il un lien avec le fait d'être aujourd'hui végétarien ?

Oui, quand j'étais petit, on allait chercher des yeux de bœuf pour les disséquer avec mon frère. C'est comme un œil d'humain en plus gros. Quand je ne les disséquais pas, je les utilisais pour faire peur à ma cousine, je les cachais sous son oreiller, et en pleine nuit, j'allais la réveiller en hurlant "Réveille toi salope ! On va tous te violer !". L'oeil ne servait à rien, mais on rigolait quand même.

Votre mère est psychiatre. Lequel des deux Barré a le plus influencé l'autre ?

Parle pas de ma mère ou je viens mettre un œil de bœuf sous ton oreiller.

Pourquoi avoir quitté Quimperlé alors que vous auriez pu reprendre le cabinet de votre mère et pousser des gens au suicide ? (Remarquez, vous le faites déjà, mais en vrai c'est quand même plus marrant)

Une sale histoire de gang. Le 18 mars 1997, alors qu'on se dirigeait vers Kertanguy avec mes gars de Gare la Fo, on est tombés sur le gang de Langadoué, qui s'était allié avec les hommes de Kerpinvic. La bataille a été longue, mes frères mourraient par dizaines lorsqu'à l'aube, au bout de la vallée on entendait le son d'une corne, d'un chef ennemi qui rappelait toute sa horde. Je ne comprenais pas tout le chemin qu'ils avaient fait pour en arriver là, quand mon regard se posa tout autour de moi, j'étais le seul debout de la tribu voilà pourquoi.


Quel est l'intérêt d'être parti sur France Inter alors que vous auriez pu entrer à Radio Méduse ?

Je voulais commencer par un petit média, histoire de me faire la main. France Inter, c'est une entreprise à échelle humaine. Sur Radio Méduse, avec l'open space et le management à l'américaine, on perd en spontanéité. C'est une énorme machine.

Selon Wikipédia, vous avez joué du Shakespeare, Richard III, puis dans On purge bébé, un Feydeau, enfin dans Toc et dépression très nerveuse d'Augustin d'Ollone. Faut-il y voir une métaphore de votre vie ?

Il ne faut pas croire tout ce qu'on lit sur internet. Une fois, j'ai lu qu'Emmanuel Macron était de gauche. Internet, c'est très bien, si on n'oublie pas que ça sert avant tout à se masturber.

Votre dernier spectacle s'intitule Pierre-Emmanuel Barré est un sale con. Votre mère n'a pas réussi à vous faire travailler l'estime de soi ?

On a surtout travaillé sur la recherche du sur-moi, et je crois qu'on l'avait trouvé avec ce spectacle. Aujourd'hui, je viens avec un spectacle qui s'appelle « Nouveau Spectacle ». C'est très terre à terre, mais ça va être ennuyeux au moment du prochain spectacle. A moins que je l'appelle « Prochain Spectacle » mais les gens ne viendront pas, ils se diront « Ah, ben on a le temps ».

Vous allez partager le plateau de Moëlan avec Blanche Gardin. Elle a le profil idéal pour entrer dans votre famille, dépressive et névrosée. Comptez-vous la présenter à votre mère ?

Bien sûr, on va surement tous aller dormir à la maison, ma mère a prévu une activité Lexomil le soir, et le matin, on prendra des grandes tartines de Tranxène pour commencer la journée du bon pied.

Et la meilleure pour la fin : est-ce que vous vous faites rire, ou êtes-vous profondément désespéré ?

Je me fais rire quand je me prends par surprise, du coup, quand je sens que je vais avoir une bonne vanne, je me bouche les oreilles, je la dis à quelqu'un sans écouter et je lui demande de me la répéter après.
Mais parfois, elle est nulle et alors là, je suis profondément désespéré.

MÉDIAS

Animée par Anne Sophie Lapix, l'émission CàVous décrypte l'actualité sur France 5, et ici en l'occurrence celle du personnage composé par son invité : Pierre-Emmanuel Barré.

BIOGRAPHIE

PIERRE-EMMANUEL BARRÉ

Après deux années de biologie, il abandonne l’université pour les cours Florent. Il s’essaye d’abord au répertoire classique, de Shakespeare à Hugo en passant par Molière ou Musset, mais se dirige naturellement vers la comédie contemporaine. Très vite, Pierre-Emmanuel écrit ses propres textes : un premier one man show en 2007 puis une pièce : Full Metal Molière qu’il co-signe avec Bruno Hausler et un deuxième one man show en 2011: Pierre-Emmanuel est un sale con. Il collabore à de nombreux projets artistiques en tant qu’auteur : Les Nouveaux Insolents avec Redouanne Harjane et Guillaume Meurice, Juste pour rire de 2011 au Bataclan, ou encore Le Point Virgule fait l’Olympia, où il officie en tant qu’auteur et maître de cérémonie. Chroniqueur à France Inter depuis 2012, il traite de politique et d’actualité avec cynisme en attendant la troisième guerre mondiale.

Retrouvez toutes les chroniques de Pierre-Emmanuel Barré en podcast sur le site de France Inter.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    LES INSOLENTS

    avec Pierre-Emmanuel Barré, Antoine Schoumsky, Blanche, Aymeric Lompret, et Dédo, présenté par Bruno Hausler.

    Artistes cités sur cette page

    Pierre-Emmanuel Barré

    Pierre-Emmanuel Barré

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