Irène Frachon, héroïne contemporaine

Operation à coeur ouvert, Claire Tabard - mon coeur

Dans Mon cœur, Irène Frachon s'adresse à des représentants de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire : Le principe de précaution existe, ce sont les patients qui devraient en bénéficier ; là j’ai l’impression que sont les laboratoires Servier qui sont protégés.
Le combat de cette pneumologue contre le géant pharmaceutique, sa ténacité devant l’inertie de l’administration, sa compassion pour les malades, tout cela fait d’Irène Frachon une héroïne des temps modernes, un personnage exemplaire et inspirant pour ceux qui racontent le contemporain : journalistes, écrivains, metteurs en scène de théâtre, de cinéma.
Après La fille de Brest, voici donc les méfaits du Mediator portés sur scène puis transposés dans une création audiovisuelle, aux frontières du théâtre et du téléfilm. Une représentation édifiante et émouvante de l’histoire et de ses protagonistes.

MON CŒUR

de Pauline Bureau (2018)

C'est le combat d'une femme qui sauve des cœurs. Un des plus gros scandales sanitaires français raconté par trois personnes touchées à différents niveaux par le médicament tragiquement connu sous le nom de Mediator. Un texte qui passe subtilement du rire aux larmes et des planches à l'image.

Bouleversée par le combat d'Irène Frachon, l'autrice et metteuse en scène Pauline Bureau a rencontré les malades et les professionnels de la santé concernés pour restituer leurs témoignages dans une pièce poignante et captivante. Une enquête humaine, une lutte courageuse pour ceux qui ont eu la douleur d'être confrontés à ce poison déguisé en remède.

>>> un film produit par Oléo Films, avec Culturebox

INTENTION

Pour que les vies fracturées laissent une trace

mon-coeur-cicatrice scandale mediator

par Pauline Bureau

Été 2014, j'entends Irène Frachon à la radio. Son courage et sa détermination me touchent.
Une héroïne d’aujourd’hui comme j’ai besoin d’en voir sur les plateaux de théâtre. Je la rencontre. Elle me parle de son combat. Des malades pour qui elle se bat avec acharnement. Elle est émue. Toutes les cinq minutes, elle reçoit des messages de patients qui lui donnent des nouvelles, racontent leurs examens, leurs expertises. Elle est là pour eux. Plusieurs fois, en parlant, elle a les larmes aux yeux. Elle me donne les coordonnées de victimes du Mediator. Je vais à leur rencontre, chez eux. Paris, Lille, Marseille, Carcassonne, Dinard...
À mon tour, je suis profondément remuée quand ils me racontent. Certaines femmes sont jeunes. L’une d’entre elles avait mon âge, 37 ans, quand elle a été opérée à cœur ouvert. Je rencontre un des avocats qui les défend.


Je m’intéresse au droit des victimes dans notre pays. Ça me passionne. J’écris. Beaucoup. Beaucoup trop. Je dois choisir ce que j’ai envie de raconter. Irène m’a amenée aux victimes et c’est d’elles dont je veux parler. J’écris l’histoire d’une femme qui contient un peu de chacune des personnes que j’ai rencontrées. Je l’appelle Claire Tabard.
Grâce à Culturebox et à Oléo films, j’ai l’occasion de recréer le spectacle pour l’audiovisuel, de capter cette histoire folle, violente et vivante au plus près des acteurs, de leur souffle, de leurs silences, de leurs regards. Pour que le gouffre de ces vies fracturées se raconte en image et laisse une trace.

HISTORIQUE

Mediator, un scandale sanitaire

Commercialisé à partir de 1975, pendant 35 ans, prescrit à cinq millions de personnes en France, le Mediator est un antidiabétique. Comme il « absorbe » les sucres rapides, il est proposé comme coupe-faim à des patients en surpoids. Pouvant provoquer de graves lésions au cœur ou aux poumons, il serait à l'origine de plus de deux mille décès.

Le scandale sanitaire est révélé en 2007 grâce à l’obstination de la pneumologue du CHU de Brest, Irène Frachon. Elle mène une enquête de longue haleine sur les importants dysfonctionnements cardiaques provoqués par le médicament chez certains patients. Ses soupçons deviennent sérieux lorsqu’une de ses patientes au CHU de Brest souffrant d’une maladie grave et rare : l’hypertension artérielle pulmonaire, lui révèle avoir absorbé pendant 10 ans du Mediator.


La molécule du Mediator, le benfluorex, se transforme dans l'organisme en une substance appelée la norfenfluramine. C'est cette substance qui coupe la faim, mais c'est elle aussi qui endommage les valves cardiaques qui se mettent à fuir... Bref les malades se noient dans leur propre sang, résume Irène Frachon. Servier, laboratoire à l’origine du médicament nie. Le combat commence.

Irène Frachon s’obstine alors à convaincre l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Finalement, celle-ci retire le Mediator du marché français en novembre 2009. Le médicament fait dès lors l'objet de multiples procédures, pénales, civiles, administratives. Au total, près de 3400 demandes d'indemnisations sont jugées recevables. Une cellule d’indemnisations pour les victimes est mise en place en 2012. Au pénal, plus de 2900 plaintes ont été enregistrées depuis fin 2010. Plusieurs fois reporté, un procès pénal doit déterminer la responsabilité des sociétés du groupe Servier mais aussi de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) sur des faits de tromperie, d’escroquerie, de trafic d’influence et d’homicides et blessures involontaires en lien avec le Mediator.

Un procès est enfin prévu pour l’automne 2019, il durera plusieurs mois et devrait voir se présenter plus de 4000 parties civiles. Il se tiendra en l’absence du principal protagoniste, Jacques Servier, fondateur du groupe, décédé en 2014.

BIOGRAPHIE

PAULINE BUREAU

Pauline Bureau est auteure et metteure en scène. Elle suit une formation au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (promotion 2004) et fonde La part des anges avec les acteurs qui jouent dans ses spectacles. En 2014, elle écrit et met en scène Sirènes et signe depuis le texte de la plupart de ses créations. Sirènes et ses autres pièces sont publiés chez Actes Sud Papiers.
En 2015, Pauline Bureau reçoit le prix Nouveau talent théâtre de la SACD.
Cette même année, elle crée Dormir cent ans. Le spectacle reçoit le double prix Public et Jury de MOMIX 2016 (festival international de la création pour la jeunesse) ainsi que le Molière 2017 du spectacle jeune public.
En 2017, Pauline Bureau a créé Mon cœur, un spectacle qui raconte la vie d’une victime du Médiator et Les Bijoux de Pacotille de et avec Céline Milliat Baumgartner.
Pauline Bureau fait partie des artistes de la bande du Merlan, scène nationale de Marseille.

REVUE DU WEB

Le scandale du Mediator sur scène

FRANCE CULTURE, La dispute >>> de 2’00 à 18’30
C’est une forme étrange, quelque chose entre la pièce filmée et des morceaux de téléfilm. Mon cœur a surtout une vocation pédagogique, c'est un objet efficace, dans une forme chapitrée. Lucile Commeaux

LIBÉRATION >>> Mon cœur ou cette manière un peu mièvre d’appeler son conjoint. Mais aussi mon cœur, comme dans la phrase au souffle court : C’est mon cœur, docteur. Avec Mon Cœur, Pauline Bureau met sur scène le scandale du Médiator, cet antidiabétique utilisé comme coupe-faim. Plus de 5 millions de Français y ont eu recours pour perdre du poids et le médicament a fait plusieurs centaines de morts en France - 2 000, selon Irène Frachon, la pneumologue brestoise qui a révélé en 2010 le lien entre le médicament et de graves pathologies cardiaques.

LES ÉCHOS >>> Tout y est : la découverte des dommages cardiaques causés par le Mediator, la lenteur de réaction des services de santé, les manœuvres dilatoires du laboratoire mis en cause... Et, néanmoins, tout est théâtre. Pauline Bureau met en scène trois héros magnifiques : Irène Frachon, la courageuse justicière, Claire Tabard, un personnage de victime imaginé à partir des interviews, et Hugo, un avocat.

FRANCE INTER, L’heure bleue >>> Les cœurs d’Irène Frachon, de Pauline Bureau et de tous les autres…

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    réalisation et mise en scène Pauline Bureau

    avec Yann Burlot, Nicolas Chupin, Rebecca Finet, Sonia Floire, Camille Garcia, Marie Nicolle, Anthony Roullier, Catherine Vinatier

    costumes Alice Touvent
    lumière Bruno Brinas
    dramaturgie Benoîte Bureau
    scénographie Emmanuelle Roy
    composition musicale et sonore Vincent Hulot
    collaboration artistique et chorégraphique Céline Zanibelli
    perruques Catherine Saint Sever

    production Oléo Films avec Culturebox

    lieu de tournage Théâtre de Châtillon

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