Vivement demain !

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25/05/2025
Voici un court métrage d’animation qui danse la vie en mode hip-hop dont les textes sont issus d’entretiens avec les jeunes gens impliqués dans le collectif Cellofan’ à Lille.
Du mouvement des corps filmés à celui des lignes dessinées, La vie continue et le spectacle aussi retient la fuite du temps, la fluidité du geste, cette liberté qui se cherche et se trouve dans la danse.
En quatre minutes chrono, la réalisatrice Charline Pierret passe en revue diverses techniques d’animation faites maison, qui disent la richesse de ce genre et sa faculté à changer notre regard sur la réalité : l’animation, à cheval entre le cinéma et la typographie. Et puis cette énergie vitale, palpable, oser la danse, oser la vie. Vivement demain, qu’on recommence !
>>> Une page en partenariat avec L'AFCA
LA VIE CONTINUE ET LE SPECTACLE AUSSI
LA VIE CONTINUE ET LE SPECTACLE AUSSI
de Cellofan' (2024 - 4’)
La vie continue, et le spectacle aussi est un clip collaboratif, imaginé par Cellofan', inspiré par les images d'archives du Flow - Centre eurorégional des cultures urbaines conservées par Archipop, composé et interprété par le rappeur Puzzle, fabriqué par les jeunes du Cabb Lille, avec Charline Pierret à la réalisation.
>>> un film réalisé au sein de l’association Cellofan’ en collaboration avec l’association Archipop, financé par la DRAC dans le cadre de l'été culturel 2024, et soutenu par la DRAC et la Ville de Lille
Hip-hop, patrimoine et animation
Hip-hop, patrimoine et animation






Par Cellofan'
La vie continue et le spectacle aussi a été réalisé dans le quartier de Bois-Blancs à Lille, avec un groupe d’adolescent.e.s novices en cinéma d’animation. Cellofan’, une association d’éducation populaire, s’est associée au rappeur Puzzle, au comité d’animation de Bois-Blancs et à Archipop pour réaliser ce projet qui mêle animation en papier découpé, rotoscopie et images d’archives. L’objectif était de proposer un stage d’été créatif aux habitant.e.s autour des cultures urbaines et du patrimoine de la région. Puzzle s’est basé sur le documentaire fourni par Archipop pour raconter en musique l’histoire de jeunes Roubaisien.ne.s qui rêvent d’une carrière dans la danse hip-hop.
Cellofan'
Cellofan'

Cellofan’ est une association fondée en 1991, à Lille, par des passionné.e.s de cinéma d’animation. Son nom est la contraction de celluloïd et de fan, tout en jouant avec le mot cellophane, le film plastique pour emballer les sandwichs. L’association s'est fixé deux missions : préserver le savoir-faire de l'animation et le faire découvrir aux non-initiés. Elle sillonne les Hauts-de-France pour mettre en place des ateliers et des projections dans différents lieux publics, des écoles, des médiathèques, et pour tout type de public : adultes en reconversion, personnes en situation de handicap, jeunes enfants. Cellofan’ les accompagne dans la réalisation de leurs projets. C’est ainsi qu'elle accueille de jeunes diplômés formés au cinéma d’animation qui souhaitent se lancer dans leur premier projet de réalisation.
Charline Pierret
Charline Pierret

Charline Pierret travaille depuis plusieurs années pour l’association Cellofan’. Elle réalise des films d’atelier avec le public de la région Hauts-de-France. Elle aime travailler avec des gens, des collectifs de tous âges et de tous horizons, en s’inspirant des grands principes de l’éducation populaire pour permettre à chacun.e de raconter ses propres histoires. Ce travail en ateliers lui permet de rendre accessible l’art du cinéma d’animation et des techniques traditionnelles du stop motion, et d’expérimenter avec les participant.e.s la mixité des techniques et des narrations.
Entretien
Entretien

Comment s’est déroulé le tournage de votre projet, entre les professionnel.le.s et le public ?
Ce projet rassemble plusieurs acteurs différents, et c'est ce qui en a fait sa richesse. Le film a été réalisé dans le cadre de mon travail à l'association Cellofan', association d'éducation populaire au cinéma d'animation basée à Lille. Le stage a eu lieu pendant les vacances d'été avec un groupe d'adolescent.e.s au CABB à Lille. C'est un public habitué du centre d'arts plastiques du quartier. Lorsque nous avons imaginé le projet avec les membres du CABB, nous avons tout de suite pensé à la thématique des cultures urbaines, car c'était le thème de la saison du centre. J'étais en lien avec Archipop, une association qui fait un travail d'archivage de vidéos amateurs de la région Hauts-de-France. Ils m'ont envoyé des vidéos d'un documentaire sur deux jeunes danseur.euse.s roubaisien.ne.s dans les années 1090. Le reportage était très touchant. Il a constitué une matière de départ vraiment intéressante à la fois pour la vidéo et le rap, qui a été composé par un rappeur de l'Avesnois, Puzzle.
Au début du stage, nous avions déjà des séquences vidéo dont les jeunes pouvaient s'inspirer voire rotoscoper (une technique d'animation qui consiste à décalquer une vidéo) ainsi que le texte et un premier enregistrement du rap. Chaque jeune a choisi quelques vers du morceau et l'a illustré librement, soit avec la rotoscopie, soit avec l'animation en papiers découpés. L'avantage du clip, c'est qu'on peut vraiment créer des images librement. Cela a permis à chacun.e de pouvoir exprimer sa propre créativité, tout en participant à un projet commun. Même si les participant.e.s sont novices, iels tournent avec du matériel professionnel de Cellofan', des dispositifs qu'on appelle des banc-titres et qui permettent de faire de l'animation stop motion avec le logiciel Dragon Frame. Chacun.e est initié.e à l'utilisation du matériel, et en une semaine de tournage, ils sont presque autonomes. Cela étant, le montage a été fait par moi-même à l'association, car c'est une étape beaucoup plus compliquée, pas très fun, et qu'il est difficile de faire en collectif.
Quelles libertés/contraintes offre le film bricolé ?
La contrainte bien sûr, c'est que l'on s'adresse à des personnes qui ne connaissent pas la stop motion, ou alors très peu. Cela veut dire qu'en plus de mener à bien un projet de film, qui demande de passer par plusieurs étapes (scénario, storyboard, animation), il faut prendre le temps d'initier chaque participant.e à l'utilisation du matériel et aux principes de l'animation et de la décomposition du mouvement. Mais je trouve que c'est aussi une richesse, car lorsque les gens apprennent et découvrent, ils ont un point de vue nouveau. Ils ne font pas toujours comme j'aurais fait, alors j'apprends des choses avec eux. Le temps aussi peut être une contrainte; on réalise souvent les films en une semaine, voire moins. Mais ça me va. Au-delà de cette durée, on perdrait le public, et on arrive toujours à finir dans le temps imparti ! Le film bricolé offre beaucoup de liberté. Contrairement à des productions professionnelles, il n'y a généralement pas de pression ou de grosses attentes sur la qualité du rendu, sur l'esthétique,... ou sur la rentabilité ! Le film est ce qu'il est au bout du chemin. Cela permet d'essayer plein de choses, de se concentrer sur le processus de fabrication, le plaisir qu'on y prend, le travail collectif, les apprentissages. On y est libre du ton et des sujets, la plupart du temps. Cette liberté où le résultat n'est pas obligatoire, c'est chouette en tant qu'artiste intervenante, mais c'est aussi important pour les participant.e.s. Des élèves pas très scolaires peuvent plus facilement trouver leur place et se sentir à l'aise.
En quoi l’animation est-il un médium pertinent pour l’éducation à l’image ?
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'animation stop motion est un médium simple à maîtriser. C'est un rapport très physique avec l'image, contrairement à de la vidéo avec caméra où tout est numérique; même si ça peut paraître plus compliqué de faire le mouvement image par image plutôt que d'allumer une caméra, pour réaliser tout un film, je trouve que la stop motion est plus accessible pour les très jeunes et les plus âgés. Cela apprend la patience, le travail collectif, travaille la motricité fine, la créativité, mobilise des capacités cognitives que l'on n’a pas l'habitude forcément d'utiliser dans notre quotidien. Réaliser un film en stop motion, cela permet aussi de partir dans notre imaginaire sans aucune limite, tant qu'on sait à peu après le dessiner, c'est bon ! Le personnage peut voler, avoir une tête de poulpe ou faire des saltos sans trucages compliqués. Il y a un côté magique quand les personnages prennent vie, qui a tendance à faire son effet même auprès des adolescent.e.s les moins motivé.e.s !
Faire des films avec des gens de milieux différents, je trouve que c'est primordial. Le cinéma, d'animation ou pas, est largement dominé par les classes sociales qui ont le plus facilement accès à l'éducation artistique et cinématographique, on voit toujours à peu près le même point de vue. Faire des films d'ateliers et valoriser leur esthétique bricolée, ça permet de donner à plus de monde la possibilité de faire entendre sa voix, ses histoires, son imagination. Je trouve cela formidable que le festival de Rennes et KuB diffusent La vie continue et le spectacle aussi. Cela donne une légitimité à des films fait par des amateur.rice.s, qui ne sont pas parfaits du point de vue de l'industrie, mais qui sont riches, créatifs et diversifiés.
Propos recueillis le 16 avril 2025
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