L'homme qui dit

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Il y a des choses qui ne changent pas malgré les horloges qui dégomment tout sur leur passage.

Ne réveillez pas l’eau qui dort. Retour sur l’univers déjanté et déglingué des Montgomery, avec le clip d’animation de L’homme qui dit, entre découpage, stop-motion et bricolage inattendu. Comme on dit : heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière. Elle nous illumine ici d’une teinte qui n’a même pas vieilli et qui résonne avec la même grâce inventive !

« Bonjour, je suis l’homme qui dit. Vous entrez dans le laboratoire Montgomery. » D’un néant laiteux jaillit un rythme, puis un visage qui défile à la chaîne. De ce visage jaillit une voix, des yeux en papier journal. De ce journal jaillissent des souvenirs, des mots au cœur d’un dico, une pop-expérimentale et bruitiste, dans une étrange cohérence savamment découpée. L’homme qui dit nous emporte dans un monde cinéphilique, aplat de collages de créatures elles-mêmes issues d’assemblages, où Dracula et Frankenstein deviennent le backing-band de cette tribu en papier froissé. Sur fond de petites annonces et définitions du dictionnaire, L’homme qui dit est celui qui va vite, toujours prêt à exploser, comme une cocotte-minute restée trop longtemps sur le feu. Le temps qui passe fait tourner, voire sauter les têtes ; l’urgence et la multiplication écartèlent un univers en furie. L’homme qui dit est un homme pressé.


Animations en volume, incrustations, moules en plâtres et découpage, c’est un véritable atelier d’expérimentation qui s’offre à nous pour nous plonger dans le morceau culte des Montgomery. Neuf mois de travail au rythme de douze images par jour pour une vidéo qui passe à pleine vitesse et dont l’énergie fracassante n’a d’égale que la justesse du propos. Comment encore trouver du sens, dans la multiplicité et la surenchère constante ? La « formule pour disparaître » se trouve surement dans ce mouvement du temps qui défile, dans ces humains interchangeables, tous différents et chacun semblable, lâchés au cœur (en papier) d’une infinité d’informations. On retrouve d’ailleurs une annonce de Biotrial, à la recherche de cobayes, sur l’une des coupures de journaux. Il y a donc des choses qui ne changent pas et ce malgré le temps qui passe et les horloges qui dégomment tout sur leur passage. Preuve que l’histoire se répète, au rythme de chronophotographies en noir et blanc, mais qu’elle n’apprend pas toujours de ses erreurs… Les Montgomery viennent encore résonner dans les lignes de nos affaires récentes et nous rappeler que la musique doit rester un laboratoire, une table en inox où se mélange les formules, les talents, et où se combinent les assemblages les plus inspirés. Car les pages se tournent mais la musique reste ; une époque aussi, comme collée au papier.

L’HOMME QUI DIT de Montgomery

réalisé par Maëlle Bossard et Stanislas Flavigny (2009 – 3’57)

Originaire de Rennes, Montgomery est un groupe indie pop auteur de trois albums Melody (Autoproduction, 2005), Montgomery (Phantomatik / Naïve, 2007) et Stromboli (Phantomatik / Naïve, 2009) avant de se reconfigurer en Monstromery en 2013.

A noter pour le clip L’homme qui dit, ce bien documenté making-of sous forme de site.


L’homme qui dit, paroles

Mon père pense que je suis fou

Ma mère pense que je suis fou
Mon frère pense que je suis fou
Et ma soeur pense que je le suis moins
Qu’L, M, N, O, P,
Culbute sur le fond de mon nez
On… éclaire le fond du trou
Ma vie a commencé…
A voir la fin de ce cauchemar
Lent si long si lent,
Si long que je n’ai plus le temps
Que je ne suis pas préparé
Pour braver la glace, les vents, les choses comme ça
Va finir par m’énerver,
‘rifier mon identité
Je suis l’homme qui dit pourquoi
Bonjour, moi, c’est l’homme qui dit
Bienvenue dans le laboratoire Montgomery,
Vous entrez dans une zone placée sous haute sécurité
Les projets élaborés chez nous sont top confidentiels
Ne cherchez pas à nous localiser, vous perdriez votre temps
Hâtez vous plutôt de devenir de bons humains
Et c’est nous qui viendrons à vous.
Voici pour notre structure.
Le projet pour lequel vous vous êtes inscrits donnera une nouvelle dimension à votre vie
Vous rêvez depuis tout jeune d’être invisible, je vous donne la formule pour disparaître
Aussi, vous devrez être particulièrement vigilant quand à l’écoute de cet album,
Une fausse manipulation, un usage non adéquat et vous coureriez à votre perte
OK les gars, vous savez ce qu’il vous reste à faire, soyez inspirés.

BIOGRAPHIES

MAËLLE BOSSARD, STANISLAS FLAVIGNY

Maelle Bossard Stanislas Flavigny l'homme qui dit

Maëlle Bossard

C’est lors de ses études aux Beaux-arts d’Angers que Maëlle Bossard se passionne pour le cinéma d’animation, en mixant dans ses films le volume et le dessin-animé. Elle rencontre pour son film de fin d’études Thomas Poli, un des membres du groupe Montgomery, qui en réalise la bande-son.

En 2004, son diplôme en poche, elle travaille à JPL Films et Vivement Lundi ! à Rennes sur différentes séries et courts métrages. Elle est décoratrice volume et 2D, participe aux constructions de marionnettes et réalise aussi des films (dont une mini-série, Jardin et potager pour JPL Films et Petit exposé manimalier avec Stanislas Flavigny) en s’amusant à mélanger les techniques. Elle réitère en 2016 son expérience de réalisation de clip pour le titre Chat de Lisbonne du chanteur et compositeur breton Gérard Delahaye.

Stanislas Flavigny

Né en 1979, Stanislas Flavigny découvre le cinéma d’animation pendant ses études d’arts du spectacle à la faculté Paris 7. Il intègre en 2003 l’association Blink à l’université Rennes 2 où il participe à divers projets de courts métrages.


Puis il travaille sur certaines armatures de personnages pour des films en volume chez JPL Films, coréalise la série Jardin et potager et le pilote de série Petit exposé manimalier. En parallèle il participe aussi à la mise en place d’ateliers dans les écoles rennaises.
C’est dans l’expérimentation de diverses techniques (volume, papier découpé, pixilation…) qu’il met en œuvre et développe ses compétences de bricoleur touche à tout que ce soit pour la fabrication de décors, de personnages ou pour le montage et la réalisation.

REVUE DU WEB

Un premier album décomplexé et drôlement inventif

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Thomas Burgel, Les Inrocks >>> Si les deux rennais historiques de Montgomery ont pu très tôt plonger dans les références de bon goût, ce fut, pour les trois autres garçons, un peu plus compliqué ; le conte réel, à l’anglaise, d’une enfance paumée dans un bled mayennais et du choix cornélien, quasi mythologique, entre foot et musique. Très doué balle au pied, Benjamin rate le centre de formation de Clairefontaine de deux orteils : ce sera donc la musique.

Alex Mélis, Magic >>> Une bande de joyeux bricoleurs en provenance de l’Ouest gaulois accouche discrètement d’un premier album hirsute et ébouriffant, décomplexé et drôlement inventif. Peuplé de ritournelles fantasques, gavé d’idées sonores empruntant autant au Magical Mystery Tour (1967) qu’à l’indie pop des années 90, ce disque étrange, dense, ambitieux, révèle un groupe au talent singulier qui, faute de séduire tout le monde, devrait en étonner plus d’un. […] L’ensemble, qu’on qualifiera faute de mieux de “chanson psychédélique”, évoque l’univers à la fois sinistre et drolatique de Tim Burton tout en restant à bonne distance des postures naïves et balourdes de Dionysos. Ajoutons à cela un talent évident pour la mélodie mutine (Jérémy) et l’on peut conclure à la réussite de ce coup d’essai atypique.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    chant / guitare Benjamin Ledauphin
    guitare / machines Thomas Poli
    batterie Mathieu Languille
    clavier / machines Yoann Buffeteau
    guitare basse Cédric Moutier

    Montgomery album eponyme
    universal publishing/Naive/phantomatik

    réalisation Stanislas Flavigny, Maëlle Bossard
    lumière Mathieu Tillaut
    acteurs Alexandre Mittaud, Mathieu Tillaut
    chronique Margaux Dory

    Artistes cités sur cette page

    Maëlle Bossard Réalisatrice

    Maëlle Bossard

    Stanislas Flavigny Réalisateur

    Stanislas Flavigny

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