Nature animale

Le festival est né en 1978 lors des rassemblements qui ont secoué la Bretagne et stimulé son tissu associatif et militant. Ces luttes ont aiguisé l’intérêt pour les combats d’autres peuples. Année après année sont invités des humains qui ont en commun de lutter pour l’environnement, des cultures et des langues minoritaires: Aborigènes, sourd·e·s, Papous, Kanaks, Roms, voyageur·se·s, Maoris, Catalan·e·s, Breton·ne·s, Intersexes, Kurdes, Mapuches…

Le festival est une tribune ou un refuge pour celles et ceux qui ont besoin d’être entendu·e·s, une université populaire internationale, lieu de débats et de rencontres avec des réalisateur·rice·s, des acteur·rice·s, des auteur·rice·s, universitaires et journalistes, qui croisent leurs points de vue. La sélection de films témoigne de la création et des revendications particulières du peuple invité.

Depuis 45 ans, le Festival de cinéma de Douarnenez explore des filmographies rarement diffusées qui témoignent de la diversité des cultures, des imaginaires, des narrations. Une manière de lutter contre l’uniformisation des modes, des êtres et pour l'indissociable diversité des biotopes culturels et naturels.

Chaque année, nous invitons un peuple différent à venir dialoguer via ses films, ses œuvres littéraires, sa musique… La question sous-jacente à ce dialogue étant comment habiter la terre ? Pour ce faire, nous restons à l’écoute des voix minorisées.

Pour cette 45e édition, nous avons choisi d’inviter à nouveau les premiers peuples d’Amérique du Nord, car l’édition de 1979 leur était déjà consacrée. Une façon pour nous de revenir aux fondamentaux du festival, de prendre des nouvelles de ces peuples, de leur cinéma, de leurs luttes. Car bien des choses se sont passées depuis 1979 : de nouveaux combats ont été menés, d’autres ont été poursuivis, de nombreux films ont vu le jour. Car la relève est bien là et une jeune génération, très féminine, s’est emparée de la caméra pour créer ses propres récits, ses propres images, dans des genres différents.

Cette année, c’est donc à un voyage entre les productions de cette jeune génération et celles des ainé·e·s que nous avons convié le public du festival, un partage avec ces peuples qui ont traversé une multitude de traumatismes, ont fait face à une oppression constante mais qui demeurent des peuples d’avenir.

de Terril Calder (2021 - 19’)

Meneath : l’île secrète de l’éthique explore les contradictions entre les sept péchés capitaux (luxure, gourmandise, avarice, paresse, colère, orgueil et envie) et les sept enseignements anichinabés (amour, respect, sagesse, courage, vérité, honnêteté et humilité), telles que les vit une petite métisse vive et précoce. Son déchirement intérieur nous est révélé sans complaisance grâce à l’animation image par image d’une sombre beauté que signe Terril Calder. Abusée, convaincue d’être souillée et destinée aux enfers, la fillette reçoit des enseignements qui la remplissent de force et de fierté et lui ouvrent une voie vers la guérison. De ce tour de force cinématographique émerge un univers d’une troublante familiarité, porteur d’espoir, qui offre une perspective unique sur les angles morts des systèmes coloniaux.

>>> un film produit par Jelena Popovic

Sélections :

- Festival international du film d’animation d’Annecy, Perspectives, France, 2022

- Festival international du film de Toronto, Canada’s Top 10, 2022

- Festival ImagineNative Film + Media Arts Festival, Toronto, 2022

- Festival international du film de Vancouver, 2022

de Fabienne Collet (2007 - 7’37)

Abandonnée sur la banquise, une fillette est recueillie par un ours polaire, qu’elle appelle Grand-Père. Comme tous les enfants, elle se demande d’où viennent et où vont les étoiles. C’est le début d’un grand voyage que l’ours fera à travers le cycle de la terre, de la vie et de la mort et des constellations, pour apporter des réponses à sa p’tite ourse.

>>> un film produit par JPL Films

En savoir plus sur le film de Fabienne Collet et le travail de Laure Morali

de Camille Garcia-Rennes (2019 - 9’)

Un monde de ténèbres enveloppe le Corbeau, jusqu’au jour où un étrange vent lui dépose une plume rouge. Commence alors son voyage à travers des mondes de couleurs, sa quête de l’autre et de son propre plumage.

Oh Corbeau! Oh Corbeau est un conte Oji-Cree, paru pour la première fois en 2018 aux éditions montréalaises Possibles. Ce conte n’étant jusque là que transmis par voie orale depuis des générations, c’est par un souci de préservation des cultures autochtones que l’association Exeko a décidé de les publier, comme un appel à continuer à transmettre ces histoires, les adapter, les faire vivre et ainsi soutenir la lutte des peuples qui continuent encore aujourd’hui d’être opprimés, et dont la culture est menacée de disparaître.

>>> un film produit par Frédéric Estimbre

Terril est une artiste métisse, née à Fort Frances, en Ontario, Canada. Elle réside actuellement à Toronto. Après les beaux-arts à l’université du Manitoba et des études cinématographiques (avec George Toles) et une formation de production au Video Pool, Winnipeg, elle part en 1992 à Toronto, rejoint le collectif Shake Well Performance Art avant de suivre une formation en animation informatique 3D.

Elle donne également des conférences et enseigne l’art, notamment à l’École nationale de ballet du Canada, à l’université du Manitoba, Indigenous Roots et le programme d’échange culturel d’ImagineNATIVE avec l’Afrique du Sud. Son travail a influencé de nombreux cinéastes autochtones et un nouveau genre; Spotted Fawn aka Amanda Strong et Michelle Latimer ont tous deux été encadrés et/ou assistés par Terril dans leur travail animé. Attirée par l’amour des médias hybrides et de l’art de fusion, elle expérimente actuellement la fusion dans ses films d’animation Stop Frame qu’elle écrit, dirige, fabrique et anime. Ses films sont projetés à l’échelle nationale et internationale. Plus particulièrement, une mention honorable au Festival du film de Sundance et à la Berlinale, une nomination au Prix Génie canadien, ainsi que la liste des dix meilleurs films du TIFF en 2011 pour Choke, un court métrage qu’elle a animé et co-créé avec Michelle Latimer. En 2016, elle a reçu le prix K.M Hunter du Conseil des arts de l’Ontario pour son travail en arts médiatiques. En 2019, le Winnipeg Film Group a présenté la première rétrospective de son travail. En 2020, sa première rétrospective est présentée au Festival international d’animation d’Ottawa. Suivi en 2021 de la sortie de Meneath : l'île secrète de l'éthique.

Fabienne Collet a débuté dans l’animation par une formation de cinéma d’animation et un stage franco-portugais en 1993. Depuis, elle est décoratrice en stop motion à Rennes sur de nombreuses productions, telles que Les Liaisons foireuses et Mémorable. Elle a également coréalisé Bennozh Dit, un film animé inspiré d’un poème d’Anjela Duval, une poétesse bretonne, puis dix épisodes de la série Jeux de mots, Prix de la meilleure série éducative au festival de Truro en 2001. Son film d’animation La P’tite Ourse a quant à lui été sélectionné dans une dizaine de festivals en France et à l’international.

C’est lors d’une rencontre avec une maison d’édition militante à Montréal que Camille a découvert le conte Oh Corbeau! Oh Corbeau! . En collaboration avec le studio ByeBye Bambi, elle tourne ce premier court métrage d’animation. De retour en France, à Toulouse, elle poursuit ses études en cinéma documentaire à l’ENSAV, où elle développe sa pratique autour de réalisations inspirées du cinéma du réel.