Thomas Howard Memorial groupe

Thomas Howard Memorial

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2010 à Guingamp

Depuis le début de son existence, Thomas Howard Memorial qui tire son nom d'un des alias du hors-la-loi Jesse James, n'en fait qu'à sa tête.

Ce qui n'était au départ qu'un simple duo folk monté par deux membres de The Craftmen Club, est devenu un formidable collectif de musiciens à géométrie variable. Je crois que ce groupe est un concept en lui-même ! s'amuse Yann Ollivier.

Signés sur le label Upton Park (Matmatah, The Craftmen Club, Stuck in the Sound…), ils sortent deux EP, à commencer par l'éponyme Thomas Howard Memorial (2011), puis How to Kill Kids (2013), qui posent les bases d'un univers sombre aux sonorités rock-pop aussi planantes que tempétueuses, dans la tradition de Pink Floyd, croisées avec des influences venues de Pixies ou Archive. Les paroles des chansons, toutes chantées en anglais, y évoquent des romans noirs, s'inspirant autant de faits-divers sordides que d'histoires vécues ou entendues, à la manière des Murders Ballads de Johnny Cash ou Nick Cave And The Bad Seeds. Lorsque nous les jouons en concert, le public n'en ressort pas indemne parce que jouer avec les émotions remue aussi bien les corps que les âmes.

Transformé en quintet le temps de son premier album, Thomas Howard Memorial enregistre In Lake en 2014, y déployant en grand large une pop atmosphérique et ténébreuse, aux frontières d'un rock progressif post-apocalyptique, entre orchestrations riches et pénétrantes. Le but était de faire un melting-pot de toute notre musique depuis quatre ans avec des morceaux complexes tels que Eradicated Song ou Boston, mais aussi plus légers techniquement comme Alive, qui est proche de notre premier EP. Le titre Rupture que j'aime beaucoup était d'ailleurs aussi sur le deuxième.

Au lieu de le sortir l'année suivante comme prévu, une fois le mixage réalisé par Sylvain Carpentier (Saez, Scénario Rock…), le groupe décide d'en produire une seconde version durant l'été dans les conditions du live. Profitant de l'à-sec exceptionnel d'un barrage en Bretagne, il le rejoue en intégralité au fond du Lac de Guerlédan, avec pour seul public les caméras du réalisateur Nicolas Charles. C'était un vrai défi, mais aussi une expérience complètement folle, car nous avons joué de nuit jusqu'au lever du soleil, après y avoir descendu tout notre matériel, y compris un piano. Sorti en avril 2016, en même temps que l'album, le film Live at Guerlédan fait sensation, se révélant comme un fantastique hommage au live enregistré à Pompéi, en Italie, par Pink Floyd quarante-deux ans plus tôt.

Nommé en 2017 aux Oui FM Rock Awards, Thomas Howard Memorial voit le prix lui échapper de peu, mais décide sans perdre de temps d'enregistrer son deuxième album en septembre. C'était encore un défi parce que nous n'avions aucun morceau, explique Yann. Nous avons réservé le studio pour un mois car nous étions convaincus que nous saurions y créer ensemble de nouvelles chansons, à partir de bœufs et d'impros, avec pour seul mot d'ordre de ne rien nous interdire ! Épaulé par Christophe Chavanon (Rover, Thomas Fersen, Lou Doillon…), le quatuor aligne ainsi près d'une quinzaine de titres au studio Kerwax, à côté de Morlaix. Nous voulions un album plus expérimental avec un son Seventies, qu'il soit électrique et acoustique, mais aussi utiliser des instruments comme le Mellotron et des bandes analogiques. Contraint d'écrire les paroles en temps réel, Yann Ollivier s'attache dans ses textes aux événements du moment, comme l'ouragan Irma dans l'hypnotique Irma's Death Toll ou la campagne de Donald Trump sur le ténébreux Revolution. Plus proche de lui, The Call, est une douce ballade pleine d'émotion. Elle parle d'une amie de Vincent qui, après avoir perdu un proche, l'appelait sur son répondeur juste pour entendre sa voix.

Sorti en janvier 2020, ce nouvel album s'avère musicalement plus expérimental et lumineux que les précédents, témoin du plaisir que Yann Ollivier, Camille Courtes, Elouan Jégat et Vincent Roudaut ont pris à l'enregistrer, même si certains textes demeurent d'une noirceur bouleversante. Ponctué de plusieurs interludes instrumentaux, il s'ouvre sur une intro futuriste avant d'enchaîner sur le rock hypnotique de Let It Glow, chanson d'amour salutaire. Bien que l'influence de Pink Floyd se fasse encore entendre, notamment sur The New Told Lies, les ambiances de titres comme The Way peuvent faire davantage penser à Metronomy ou Sébastien Tellier, d'autres à dEUS ou Balthazar.

À noter également que les paroles du doux Feel Alright, chantées en français et en anglais, sont en partie signées par Clotilde de Brito, championne du monde de slam. Fort de son envie de ne rien s'interdire, Thomas Howard Memorial atteint des sommets sur cet album, à l'instar des huit minutes de Bonaventura, composées de trois parties distinctes, évoquant autant John Barry qu'Ennio Morricone. Je ne suis pas sûr que nous pourrons refaire un disque comme celui-là, mais nous devions essayer, conclut Yann Ollivier. Conçu comme un concept album à écouter dans sa totalité, Bonaventura témoigne de réelles ambitions, le groupe breton y confirmant sa volonté de tracer sa route hors des chemins balisés par l'industrie musicale, de rester tout simplement unique.

Le clip Bonaventura, réalisé par Elouan Jégat, est à voir ici!

Les artistes associé·e·s à Thomas Howard Memorial :
Portrait groupe Skopitone Sisko

Skopitone Sisko