Vivre malgré tout

Romeo Fenetre Salon Coiffure Nofinofy

Madagascar est le pays le plus corrompu au monde et l’un des plus pauvres. Madagascar, ancienne colonie française, dont la langue a conservé quelques traces, tout comme le nom des rues à la gloire de nos célébrités.

Michaël Andrianaly est citoyen malgache et cinéaste. Il est allé faire son troisième film, Nofinofy, dans l’échoppe en tôle de Roméo, un ami d’enfance qui vivote dans un bidonville à Tamatave, tâchant de s’en sortir malgré son handicap et ses difficultés à mener son activité. Ce faisant, le réalisateur brosse le portrait d’une société où la misère est éclipsée par la dignité et l’énergie vitale des personnages qui défilent dans le salon de coiffure. Quoiqu’il arrive, et même lorsqu’un cyclone vient déchirer les toitures, les sourires s’affichent et les chemises sont soigneusement repassées. Une vraie leçon d’humilité pour nous autres occidentaux, si prompts à manifester notre insatisfaction.

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BANDE-ANNONCE

NOFINOFY

de Michaël Andrianaly (2019 - 75')

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Lorsque son salon de coiffure est détruit par la municipalité, Roméo doit quitter la grand'rue de Tamatave pour les quartiers populaires. Il s’installe alors dans une petite cabane de fortune, mais rêve de pouvoir un jour se construire un salon en dur. En attendant, ce minuscule espace ouvert sur la rue se fait l'écho du dehors, des nouvelles du jour, des espoirs et des colères de chacun, dans un pays où règnent pauvreté et corruption.
>>> un film produit par Sylvie Plunian, Les Films de la pluie, Imasoa Film

INTENTION

Une démarche responsable

par Michaël Andrianaly

Coiffeur Romeo Expulsion

La république malgache est largement corrompue. Comme la plupart des citoyens de notre pays, Roméo et moi-même avons appris à vivre avec cette corruption qui sévit auprès de nos élus et de nos administrations. Tout se paye, tout a son prix. Pour mes amis, mes proches et tant d'autres Malgaches, qui faisons beaucoup d'efforts pour réussir à nous en sortir honorablement, dans un pays particulièrement pauvre, cette corruption est épuisante. Elle nous empêche d'avancer. C'est sans doute pour cela que j'aime filmer les gens des quartiers populaires, ceux de la rue, qui ont un travail difficile, mal payé, qui galèrent pour trouver chaque jour de quoi se nourrir et nourrir leur famille. Ceux qui résistent face à la dureté de la vie, face au gouvernement, à la politique. Ceux qui tiennent bon malgré tout.


Mon cinéma est ma manière de militer. Sans faire des films politiques, je filme ceux qui dénoncent à leur façon ce qui ne va pas à Madagascar : l'expropriation, la corruption, l'exploitation de l’homme par l’homme, la pauvreté, l'inégalité, etc. C'est mon geste politique.
Dans ce salon de coiffure minuscule, c'est un concentré de vie populaire malgache qui se joue, de façon à la fois collective et intime. Car Roméo sait écouter, parfois conseiller. Ici, les gens ont pris l'habitude de se confier. Et par ma caméra, je peux aussi devenir leur confident et transmettre leurs paroles. Ce qui m'a d'abord poussé à devenir ce confident, c’est de voir le décalage entre la réalité que vivent ces gens et ce qu'on peut lire dans les journaux. Je me sens une responsabilité, je m'inquiète de la situation politique, de ce qui se passe en ce moment à Madagascar. Si je n'en parle pas, qui le fera à ma place ? Pas la presse et la télévision malgaches en tout cas. Les médias traditionnels, formatés par le régime politique, n’ont pas véritablement le droit de dire la vérité. Même depuis la nouvelle constitution de 2010, qui en théorie garantit le droit à l'information.
Ce n'est pas un hasard si j'ai choisi de filmer le salon de Roméo, car Roméo est un ami d'enfance, presque un frère. J'ai voulu le filmer parce qu'il m'impressionne. Lui qui vient d'un milieu populaire, qui traine les séquelles de la polio et qui a eu le courage de se battre pour s'en sortir. Quoi qu'il arrive, il est toujours optimiste, toujours souriant. Il fait preuve d'une sincérité qui manque à nos dirigeants.
Lorsqu'après deux années de repérages le précédent salon de Roméo a été détruit, j'ai failli abandonner ce projet de film. Mais Roméo ne s'est pas laissé abattre et sa motivation a finalement renforcé la mienne. La situation politique de mon pays m'inquiète, provoque ma colère, mais montrer une telle personne me donne envie de garder espoir et détermination. Filmer Roméo, son salon de coiffure et ses habitués, c'est ma façon de contribuer modestement à la réflexion que nous devons avoir sur l'avenir de Madagascar et plus largement sur celui du continent africain.

BIOGRAPHIE

Michaël Andrianaly

Michael Andrianaly

Michaël Andrianaly est né en juillet 1978. Il est réalisateur, monteur et photographe. Il vit à Tamatave, Madagascar.
Après des études universitaires en commerce international et en gestion des entreprises, il s'est orienté ces dernières années vers le montage vidéo, les effets spéciaux et couvre désormais le champ de la communication audiovisuelle.
Il a réalisé en 2013 son premier documentaire, Todisoa et les pierres noires (Ardèche images production & Les films de Lili), sélectionné au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, au Festival d'Afrique et des îles de La Réunion, et au Festival documentaire de Saint Louis du Sénégal.
Il a participé en mai 2014 à la formation de producteurs de films documentaires de création organisée à Tamatave par l'association Docmonde et a créé sa propre société de production, Imasoa film, au sein de laquelle il a coproduit en 2015 son deuxième film documentaire, Njaka kely (Les films de la pluie, En quête prod, Imasoa film), sélectionné dans une dizaine de festivals en Afrique, en Europe et au Canada.
Nofinofy est son troisième film documentaire.

REVUE DU WEB

La corruption à Madagascar

LES FUGES DU COMPTOIR >>> par Le Comptoir du doc.
Julien Posnic rencontre le réalisateur de Nofinofy, un film sélectionné pour Les étoiles à Rennes.

L’ŒIL DE LA MAISON DES JOURNALISTES >>> Abus des lois, menaces de mort, corruptions et salaires de misère, les journalistes malgaches peinent à faire leur métier dans de bonnes conditions malgré les interventions des ONG.
LE MONDE >>> Dans le projet de budget 2020 de Madagascar, l’équivalent de 200 millions a été provisionné sans qu’on sache pour quoi faire. Un manque de transparence qui ouvre une porte à la corruption.
MADAGASCAR-TRIBUNE >>> Madagascar recule dans sa lutte contre la corruption. Avec un score de 24/100 sur l’indice de perception de la corruption, c’est le pire résultat réalisé par le pays depuis 2012.

COMMENTAIRES

  • 2 Février 2021 08:10 - GUALINO Philippe

    J'aime les documentaires, et Madagascar !

CRÉDITS

réalisation et image Michaël Andrianaly
son Wilfried Andrianjara
montage et étalonnage Denis Le Paven
montage et son mixage Vincent Pessogneaux
musique Nonoh Ramaro

production Les Films de la pluie, Imasoa Film
en coproduction avec Tébéo, Tébésud, TVR
dans la collection Lumière d'Océan Indien
avec la participation du CNC, avec le soutien de la Région Bretagne en partenariat avec le CNC, de la PROCIREP - Société des producteurs, de l'ANGOA, du Fonds Image de la Francophonie, de Brouillon d’un rêve de la Scam et du dispositif La Culture avec la Copie Privée

Artistes cités sur cette page

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