Libre Garance !

baignade en riviere azou - libre garance.

À douze ans, Garance appréhende de plus en plus clairement le monde des adultes pris dans leurs contradictions, découvre que la liberté dérange l’ordre établi et que le désordre peut engendrer la violence.

Libre Garance ! s’inspire de l’enfance de l’auteur du film Lisa Diaz, vécue en Ardèche, en compagnie des chiens et des poules, dans un pays déserté par ses natifs. Liberté pour les enfants livrés à eux-mêmes, liberté pour les parents, des néoruraux qui ont cru aux lendemains qui chantent, avant de se disputer sur la manière de vivre en cohérence avec leurs idées.

Au début des années 80, l’action violente fait encore partie de la palette d’expression de l’extrême gauche. Les prises d’otages et les exécutions commises par la bande à Baader et les Brigades rouges sont encore dans tous les esprits. Garance est subitement confrontée à cette violence, c’est la fin de l’innocence et la découverte de la duplicité des adultes.

La réalisatrice épouse son cheminement, avec notamment une scène de baignade dans la rivière sur les rives de laquelle les adultes font du nudisme tandis que les gosses les regardent en biais tout en grignotant leur choco BN.

Cette page est une introduction au film que l’on peut découvrir depuis le 21 septembre au cinéma. Quant à Ce qu’il reste à finir, le documentaire réalisé dix ans plus tôt par Lisa Diaz sur le même thème, il est à retrouver sur KuB.

SORTIE CINÉMA

LIBRE GARANCE !

de Lisa Diaz (2022)

C’est l’été 82. Garance a 12 ans et vit dans un hameau reculé des Cévennes où ses parents tentent de mener une vie alternative. Quand deux activistes italiens braquent une banque dans les environs, cela tourne mal. Cet évènement vient chambouler la vie de Garance et de sa famille…

>>> un film produit par Colette Quesson d’À Perte de Vue et Antoine Simkine des Films d’Antoine

CONTEXTE

Du documentaire à la fiction

par Lisa Diaz

Comment susciter de l’espoir en politique sur les vestiges des utopies de ceux qui nous ont précédés ?
La question m'habite depuis le documentaire Ce qu’il reste à finir que j’ai terminé en 2011. Je partais sur les traces d’un film inachevé que mon père et sa bande de copains avaient tourné en 83 dans les Cévennes où j’ai grandi. Chemin faisant je m’interrogeais sur ce que cette génération, qui avait fait 68, m’avait légué comme rêves et comme renoncements.

Dans Libre Garance ! je poursuis ce questionnement à travers un conte politique à hauteur d'enfant. Le film emprunte les chemins de l’imaginaire débridé et poétique de Garance, 12 ans, qui aimerait bien trouver des réponses au milieu des adultes qui doutent. C’est l’été 82 dans un hameau perdu de Lozère, on joue à nationaliser ses jouets, on se baigne dans les rivières, les nuits sont aventureuses et parfois terrifiantes. Tout est peut-être encore possible.

Ce qui s’est expérimenté jusqu’aux débuts des années 80 sur ce territoire comme sur d’autres se raconte dans l’arrière-plan du récit. Si cela n’a pas été jusqu’au bout, quelque chose a existé : des expériences collectives, la fraternité beaucoup, des enfants qui courent en liberté... Des aventures révolutionnaires ont eu lieu qui résonnent avec ce qui émerge aujourd’hui ici ou là. Le politique, c’est cette croyance en notre capacité de transformer le monde. Ces deux films interrogent la possibilité de cette croyance-là.

ENTRETIEN

Le politique vu depuis l’enfance

par Lisa Diaz

L’histoire se situe en 1982-83. À travers cette période, j’avais envie de raconter l’histoire d’un héritage politique. Qu’est-ce que la génération des années 70, qui a beaucoup espéré, lègue à la génération d’après ? Cette question de la transmission politique m’intéresse. Elle se posait de façon double à cette période-là, entre ceux qui ont expérimenté le mouvement du retour à la nature et les derniers feux de la lutte armée, incarnés dans le film par l’activiste italien. Qu’est-ce que ça questionne en terme d’espoir ? Où en est l’utopie ? C’est ce moment de bascule du début des années 80 que je voulais raconter à l’intérieur d’une famille de gauche, qui se pose des questions sur leur engagement.

À travers le début du film très sensoriel, où le son joue un rôle puissant, c’est un saut dans le temps qui s’effectue, comme si on faisait play, pour entrer à l’intérieur d’un souvenir.

Quand j’étais enfant, j’aimais beaucoup Mark Twain. Cet aspect contrebandier du film, c’est ma façon de rester du côté de l’enfance pour raconter une histoire politique. Tout est narré du point de vue d’un enfant en quête de compréhension du monde des adultes. Le politique vu depuis l’enfance a quelque chose de poétique, c’est l’imaginaire qui transforme tout. J’adore travailler avec les enfants. On doit s’adapter, parce que leur présence va faire bouger les séquences. Il y a de l’impertinence, de la joie, de l’humour, de l’action, des choses très vivantes qui se dégagent lorsqu’ils sont dans le cadre, spontanément. Sur le plateau, avec l’équipe, notre mise en scène permettait de laisser tout ça advenir. J’aime la fragilité que ça amène à l’intérieur des séquences. C’était aussi ça, l’aventure du film !


PEUR ET VIOLENCE

La peur et la violence instillent le film, notamment sous la forme du cauchemar et du conte.

Cette peur, je la sens aujourd’hui partout diffuse. Elle habite nos quotidiens, nos projections d’avenir. On est quand même dans une période de grande menace, de grande incertitude. Mais l’enfance est là, et la joie qui en émane, malgré tout, comme une forme de résistance.

La violence quant à elle, est le revers de la médaille de l’engagement politique. Dans l’engagement, il y a toujours un moment où la question de la violence finit par se poser. Cette question était très débattue dans ces années-là. Est-ce que cela a entrainé la fin des espoirs et expériences révolutionnaires ? C’est une question non résolue que je pose, aujourd’hui un peu occulté.

UN TERRITOIRE

Nous avons tourné dans les Cévennes, en Lozère, près de là où j’ai grandi, en Ardèche. Ce sont des paysages qui m’appartiennent très intimement, que j’ai eu un vrai plaisir à filmer. Il y a eu là-bas beaucoup de retours à la terre dans les années 70-80, avec une vie communautaire assez forte. C’est encore le cas aujourd’hui. Les figurants du film étaient raccords avec tout ça, eux et leurs maisons. Je n’ai pas eu l’impression de fabriquer une situation. Je sais aussi que c’est un endroit où les gens se planquent, peuvent disparaître, un territoire où l’on peut réellement se perdre. Il y a une maison par-ci, une maison par-là et des kilomètres de montagnes qui constituent un territoire sauvage. C’est un endroit où la faune et la flore sont très présentes. Un territoire peu peuplé où les habitants se baignent nus dans les rivières !

BIOGRAPHIE

Lisa Diaz

Lisa et Azou sur la merco - Libre garance !

Lisa Diaz a grandi dans les Cévennes et vit aujourd’hui à Douarnenez. Après des études de lettres et d’histoire, elle commence à travailler comme scripte puis se lance dans la réalisation de films, documentaires et fictions. Ses courts et moyens métrages tels que Ma maison et Eva voudrait ont été sélectionnés et récompensés dans plusieurs festivals français et internationaux. Libre Garance ! est son premier long-métrage.

REVUE DU WEB

Des Cévennes à Cannes

FRANCE BLEU >>> Discussion autour de la nomination du film à Cannes, pour la sélection Junior et sa première présentation à un vrai public. L’occasion de parler du tournage et de l’équipe de figurants, en grande partie composée d’habitants de Douarnenez.

LE MONDE >>> l’engagement politique saisi à hauteur d’enfant. Le premier long-métrage de Lisa Diaz explore l’univers fantasmatique enfantin à travers le regard d’une préadolescente sur ses parents, un couple de gauchistes, dans les années 1980.

FILMS EN BRETAGNE >>> Retour sur le parcours de Lisa Diaz, de ses premières expériences, des premiers succès et de ses envies pour le futur.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    avec Azou Gardahaut-Petiteau, Jeanne Vallet de Villeneuve, Grégory Montel, Laetitia Dosch, Lolita Chammah, Simone Liberati

    réalisation, scénario Lisa Diaz
    image Julia Mingo
    son Olivier Pelletier
    montage image Julien Cadilhac
    montage son Fred Le Louet
    assistanat mise en scène Anthony Moreau
    mixage Julien Perez
    musique Carla Pallone
    étalonnage Lionel Kopp
    costumes Julia Diaz
    maquillage
    Jade Izia
    décors
    Daniel Bevan
    lumière
    Thomas Coulomb

    direction de la production Ludovic Leiba

    production À Perte de vue et Les Films d'Antoine

    producteurs Colette Quesson et Antoine Simkine

    distribution Nour films

    avec le soutien du CNC, de la Région Bretagne, de la Région Occitanie de la Région Pays de la Loire, de CICLIC Région Centre-val-de-Loire

    Artistes cités sur cette page

    portrait réalisatrice Lisa Diaz

    Lisa Diaz

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