Frères d'arme

Emilijanet Stanko

Tourné à Brest, notamment sur les quais, avec la complicité des dockers et des agents portuaires, Frères d'arme s'ancre dans la dimension maritime et militaire de la ville dans laquelle arrivent deux frères originaires des Balkans. Emilijan et Stanko sont tiraillés entre la promesse qu'ils se sont faite de retrouver la terre qui les a vu naître et le désir de se reconstruire ici, d'autant qu'Emilijan trouve dans l'amour une forme de rédemption et le seul espoir de salut.

Frères d'arme sort en salles le 14 juillet, KuB expose le film précédant de Sylvain Labrosse : La fosse rouge.

BANDE-ANNONCE

FRÈRES D’ARME

de Sylvain Labrosse (2020)

Emilijan et son jeune frère Stanko sont liés par un secret d’enfance qui les a contraints à quitter leur pays. Emilijan s’est intégré en France, il travaille dans la zone portuaire de Brest et vit une histoire d’amour avec Gabrielle. Stanko, lui, vit dans la nostalgie et attend de rentrer au pays pour y retrouver sa vie d’avant. Un jour, Emilijan lui annonce qu’il ne veut plus repartir.

>>> un film produit par Céline Maugis - La vie est belle, Christophe Delsaux – Oriflamme Films, coproduit par Paris Brest Productions

INTENTION

Le poids de l’héritage

par Sylvain Labrosse

Enfance Freres Stanko Emilijan

Le vrai Emil Matesic a fait irruption dans ma vie il y a longtemps, au hasard d'une rencontre. Il y avait chez ce jeune homme originaire des Balkans quelque chose d'indéfinissable : c’était un véritable personnage de cinéma. Dix ans plus tard, ce personnage a refait surface. J’avais envie d’écrire une tragédie, un vrai film noir, flamboyant et lumineux. Je n'avais qu'à m'inspirer d'Emil Matesic et le faire basculer dans la fiction en lui offrant un terrain de jeu et d’épreuves.Vivre sa vie telle qu’on l'a choisie en se libérant du poids des prédestinations familiales. Cette phrase pourrait à elle seule résumer le sujet de Frères d'arme qui traite de l'héritage historique et de la filiation.


Le jour de ses quinze ans, en tant que fils aîné et comme la tradition familiale le veut, Emilijan reçoit des mains de son père un magnifique Luger sur lequel est gravé Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre) : une arme qu'on se transmet de père en fils depuis des générations.
Emilijan a un petit frère, Stanko, de cinq ans son cadet. Deux enfants unis par le sang versé le jour où Stanko blesse malencontreusement leur voisin, éleveur de moutons, et qu'Emilijan, dans un geste de survie, tue et fait disparaitre le corps.
En commettant ce crime, Emilijan lie sa vie à celle de son frère jusqu'au jugement dernier. Héritage historique donc, car à ce moment précis de l'histoire, Emilijan est le bras armé par ses pères : ceux qui l'ont nourri et aimé à leur façon certes, mais qui l'ont aussi rendu témoin de la haine et de la violence contre leurs frères.
Héritage familial, aussi, puisque, maudite par les dieux qui se vengent en faisant tomber leur père, la famille Matesic est contrainte à la fuite et au bannissement du sol. Emilijan et Stanko, tel Caïn après la mort d'Abel, prennent le chemin de l'exil et viennent s’échouer en France.
Mais l'Occident ne répond que partiellement aux espérances des exilés et la réaffirmation brutale de la hiérarchie des rôles nous (leur) montre qu'on ne se libère pas aussi facilement de son passé. Les deux frères s'inventent une nouvelle vie jusqu'au jour où le passé ressurgit, matérialisé par l'objet qui a fait couler le sang ; ce Luger qui a fait d'Emilijan un meurtrier.
Frères d’arme donne alors à voir la lente agonie d'une fratrie et la tentative du frère aîné de sortir de la spirale de la violence. Cette violence qui les condamne à vivre dans le tourment et qui fait que Stanko préfère détruire ce frère aimé plutôt que de le perdre.
Le point de vue est celui d'Emilijan qui tente de s'affranchir des liens sanglants qu'il a lui-même tissés et qui l'unissent à Stanko. Emilijan qui se débat avec sa culpabilité pour le traumatisme qu'il lui a infligé. Emilijan, qui résiste vaillamment pour ne pas s'inscrire dans le schéma familial, mais se fait inévitablement rattraper par la fatalité d'un passé qui ne passe pas. Emilijan, qui lutte pour protéger sa nouvelle vie d'homme qu'il a patiemment construite et qui lui a permis de rencontrer Gabrielle.
Emilijan, comme une sorte de Hamlet moderne, vit la disparation de son père comme une trahison. Mais si Hamlet fait le sacrifice de son amour et de sa vie, Emilijan trouve dans l'amour une forme de rédemption et le seul espoir de salut.
Frères d’arme s'inscrit dans une réalité sociale, un milieu, une époque, celle de la mondialisation. Tourné en grande partie à Brest, au bout du monde - une ville terre d'asile - profondément marquée par son passé maritime et militaire, une ville dans laquelle Emilijan et Stanko échouent, tiraillés entre la promesse qu'ils se sont faite de retrouver la terre qui les a vu naitre et le désir de se reconstruire ailleurs.
Les scènes de port, tournées en équipe légère grâce à la complicité des dockers et des agents portuaires, ont nécessité une vraie immersion des comédiens et de l’équipe en amont du tournage. La caméra oscille entre fiction et réel et porte un regard sans compromis sur l'environnement urbain et industriel dans lequel évoluent les personnages afin de saisir et de dégager du milieu portuaire, des docks et des cales de bateaux, un réalisme fumant, sonore, inquiétant parfois mais aussi grandiose et fascinant, à la mesure de l'histoire d'Emil Matesic.

DISTRIBUTION

Focus sur les acteurs

Vincent Rottiers

Vincent Rottiers

Il fait sa première apparition dans Les diables de Christophe Ruggia en 2002 puis enchaîne des rôles d'adolescents torturés dans divers longs métrages. En 2007, sa prestation dans Le passager d'Éric Caravaca lui vaut une nomination au César du meilleur espoir masculin. Il est nominé une deuxième fois dans cette catégorie pour son rôle dans Je suis heureux que ma mère soit vivante de Claude et Nathan Miller (2008). Enfin, la Palme d'or de 2015 Dheepan de Jacques Audiard lui permet d’être nominé en tant que meilleur acteur dans un second rôle.


En 18 ans de carrière, il a participé à plus d'une trentaine de films et donné la réplique à Adèle Haenel, Jean-Pierre Bacri, Olivier Gourmet, Reda Kateb, Roschcty Zem ou encore Pierre Niney.
Il est le demi-frère de Kevin Azaïs avec qui il partage l'affiche de Frères d’arme.

Kevin Azais

Kévin Azaïs

Dès l’âge de dix ans, il est pressenti pour le rôle principal du film Les diables de Christophe Ruggia (2002) mais jugé trop jeune, c'est son demi-frère, Vincent Rolliers, qui a été choisi. Il obtient son premier rôle au cinéma en 2008 dans le film La journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld face à lsabelle Adjani. Il faudra attendre 2012 pour le revoir à l’écran dans Comme un homme de Safy Nebbou, où il incarne un adolescent difficile.


Ce rôle de jeune tumultueux lui va bien et lui permet de jouer dans divers longs-métrages. Il incarne également des rôles plus légers comme dans 100 % cachemire de Valérie Lemercier ou Je fais le mort avec François Damiens.
En 2015, il obtient le César du meilleur espoir masculin pour sa prestation dans Les combattants de Thomas Cailley, en compétition à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2014.

Pauline Parigot

Pauline Parigot

Elle intègre l'École régionale d'acteurs de Cannes en 2013, la même année où elle interprète le premier rôle des Lendemains de Bénédicte Pagnot, qui lui vaudra d'être présélectionnée en tant que Meilleur espoir féminin pour les César de 2014. On la retrouve aussi au théâtre dans Juste la fin du monde (2016), La fille de mars (2017), Mephisto rhapsodie (2019) ainsi que dans des séries comme Les revenants.

COURT MÉTRAGE

LA FOSSE ROUGE

Comment annoncer à sa mère que :
1- La nuit dernière, on ne l’a pas passée à réviser son bac, mais en garde à vue au commissariat.
2- Que les portes de ladite cellule se sont ouvertes alors que l’épreuve du bac avait commencée depuis 30 minutes.
3- Que l’examinatrice n’a pas été vraiment conciliante.
Bref, que le bac, comment dire...

BIOGRAPHIE

Sylvain Labrosse

Sylvain Labrosse

Sylvain Labrosse a été programmateur de salles de cinémas à Paris avant de réaliser ses premiers courts métrages, récompensés et sélectionnés à Cannes, Clermont-Ferrand et dans de nombreux festivals. Depuis, il vit à Rennes et travaille dans le champ de la danse contemporaine, collaborant avec la chorégraphe et performeuse Claudia Triozzi.
Frères d’arme est son premier long métrage.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    réalisation et scénario Sylvain Labrosse
    avec la collaboration de Stéphane Schoukroun, Aurélien Deschamps, Agnès Caffin, Romain Cole
    image Jean-Philippe Bouyer
    son Arnaud Calvar, Martin Gracineau, Pablo Salaün, Jérémie Halbert
    montage Isabelle Proust, Sylvain Labrosse

    production La Vie Est Belle, Oriflamme Films
    coproduction Paris Brest Productions, Planetarium
    avec le soutien du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée, Fonds Images de la Diversité, Breizh Film Fund, Région Bretagne, Région des Pays de la Loire
    avec la participation de Coficup, Fond Backup Films, PROCIREP-ANGOA, Fondation Beaumarchais, Programme Media de l’Union Européenne, ACE, EAVE

    Artistes cités sur cette page

    Sylvain Labrosse

    Sylvain Labrosse

    KuB vous recommande